L’œil de Benoît Devarrieux

Co-président de l’agence Devarrieux-Villaret

L'ŒIL

Le 1 janvier 2003 - 342 mots

D’après vous, quelle est l’importance de Savignac dans l’histoire de la publicité ?
Savignac est un affichiste, dans le sens ancien du terme, ce qui ne correspond pas tout à fait à la définition du publicitaire moderne. Mais c’est lui qui a vraiment fait le passage entre la réclame et la publicité. Il n’a pas été le seul, bien sûr, mais c’était le plus talentueux. Savignac avait déjà une rhétorique publicitaire moderne, il a été le premier à donner du sens à ses images de façon à ce qu’elles ne soient plus de simples illustrations d’un produit. Ses images se passent de mots pour exprimer le message, ce sont des histoires sans paroles, des jeux visuels, des clins d’œil. Savignac a toujours eu une réelle résonance avec son public dans la rue. Jusqu’au bout, il a su rester amusant, poétique, expressif. Capter l’attention par des images qui livrent d’un coup leur message. C’est en ça qu’il est fort. On a d’ailleurs vu récemment un retour à ce type d’affiches.

Qu’est devenu le métier d’affichiste ?
L’affiche continue d’occuper une place à part, privilégiée, dans la publicité. Elle est soumise à l’épreuve de la rue, la plus difficile, car la rue ne pardonne pas, il faut rivaliser avec une multiplicité d’éléments visuels, avec d’autres affiches. L’enjeu reste donc très important, et l’affiche constitue encore la part la plus délicate d’une campagne publicitaire, la plus sensible, celle qui nécessite le plus de finesse et de sens artistique. L’affichage est un métier qui se porte très bien en France, on est un des pays où cette grande tradition se perpétue. Il existe d’ailleurs un grand prix de l’affiche qui chaque année récompense les meilleures réalisations. Là où Savignac faisait tout seul le travail, on a maintenant un travail d’équipe qui va de l’étude marketing au planneur stratégique pour finir par le créatif et le photographe ou l’illustrateur. Mais la finalité reste la même : faire en sorte que le message dans la rue, au vu et su de tout le monde, soit clair, attractif et universel.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°543 du 1 janvier 2003, avec le titre suivant : L’œil de Benoît Devarrieux

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