Foire & Salon

Art Fair Dijon, une implantation difficile

Par Anne-Cécile Sanchez · Le Journal des Arts

Le 27 octobre 2021 - 541 mots

DIJON

Malgré une sélection de galeries et d’artistes de qualité, la première foire d’art contemporain de Dijon a peiné à faire venir le public local. La formule doit encore être rodée.

Dijon. L’édition inaugurale d’Art Fair Dijon, une première en Franche-Comté, s’est déroulée du 7 au 10 octobre. Jean-Marc Bassand, son fondateur, s’est lancé seul dans l’aventure avec le credo louable, bien que sans grande originalité, de « replacer le métier de galeristes au cœur de la foire ». Cet organisateur de salons de tatouage, gérant de la société Millenium Events & Communication et novice dans le milieu de l’art, a cependant pris le pari de réveiller le marché local. Nommé directeur artistique de la foire, le galeriste strasbourgeois Raphaël Charpentié (galerie Aedaen) l’a d’abord convaincu de renoncer à une thématique « street art » pour privilégier une sélection de galeries « pointues, sans être élitistes ».

Afin d’asseoir sa légitimité, Art Fair Dijon a ainsi fait appel à des figures respectées de l’art contemporain, les galeristes Alex Reding (à l’origine de la Luxembourg Art Week) et Barbara Polla (Analix Forever, Genève) désignés parrain et marraine de la manifestation. Celle-ci rassemblait une trentaine de marchands, d’artistes run spaces [espaces d’exposition gérés par les artistes eux-mêmes], d’éditeurs et d’institutions (les deux Frac régionaux, l’Institut supérieur des beaux-arts de Besançon) venus compléter la liste.

Ayant dû renoncer à se rendre au salon parisien Galeristes – annulé cette année –, la galerie Sobering (Paris) est venue à la rencontre du public bourguignon avec des œuvres de l’artiste grec Pavlos (de 25 000 à 30 000 euros) ainsi qu’une sélection d’artistes émergents. Sa présence témoignait, tout comme celle d’une poignée de galeries, du bon niveau général de la foire, qui avait également réservé une place à quelques spécialistes de l’édition d’art, comme l’atelier Tchikebe (Marseille).

Focus sur la Belgique et petit tour dans les vignes

Cette première édition entendait mettre à l’honneur la scène belge, représentée par quatre galeries, ainsi que par la Fondation CAB, centre d’art à Ixelles. On pouvait ainsi découvrir sur le stand d’Artloft (Bruxelles) les sculptures en tissu ou en PVC de Paola Pezzi, entre Arte Povera et haute couture (de 3 500 à 20 000 €).

Art Fair Dijon se doublait par ailleurs d’un parcours d’« art “in situ” sur la route des grands crus », pour l’heure embryonnaire, mais prometteur. Les domaines participants (Bouchard père et fils, les Caves du Patriarche…) qui n’avaient jamais exposé aucune œuvre, en accueillaient plusieurs dans leurs propriétés et, pour certains, dans leurs caves, avec le concours du galeriste Jean Greset (Etuz, en Haute-Saône), assurant la promotion de sculpteurs tels que Robert Schad.

Mais ce nouveau rendez-vous marchand n’a pas trouvé son public. Faute d’avoir su communiquer, ou d’avoir bénéficié de relais sur place ? Les références à l’art contemporain sont discrètes à Dijon, où les galeries sont rares. Institution locale reconnue à l’étranger pour son rôle prescripteur, le Consortium n’a pas souhaité apporter sa caution à l’événement. En quatre jours, Art Fair Dijon a accueilli seulement 2 500 visiteurs, dont près des deux tiers étaient invités par les participants. Alors que Bordeaux vient d’annoncer la création d’un salon d’art et de design, nommé BAD+, en mai 2022, il existe sans doute un public pour des foires locales, mais l’entreprise n’est pas simple.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°576 du 29 octobre 2021, avec le titre suivant : Art Fair Dijon, une implantation difficile

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