Belgique - Foire & Salon

Nele Verhaeren

Art Brussels est à l’image de ses collectionneurs

Par Anne-Cécile Sanchez · L'ŒIL

Le 27 mars 2023 - 998 mots

BRUXELLES / BELGIQUE

La directrice de la foire bruxelloise d’art contemporain évoque les lignes de force et les spécificités de cette 39e édition, qui se tiendra dans les halls Art déco de Brussels Expo, du 20 au 23 avril 2023.

Avez-vous reçu autant de candidatures pour cette édition 2023, qui réunit 152 galeries, contre 162 en 2022 ?

Nous avons eu près de 400 demandes, mais nous avons opéré une sélection plus resserrée, en fonction des capacités de notre nouvel emplacement à Brussels Expo.

Le calendrier des foires est très chargé. Art Paris et Tefaf Maastricht ont lieu avant Art Brussels ; Discovery Art Fair Cologne se tient au même moment… Qu’est-ce qui fait de votre foire un rendez-vous incontournable ?

C’est une foire européenne très ancienne. Depuis ses débuts, en 1968, elle se tient immuablement à la fin du mois d’avril. À Bruxelles, tout le monde pense à cette date et s’y prépare. La forte densité de collectionneurs en Belgique fait beaucoup pour l’attractivité d’Art Brussels, qui est aussi très connue à l’étranger. Cette année, nous accueillons des galeries provenant de 29 pays différents. Nos visiteurs viennent de France, de Hollande, du Luxembourg, de Suisse, mais nous savons pouvoir aussi compter sur les collectionneurs locaux. Ce sont des amateurs d’art très curieux, ouverts à la découverte. La foire est à leur image.

Que peut-on dire de la sélection cette année ?

C’est une édition très forte, marquée par le retour de grandes enseignes et la présence de galeries fidèles : les américaines Clearing (Los Angeles, Bruxelles, New York), Ashes/Ashes (New York) et Gladstone (New York, Bruxelles, Séoul, Los Angeles), mais aussi des enseignes françaises comme Almine Rech (Paris, Bruxelles, Londres, New York, Shanghai), Ceysson & Bénétière (Genève, Koerich, Lyon, New York, Paris, Saint-Étienne), Nathalie Obadia (Paris, Bruxelles), Lelong & Co. (Paris, New York), etc. D’autres galeries de renom sont présentes pour la première fois, comme 1 Mira Madrid (Madrid), Andersen’s (Copenhague), Catherine Issert (Saint-Paul-de-Vence), lange + pult (Zurich, Auvernier), Nogueras Blanchard (Madrid, Barcelone), Parliament (Paris), Richard Saltoun (Londres, Rome) ou encore Wentrup (Berlin). Près d’un quart des galeries participantes sont originaires de Belgique, parmi lesquelles on peut citer, dans la section Prime, Baronian (Bruxelles, Knokke-Heist), Xavier Hufkens (Bruxelles), Rodolphe Janssen (Bruxelles), Zeno X Gallery (Anvers). La liste est longue !

Cette 39e édition déménage à Brussels Expo. Qu’est-ce que cela va changer pour les visiteurs et pour les galeries ?

Il y aura deux entrées : on accèdera à la foire par le secteur des jeunes galeries (Discovery) ou bien par celui des enseignes plus établies du secteur principal (Prime). Notre ancien lieu avait du charme, mais la circulation s’y faisait principalement autour d’une allée, ce qui n’était pas très fluide. Les halls 5 et 6 de Brussels Expo sont beaucoup plus fonctionnels, avec un plan en forme d’échiquier, qui permet de faire des îlots et de proposer des stands comportant plusieurs côtés. La superficie moyenne est de 48 m2, les plus petits stands étant de 25 m2.

Cette année, un nouveau secteur fait son apparition sur la foire...

Oui, il s’agit du secteur Rediscovery, qui regroupe douze enseignes. Cela correspond à la volonté de ces galeries de mettre en avant des artistes tombés dans l’oubli ou qui n’ont pas eu la reconnaissance qu’ils méritaient de leur vivant, comme Christian Herdeg (né en 1942), un pionnier des œuvres en néon chez lange + pult (Zurich, Auvernier), ou le peintre américain Jules Olitski (1922-2007), un des représentants du mouvement Color Field, chez QG Gallery. Ainsi, la foire offre d’aller de la découverte d’artistes émergents à la redécouverte d’artistes oubliés, en passant par les artistes établis défendus par les grandes galeries.

Le secteur principal compte de nombreux solos. Pour les galeries, c’est une prise de risque supplémentaire ?

En effet, il y aura 29 propositions monographiques dans la section Prime, sur les stands principaux des galeries ou bien sur un deuxième espace, en focus. La demande émane souvent des galeries elles-mêmes, qui font le pari que les visiteurs prendront ainsi le temps de découvrir plus à fond le travail d’un artiste. Nous les incitons à faire ce choix, notamment avec un prix de 10 000 euros qui récompense l’artiste du meilleur stand en solo. Il est décerné par un jury professionnel le jour de l’ouverture de la foire. Un second prix est remis au meilleur stand de la section Discovery, dédiée aux jeunes galeries. Nous sommes conscients que c’est très compliqué d’ouvrir une galerie aujourd’hui et ce prix constitue un encouragement.

Vous mettez en avant l’ambition curatoriale de la foire : qu’est-ce que cela signifie ?

Les galeries candidatent avec un projet de stand qui est examiné par les deux comités de la foire. Le comité international, composé de galeristes belges et étrangers, sélectionne les galeries participantes des sections Prime et Rediscovery, ainsi que les présentations en solo. Le comité Discovery est composé de curateurs et de galeristes. Ces comités sont là pour conseiller les galeries et les encourager à aller plus loin dans leur proposition, que ce soit dans le choix des artistes proposés ou dans la présentation des œuvres. Nous consacrons beaucoup de temps à ces ajustements en amont, afin de répondre aux attentes du public, qui est sensible à cette qualité. Les stands thématiques ou monographiques, qui offrent des moments plus calmes, permettent également de rythmer la foire et de faire en sorte qu’elle reste agréable à parcourir.

Quel est le spectre de prix sur Art Brussels ?

Chaque édition est marquée par quelques ventes à des prix records qui peuvent frôler ou atteindre le million d’euros. Mais le prix moyen des œuvres est aux alentours de 30 000 euros. Les premiers prix seront même très bas, grâce à l’opération organisée avec la fondation KickCancer – un mur de cartes postales d’artistes sera installé dans la foire. Ces cartes postales seront mises en vente au prix unique de 400 euros ; la signature de l’artiste, émergent ou connu, ne sera dévoilée qu’une fois l’achat effectué, pour maintenir le suspense.

Art Brussels 2023,
du 20 au 23 avril 2023. Brussels Expo, Bruxelles (Belgique), artbrussels.com

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°763 du 1 avril 2023, avec le titre suivant : Art Brussels est à l’image de ses collectionneurs

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