Galerie

Louise Lawler. Née en 1947, aux États-Unis

Par Anne-Charlotte Michaut · L'ŒIL

Le 1 septembre 2022 - 426 mots

Appropriationnisme

Pour sa première exposition en 1978, Louise Lawler présente un tableau représentant un cheval daté de la fin du XIXe siècle.

Le ton est donné : toute sa carrière durant, Louise Lawler interrogera le statut de l’œuvre d’art et démontrera l’importance du contexte dans l’appréhension de celle-ci. Rattachée à la « Pictures Generation », une tendance qui regroupe des artistes qui, dans un monde désormais saturé d’images, adoptent une démarche appropriationniste et remettent ainsi en question les notions d’auteur et d’unicité de l’œuvre d’art. Dans les années 1980, les « arrangements photographiques » deviennent sa signature : des photographies d’œuvres d’autres artistes prises dans leurs leur environnement – chez des collectionneurs, dans des réserves muséales, en galerie… Louise Lawler analyse les conditions de monstration, de réception, de circulation et de mise en vente des œuvres, et révèle ainsi ce qui est d’ordinaire caché : le système de légitimation et les dynamiques économiques qui régissent le monde de l’art.

Engagement

Les œuvres de Louise Lawler sont, dès les années 1970, teintées d’une dimension sociopolitique forte, témoignant notamment d’un engagement féministe et antimilitariste. Ainsi, avec Birdcalls (1972-1981), elle pointe le manque de reconnaissance des artistes femmes et l’hégémonie patriarcale qui gangrène le monde de l’art, tandis qu’elle prend position face à la crise du sida avec Helms Amendment (1989). Cette œuvre moins connue, exposée dans la présentation inaugurale de la Bourse de commerce, est une série de 94 photographies d’un gobelet blanc, toutes identiques, représentant les 94 sénateurs qui ont voté pour l’amendement homophobe du même nom qui a mis un frein à la prévention contre le sida.

Cote et actualités

La présence d’œuvres dans les prestigieuses collections à travers le monde et la représentation par plusieurs galeries d’envergure internationale, dont la Galerie Marian Goodman, sont autant d’éléments qui montrent que la notoriété de Louise Lawler ne date pas d’hier. Sa cote ne cesse cependant de s’accroître : certaines œuvres atteignent aujourd’hui près de 100 000 euros en maison de ventes, tandis qu’elles ne dépassaient que rarement les quelques dizaines de milliers d’euros au début du siècle. Cette reconnaissance grandissante peut s’expliquer par la capacité de l’artiste à sans cesse se renouveler, proposant de nouvelles interprétations tout en restant fidèle à son vocabulaire plastique et à ses engagements. Cette année, elle présente dans le pavillon central de la Biennale de Venise No Exit, une grande installation qui mêle plusieurs travaux récents, tandis qu’à la Galerie Marian Goodman, à Paris, nous pourrons découvrir une nouvelle série de photographies grand format prenant pour objet le très célèbre tableau Three Flags de Jasper Johns.

« Louise Lawler. Not Enough to See »,
du 7 septembre au 1er octobre 2022, Galerie Marian Goodman, 79, rue du Temple, Paris-3e, www.mariangoodman.com

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°757 du 1 septembre 2022, avec le titre suivant : Louise Lawler. Née en 1947, aux États-Unis

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