Art déco : peut mieux faire

Ventes chez Mes Millon et Robert, Mes Tajan, de Quay et Lombrail

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 1 janvier 1996 - 569 mots

Deux importantes ventes Art déco et Art nouveau viennent de mettre sur le marché un large éventail d’objets et de meubles de bonne qualité, qui ont été parfois couronnés d’excellents résultats. Mais les prix espérés n’ont pas toujours été atteints, et le nombre d’invendus est resté élevé. \"La faute des grèves\", disent les experts.

PARIS - Très éclectique, constituée de livres, verrerie, objets d’art, sculptures, luminaires et mobilier, et comprenant la collection du décorateur Serge Royaux et de son épouse, la vente de Mes Millon et Robert, le 29 novembre, a totalisé 7,7 millions de francs, avec 88 lots vendus sur 184. La vacation organisée conjointement par les études de Me Jacques Tajan et de Mes De Quay Lombrail, le 6 décembre, a réalisé un produit total d’un peu plus de 10 millions de francs.
 
La verrerie Art nouveau, dont les prix avaient durement chuté en 1990, principalement en raison du retrait des acheteurs japonais, retrouverait-elle pour les pièces de grande qualité la faveur du public ? Un vase exceptionnel d’Émile Gallé, vers 1900, au nom poétique de Je suis la fleur des murailles dont Avril est le seul bien,  en verre multicouche orné de fleurs gravées en intaille, a été adjugé 500 000 francs chez Mes Millon et Robert. Mais les lots de verrerie, notamment de Daum, de  moindre qualité, se sont peu vendus.

Les résultats en dents de scie pour le mobilier, étaient dus, selon l’expert Jean-Marcel Camard, à l’absence de plusieurs grands collectionneurs, empêchés par les grèves : un élégant canapé en acajou de Pierre Chareau, par exemple,  s’est vendu 465 600 francs, alors que le lot suivant, une paire de fauteuils dans  le même style et du même ébéniste, n’a pas trouvé preneur.
 
Un grand paravent en laque de Jean Dunand est resté invendu ; un meuble à deux corps, laqué chamois, du même artiste, a été adjugé 400 000 francs. Un collectionneur s’est offert, pour 321 500 francs, un fauteuil Nautile  de Paul Iribe, fatigué mais très original de forme et de conception, tandis qu’un autre particulier achetait, pour 776 000 francs, un meuble d’encoignure de Jacques-Émile Ruhlmann, estimé entre 800 000 et 1 million de francs – une pièce d’exception, mais trop dans le goût du XVIIIe siècle pour séduire beaucoup d’amateurs.
 
Exceptionnellement réunis, le 6 décembre, Mes Tajan, De Quay et Lombrail ont vendu 153 des 309 lots Art nouveau et Art déco qu’ils proposaient. La plus belle pièce de la vente, une lampe Daum en verre rougeâtre multicouche, à décor de pissenlits, a été adjugée 255 000 francs, en dessous de son estimation de 300 000 à 400 000 francs. Un petit bureau de dame en ébène, de Sue et Mare, d’une étonnante préciosité de dessin, s’est bien vendu à 886 832 francs, et un beau panneau en laque noir et or de Jean Dunand, représentant l’artiste de music-hall Joséphine Baker, est parti à 642 953 francs.
 
Un important ensemble de mobilier de Jean-Michel Frank, très robuste et de dessin sobre, s’est également bien défendu : un canapé quatre places en hêtre décoloré, par exemple, a presque doublé son estimation pour atteindre 380 000 francs ; une table et quatre chaises, en bois noirci, très strictes de ligne, se sont vendues 85 000 francs, et une table en fer forgé relaqué blanc, beaucoup plus baroque de conception, est partie à 52 000 francs, quatre fois son estimation.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°21 du 1 janvier 1996, avec le titre suivant : Art déco : peut mieux faire

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