Le Nil n’a pas toujours coulé au pied des temples de Karnak

Par LeJournaldesArts.fr (avec AFP) · lejournaldesarts.fr

Le 20 juillet 2011 - 341 mots

PARIS [20.07.11] – Une étude réalisée par des chercheurs du CNRS et publiée dans le Journal of Archaeological Science vient de révéler que les temples de Karnak n’avaient pas été bâtis au bord du Nil. Contrairement à ce que pensaient les égyptologues, ce n’est que quelques centaines d’années plus tard que le fleuve est venu s’écouler à leur pied.

Depuis plus de deux siècles, l’implantation originelle des temples de Karnak suscitait la polémique. Avaient-ils été bâtis sur des îles du Nil ou sur la rive du fleuve ? Matthieu Ghilardi, chercheur CNRS au Centre européen de recherche et d’enseignement des géosciences de l’environnement, a mené des études géomorphologiques et sédimentologiques sur le site, afin d’y apporter une réponse. Il s’avère finalement que les temples ont été construits sur une levée sableuse située à 500 mètres environ du Nil. Une hypothèse qui n’avait pas été envisagée.

Dès 2009, des carottages profonds et des coupes stratigraphiques ont été réalisées autour des temples. Les datations au carbone 14 des prélèvements ainsi obtenus ont permis d’établir une chronologie précise de la sédimentation du Nil et de suivre l’évolution du paysage. Tous ces éléments ont démontré que ce n’est qu’en 1600 avant J.-C., soit 400 ans après le début de leur construction, que le fleuve s’est rapproché des temples.

Cette étude remet en cause une théorie élaborée par les égyptologues à partir d’une fresque. Datée vers 1300 avant J.-C. et retrouvée dans une tombe de la Vallée des Rois, celle-ci représente les temples de Karnak reliés au Nil depuis un bassin par un canal. Mais, « les analyses géomorphologiques des sédiments (…) prouvent que ce bassin n’a jamais existé », a expliqué Matthieu Ghilardi. « C’était une représentation imaginée des temples, bien loin de leur configuration originelle réelle ».

Pour ces recherches paléoenvironnementales novatrices, les archéologues du Conseil suprême des Antiquités d’Egypte et du Centre franco-égyptien d’étude des temples de Karnak s’étaient associés à une équipe du Centre européen de recherche et d’enseignement des géosciences de l’environnement. Elles ont été en partie financées par le CNRS.

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Temples de Karnak - © photo joepyrek - 2008 - Licence CC BY-SA 2.0

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