Le Portrait de Joachim Murat par François Gérard

Par Bertrand Dumas · L'ŒIL

Le 22 novembre 2017 - 493 mots

Le Portrait de Joachim Murat en tenue de maréchal d’Empire par François Gérard vient d’être acquis par le Musée de l’armée qui le conservait en dépôt.

2 000 000 €
Depuis 1997, le Portrait de Joachim Murat était déposé au Musée de l’armée par la descendance du modèle. Quand la famille voulut le vendre en 2015, le tableau se vit refuser son certificat d’exportation sur avis de la Commission consultative des trésors nationaux. Deux millions d’euros ont été déboursés deux ans plus tard pour que ce portrait du maréchal d’Empire reste à demeure. Une somme réunie grâce aux efforts conjugués du ministère de la Défense et du Fonds du patrimoine. Une bonne nouvelle, tout de même dispendieuse, comparée à la vente du non moins important Portrait de Murat par le même artiste, cédé par Sotheby’s à Paris, le 15 juin dernier, pour « seulement » 739 500 €, frais inclus.

Baron Gérard
Élève de David, François Gérard, dit baron Gérard, né à Rome en 1770, excella dans le genre du portrait. Peintre de cour du Premier Empire, puis premier peintre du roi sous la Restauration, il voit défiler dans son atelier les plus éminentes personnalités de son époque, comme Juliette Récamier dont il laisse à la postérité l’inoubliable portrait du Musée Carnavalet, peint la même année que celui de Murat acquis par le Musée de l’armée. Professeur à l’École des beaux-arts de Paris depuis 1811, François Gérard, surnommé le « peintre des rois », décède en 1837.

Murat
Quel destin que celui de Joachim Murat ! Né en 1767, onzième et dernier enfant d’un couple d’aubergistes du Lot, il meurt roi de Naples, en 1815, au terme d’une carrière militaire et politique exceptionnelle. Bras armé de Bonaparte dès 1793, il s’illustre par sa bravoure sur les champs de bataille d’Italie, d’Égypte puis d’Autriche où les assauts de son régiment de cavalerie menèrent l’Empereur à la plus éclatante des victoires, celle d’Austerlitz, en 1805. Le 18 mai 1804, la Constitution de l’an II institue l’Empire. Dès le lendemain, Joachim Murat, couvert d’honneurs, est fait maréchal d’Empire. Pour célébrer cette élévation, le prince se fait représenter par Gérard dans son uniforme de cérémonie, portant le grand cordon, la plaque et le grand collier de la Légion d’honneur qu’il vient de recevoir. Il tient le bâton de commandement, attribut de la plus haute distinction militaire française.

1805
Il s’agit de la première version de ce portrait, peinte en 1805. Deux autres répliques ou copies tardives sont connues, l’une conservée au château de Fontainebleau, l’autre à la chartreuse de San Martino, à Naples.

Tuileries
Le tableau du Musée de l’armée était destiné à rejoindre 17 autres portraits de maréchaux commandés par Vivant-Denon à divers peintres (Gros, Kinson, Vien, Robert Lefèvre, etc.) pour orner le palais des Tuileries. L’original ne fut jamais mis en place mais remplacé par une copie suite à un différend financier entre l’artiste et le directeur des musées impériaux. Par chance, c’est elle qui brûla dans l’incendie des Tuileries en 1871 !

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°707 du 1 décembre 2017, avec le titre suivant : Le Portrait de Joachim Murat par François Gérard

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