Ventes aux enchères

L’indicateur des ventes

Par Éléonore Thery · L'ŒIL

Le 21 décembre 2017 - 460 mots

SAUVEUR
En novembre, Christie’s New York vendait pour 450,3 millions de dollars (383 millions d’euros) le Salvator Mundi de Léonard de Vinci. Ce nouveau record du monde est le fruit d’une campagne marketing sans précédent. L’œuvre a ainsi bénéficié d’une tournée sur trois continents, attirant 27 000 personnes. Pour la première fois, une agence extérieure était chargée de la promotion. Plusieurs vidéos ont encore été diffusées : l’une réunit des anonymes, les larmes aux yeux, aux côtés de Patti Smith ou de Leonardo DiCaprio, une autre vante « la découverte d’une nouvelle planète ». Enfin, l’œuvre était proposée au sein des très médiatisées ventes d’art contemporain.

PARIS-MARRAKECH

Alors que les maisons de ventes ralentissent traditionnellement leur rythme effréné lors des fêtes, Artcurial profite au contraire de l’afflux de collectionneurs à Marrakech pour organiser le 30 décembre une vacation en duplex entre Paris et la ville millénaire. Un volet est consacré à Majorelle et à ses contemporains, lequel est à l’honneur au Musée Saint Laurent ou via la sortie de son catalogue raisonné. Une seconde partie est dédiée à l’art contemporain africain (Malick Sidibé, Omar Victor Diop ou Chéri Samba).
 

2,7 M€

Le 9 novembre, Christie’s adjugeait 2,7 millions d’euros Noire et Blanche de Man Ray, signant un record pour l’artiste et pour une photographie vendue en France. Le prix, bien au-delà de l’estimation de 1 à 1,5 million d’euros, s’explique d’abord par le caractère mythique de ce cliché de Kiki de Montparnasse tenant un masque baoulé. Cette image de l’amante de l’artiste était d’ailleurs parue dans Vogue dès la prise de vue, en 1926. La provenance était également un facteur de poids : l’œuvre avait été achetée par le couturier Jacques Doucet, ce qui permet de dater le tirage d’avant sa mort en 1929. Passé ensuite entre les mains de deux marchands et d’un collectionneur, le cliché était depuis 1994 dans la collection du cinéaste suisse Thomas Koerfer.

8,3 %

C’est le pourcentage des ventes « old masters » dans le marché de l’art, le plus petit segment désormais (donnée Artprice 2016). Le chiffre pourrait être revu à la hausse avec le record de Vinci en 2017.

Ventes transversales

Les maisons de ventes ont tendance à segmenter de plus en plus leurs vacations, en instaurant des formats réservés à l’art contemporain africain, au design scandinave, à la photographie de mode… Au risque d’enfermer les œuvres dans un ghetto ? Aussi, les pièces phares sont parfois sorties de ce contexte pour regagner des ventes plus transversales : un autoportrait de Mapplethorpe était ainsi présenté avec succès cet automne par Christie’s aux côtés de chefs-d’œuvre du design, plutôt que dans une vente de photographies. Même démarche pour le Salvator Mundi signé Vinci, opportunément sorti des ventes « old masters » pour voisiner les maîtres de l’art contemporain.

 

Thématiques

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°708 du 1 janvier 2018, avec le titre suivant : L’indicateur des ventes

Tous les articles dans Marché

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque