Politique

L'opposition syrienne demande à l'Unesco d’agir pour préserver le patrimoine des attaques de l'armée

Par Doriane Lacroix Tsarantanis · lejournaldesarts.fr

Le 26 mars 2012 - 637 mots

DAMAS (SYRIE) [26.03.12] – Le 23 mars, le Mouvement du changement national syrien a appelé l'Unesco à « agir immédiatement pour protéger les sites historiques de la Syrie attaqués par les forces du régime ». La Syrie, dont la capitale Damas est l’une des plus anciennes villes du monde, possède un important patrimoine archéologique et historique, aujourd’hui en péril. PAR DORIANE LACROIX TSARANTANIS

Le Mouvement du changement national syrien avait annoncé sa création en février 2012 à Istanbul. Il dénonce à présent le « régime sauvage de Bachar el-Assad » qui « détruit des vies humaines mais aussi un patrimoine de l'humanité vieux de plus de 6 000 ans en bombardant des mosquées, des églises, des châteaux forts ainsi que d'anciennes demeures ». Le groupe d'opposition affirme que la mosquée d'Omar à Deraa (dans le sud de la Syrie), vieille de plusieurs siècles, et l'église Saint Ilian al-Homsi à Homs (dans le centre), ont notamment été endommagées lors des bombardements.

Alors qu’en novembre 2009, lors d’une visite en France, Bachar el-Assad avait souligné l’importance de la culture dans son pays en affirmant combattre « l’extrémisme par les arts, la culture et l’éducation », la Syrie connaît actuellement des violences qui, outre les souffrances imposées à la population, mettent en danger le patrimoine culturel du pays et favorisent le trafic des pièces historiques. Très récemment, le secrétaire général de l’Organisation mondiale des douanes (OMD), Kunio Mikuriya, avait demandé aux administrations des douanes du monde entier d’accroître leur vigilance sur les frontières, afin de protéger le patrimoine culturel de la Syrie : « Je lance un appel à la communauté des douanes toute entière, et plus particulièrement aux pays limitrophes de la République arabe syrienne, afin qu’ils soient extrêmement attentifs aux frontières car il se peut que le patrimoine culturel de la Syrie soit en danger ». Irina Bokova, directrice générale de l’Unesco, partage les mêmes inquiétudes et a également lancé un appel afin de « protéger le patrimoine culturel syrien et d’empêcher la mise en place de tout trafic illicite qui pourrait priver le peuple de Syrie de son précieux patrimoine culturel ».

Les sites en Syrie demeurent difficilement accessibles aux ONG et aux équipes de l’Unesco, pour des raisons de sécurité. Véronique Dauge, chef de l’unité des États arabes au Patrimoine mondial de l’Unesco, a été interrogée par Le Journal du Dimanche. Concernant le site de Palmyre, elle a déclaré : « On nous rapporte que les combattants auraient pris possession des lieux mais c’est impossible à vérifier. » Elle estime néanmoins que le patrimoine archéologique n’a pas été largement pillé ou sévèrement détruit : « Les biens que nous avons pu visiter n’ont pas été attaqués de façon volontaire et systématique. » L’archéologue Jean-Claude Marin, directeur des musées d’art et d’histoire de Genève, considère quant à lui que « le pillage n’est pas spectaculaire, mais il est bien là. Il se présente sous la forme d’attaques directes dans des sites précis ou sous la forme de fouilles clandestines dans des dépôts qui regroupent des pièces historiques ».

En mars 2011, un accord franco-syrien de coopération culturelle, d’une durée de trois ans, avait été signé par le gouvernement de la République arabe syrienne et le Musée du Louvre, dans le but de définir une stratégie globale de rénovation du paysage muséal syrien. En juin 2011, la Syrie avait réussi, suite au travail de sa représentante auprès de l’Unesco, l’ambassadrice Lamia Chakkour, à faire inscrire au patrimoine mondial de l’humanité un groupe de villages antiques du nord-ouest du pays, situés dans les gouvernorats (provinces ou districts) d’Alep et d’Idleb. Lamia Chakkour avait rappelé à cette occasion que « son pays pouvait s’enorgueillir, avec plus de 5 000 sites antiques et archéologiques officiellement recensés, d’être, effectivement, un des gros contributeurs de ce trésor culturel et historique qui est le bien commun du monde entier ».

Légende photo

Grande mosquée des Omeyyades à Damas (Syrie) - © Photo : Jerzy Strzelecki - 2001 - Licence CC BY-SA 3.0

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