Trois questions à

Alexis Velliet, codirecteur de la SVV Piasa

« S’appuyer sur des opérateurs locaux actifs »

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 21 octobre 2005 - 713 mots

Quel est l’avenir de Piasa dans le marché des ventes publiques ?
Lorsque nous avons annoncé la création de Piasa en octobre 1996, nous avions préalablement préparé les choses très minutieusement pendant près de deux ans. Même le choix du nom générique (Piasa) était une idée en avance sur son temps. Bien que commissaires-priseurs, nous avons réussi à dépasser chacun notre ego pour créer dès le départ une organisation d’entreprise moderne, unifiée, qui fonctionne de façon autonome, quasi indépendamment de la personnalité de ses directeurs. C’est bien sûr ce qui a intéressé François Pinault quelques années plus tard – nous avons été rachetés le 1er janvier 2002 par sa holding, Artémis. À présent, l’entreprise tourne toujours à plein régime, malgré les départs progressifs « à la retraite » de Jean-Louis Picard et Lucien Solanet, deux membres fondateurs qui, s’ils ne sont plus directement à l’exécutif de Piasa, continuent à gérer des affaires en tant qu’apporteurs. Entre-temps, Henri-Pierre Teissèdre, arrivé fin 2001 et devenu directeur associé en 2003, a démarré fort avec la vente Carré en décembre 2002. Les responsabilités croissantes de Delphine de Courtry apportent quant à elle des points de vue jeunes et féminins. Nous estimons aujourd’hui avoir une bonne taille en interne, notre développement se fera donc vers l’extérieur. Plutôt que d’ouvrir un bureau annexe en province, nous préférons nous appuyer sur des opérateurs locaux qui restent actifs. En ce sens, nous avons créé il a deux ans un réseau avec des confrères en régions (Georges Gautier à Angers, Emmanuel de Vregille et Christian Bizoüard à Dijon, Hervé Chassaing à Toulouse et Michel Rambert à Lyon). Ce réseau s’ouvrira, et ce toujours dans un esprit dynamique d’échanges non contraignants, plus souple que ce que fait le groupe Ivoire par exemple. À Paris, la position de Piasa est également l’ouverture à certains apporteurs d’affaires. Il y a dans la capitale trop de sociétés indépendantes dans le contexte actuel. D’ici cinq à dix ans, il n’y aura sans doute plus qu’une dizaine de SVV à Paris et Piasa veut en faire partie. Enfin, nous n’avons pas d’ambition immédiate à l’international. Piasa se concentre sur la France, ce qui est déjà un gros chantier. Quant aux rapports entre Piasa et Christie’s, ils n’existent presque plus depuis que Christie’s France développe ses ventes de marchandise intermédiaire. Ils se limitent à quelques courtoisies, comme la diffusion réciproque de catalogues de ventes. Bien entendu, si nous nous trouvions dans la situation de perdre un lot, nous préférerions trouver un arrangement avec Christie’s… À part cela, nous restons concurrents.

Quels ont été vos derniers coups de cœur artistiques ?
À 39 ans, je me place assez naturellement à la charnière entre la tradition et l’art contemporain. À titre personnel, j’ai pu acheter il y a quatre ans un grand buste en marbre du XVIIe siècle et tout récemment une très grande sculpture en fonte de fer du formidable artiste Mauro Corda. Parmi les innombrables merveilles du marché que j’ai eu la chance de voir, les armes du roi de Rome, présentées chez Bernard Croissy au dernier Salon du collectionneur, m’ont particulièrement ému.

Quelle est votre actualité ?
Nous avons un très beau programme de fin d’année avec notamment la collection du professeur Binet le 14 décembre à Drouot. Elle comporte un très étonnant ensemble de meubles de Giacometti acquis directement auprès de Diego. La collection comprend l’Autruche de Diego Giacometti (est. 30 000 euros), une épreuve en bronze patinée (vers 1977) et signée, accompagnée de l’œuf d’autruche que Jean-Paul Binet avait offert à l’artiste. Dans cette vente seront également proposés deux œufs d’autruche peints, l’un par Miró, intitulé Profil et dédicacé « pour Jean-Paul » (est. 20 000 euros), et l’autre par Chagall (est. 25 000 euros), intitulé Amoureux et palette (1971), ainsi qu’une rare table basse grecque (est. 30 000 euros). Dans un autre registre, nous vendons le 7 décembre à Drouot une exceptionnelle paire de plaques en marbre gravé et sculpté en réserve, représentant deux scènes de l’histoire d’Adam et Ève (région nîmoise, XIIIe siècle) : Les Reproches de Dieu à Adam et Ève et Adam
et Ève chassés du Paradis (est. 80 000 euros la paire) dans un état de conservation quasi parfait.

La SVV Piasa est la 5e maison de ventes en France depuis 2002.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°223 du 21 octobre 2005, avec le titre suivant : Alexis Velliet, codirecteur de la SVV Piasa

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