Musée

Les projets ambitieux du nouveau conservateur du Musée du Barreau de Paris, Me Emmanuel Pierrat

Par Stefan Cornic · lejournaldesarts.fr

Le 31 janvier 2013 - 651 mots

PARIS [31.01.13] – Le Conseil de l’Ordre des avocats de Paris a nommé Emmanuel Pierrat, pour diriger le Musée du Barreau de Paris installé dans l’Hôtel de la Porte. Le très médiatique avocat voudrait l’ouvrir plus largement qu’il ne l'est aujourd’hui.

L’avocat, écrivain et éditeur, Emmanuel Pierrat a été élu le 15 janvier 2013, Président du Musée du Barreau de Paris par le Conseil de l’Ordre des avocats de la capitale. Lui-même membre du Conseil de l’Ordre, il succède à François Gibault, également avocat et écrivain, auteur d’une biographie en trois tomes de Céline, et qui en devient conservateur honoraire. C’est lui, qui, avec l’aide de l’archiviste Yves Ozanam, administre cette collection depuis 1969.

Le musée qui cherche à mettre en avant l’interconnexion existante entre justice et société, et notamment l’impact qu’ont eu certaines affaires sur l’imaginaire collectif, s’oriente vers une plus grande visibilité comme nous l’a confié son nouveau conservateur Maître Emmanuel Pierrat.

Situé dans le 1er arrondissement, depuis le début des années 1980, non loin de l’église Saint-Eustache, le Musée du Barreau de Paris occupe les caves réhabilitées de l’Hôtel de la Porte. Cette demeure du XVe siècle, dont la façade date du XVIIe, est inscrite à l’inventaire des Monuments historiques. Une salle d’exposition d’environ 200 m2 présente peintures, sculptures, gravures, photographies, objets et manuscrits. L’essentiel de la collection est constitué d’archives, lettres ou notes de plaidoirie, qu’Yves Ozanam, recueille, classe, et conserve, depuis des années en tant qu’archiviste de l’Ordre des avocats au Palais de Justice de Paris.

A travers des archives judiciaires, donc, mais pas seulement, le musée raconte une histoire de France.

Les notes de plaidoiries de Chauveau-Lagarde, défenseur de Marie-Antoinette, retracent les procès révolutionnaires. Celles de Pierre-Antoine Berryer rendent compte du procès du maréchal Ney. L’affaire Dreyfus, et le procès de Zola à la suite du célèbre « J’accuse ! » sont aussi présentes, avec la correspondance et les notes de travail de Fernand Labori qui fut l’avocat des deux hommes. Ces documents conservés permettent également d’évoquer l’assassinat de Jean Jaurès par Raoul Villain en 1914, le procès du collaborationniste Robert Brasillach, ou encore, celui du maréchal Pétain.

Les collections de l’Ordre des avocats du Barreau de Paris sont constituées et enrichies en grande partie par des dons, nombreux, comme celui de la veuve du peintre Pierre de Belay. Celle-ci a confié au musée près de 300 dessins, gouaches, et peintures illustrant le monde judiciaire des années 1930, à travers les affaires du « tueur aux yeux de velours » et Stavisky, que le peintre avait suivi et très largement documenté à la manière d’un caricaturiste dans la lignée de Daumier.

Emmanuel Pierrat, avocat médiatique et auteur d’une quarantaine d’ouvrages, de droit, ou à la croisée de l’histoire de l’art et des questions judiciaires, a de nombreux projets pour faire connaître ce musée, et l’ouvrir plus largement au public.

Actuellement ouvert sur réservation pour des visites guidées gratuites, le musée accueille une cinquantaine de groupes par an. Il est également visitable pendant les Journées du Patrimoine. Son nouveau conservateur souhaite que le Musée du Barreau de Paris soit ouvert comme un musée « traditionnel » sur une base de cinq à six jours par semaine.

Le fonctionnement du musée est entièrement pris en charge par l’Ordre des avocats de Paris, et ne reçoit donc aucune subvention. Trois guides se chargent des visites, dont Yves Ozanam et François Gibault. Des avocats honoraires du Barreau de Paris pourraient rejoindre l’équipe. Mais les visites, gratuites pour les étudiants, qui deviendraient payantes pour les adultes, procureraient une source de financement qui permettrait d’embaucher d’autres personnes spécialisées pour y travailler.

Me Pierrat compte enfin créer la « Société des Amis du Musée du Barreau de Paris » et surtout constituer un catalogue répertoriant les collections qui couvrent une période historique s’étendant du XIe siècle, époque de création du Barreau de Paris, jusqu’aux affaires les plus contemporaines, comme l’affaire de l’Erika.

Légende photo

L'Hôtel de la Porte qui abrite le Musée du Barreau de Paris - © Photo Edhral - 2010 - Licence CC BY-SA 2.0

Thématiques

Tous les articles dans Patrimoine

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque