Le mausolée Sidi Bou Saïd renaît de ses cendres grâce à la mobilisation de la population locale

Par Alexandra Houël · lejournaldesarts.fr

Le 7 novembre 2013 - 426 mots

SIDI BOU SAID (TUNISIE) [07.11.13] – Le mausolée du XIIIe siècle qui avait été ravagé par un incendie vraisemblablement criminel a rouvert ses portes après des travaux de restauration de presque un an. L’opération a pu être menée à bien grâce à l’engagement de la population locale, qui a pris en charge notamment le coût de cette campagne.

Neuf mois auront été nécessaires à la reconstruction et au réaménagement du mausolée Sidi Bou Saïd, haut lieu culturel, religieux et touristique du village éponyme, situé dans la banlieue Est de Tunis. Ravagé par un incendie le 12 janvier 2012, il a rouvert ses portes lundi 4 novembre 2013, concomitamment à la célébration de l’an 1435 de l’hégire, rapporte Kapitalis.

A l’occasion d’une conférence de presse qui s’est tenue vendredi 1er novembre 2013 sur les lieux, le maire de Sidi Bou Saïd a précisé que cette vaste opération de restauration qui a duré 9 mois a été menée par des experts de l’Institut National du Patrimoine, grâce aux fonds réunis par l’Association de la sauvegarde des bâtiments de Sidi Bou Saïd. Ce sont les habitants du village eux-mêmes qui l’ont fondée, et qui y ont apporté leurs contributions financières à hauteur de 15 000 euros, après que Mohamed Raouf Dakhlaoui, le président de la délégation spéciale de Sidi Bou Saïd, a souligné l’absence de réaction des autorités – religieuses notamment - issues du mouvement Ennhada. Ce village historique, dont le sort des monuments ne semble pas inquiéter l’Etat, est pourtant classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Si les causes de l’incendie qui avait quasiment détruit l’édifice du XIIIe siècle sont encore inconnues, les soupçons pèsent sur les mouvances intégristes salafistes, opposées au culte des saints, et à qui sont imputées un certain nombre d’attaques de mausolées et autres monuments culturels de la région. Raouf Dakhlaoui s’était indigné, juste après l’incident, que le mausolée de Sidi Bou Saïd soit le 14ème monument religieux victime d’attaques de ce genre, dans une indifférence générale incompréhensible. Depuis 2011, une quarantaine d’édifices ont été brûlés ou saccagés, et seulement une poignée de responsables arrêtée, notamment le groupe qui a incendié le mausolée de « Saida Manoubia » à la Manouba, selon AfricanManager.

La situation est loin d’être apaisée dans la région. Quelques jours avant la réouverture du mausolée, le 30 octobre 2013, le village de Sidi Bou Saïd était interdit d’accès, en raison d’une menace terroriste selon la presse tunisienne. Le jour même, les autorités déjouaient un attentat ayant pour cible le mausolée de Habib Bourguiba, à quelques kilomètres au sud de Sousse.

Légende photo

Le Mausolée Sidi Bou Saïd à Tunis en cours de restauration - © Photo Suzanne - 2013 - Licence CC BY-SA 2.0 

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque