Le marché de l’art vietnamien encombré par les faux

Par Bénédicte Gattère · lejournaldesarts.fr

Le 30 août 2017 - 336 mots

HÔ-CHI-MINH-VILLE (VIÊT NAM) [30.08.17] - Le marché de l’art vietnamien se développe rapidement depuis quelques temps. Mais il est entaché par la circulation de nombreux faux.

Le Musée des beaux-arts de Hô-Chi-Minh-Ville accueillait en 2016 une exposition à succès intitulée "Les tableaux qui reviennent d’Europe". Problème, dix-sept des tableaux exposés étaient des contrefaçons. C'est ainsi que l'artiste Nguyen Thanh Chuong s'est aperçu que l'une de ses toiles était exposée...sous le nom de Ta Ty, un éminent artiste cubiste, et datée de 1952. L'affaire, impliquant un expert français travaillant pour Christie's Hong Kong et qui avait authentifié les dix-sept tableaux, a fait grand bruit.

Ce n’était qu'une partie émergée de l'iceberg. En réalité un grand nombre de musées nationaux comme le Musée des beaux-arts de Hanoï ont aussi exposé des œuvres qu'ils ont ensuite reconnues être inauthentiques. Les grandes maisons de ventes ont également mis aux enchères des faux, reconnus plus tard comme tels. La question des faux est actuellement la problématique centrale du marché de l'art vietnamien comme le confie Suzanne Lecht, propriétaire américaine de l'Art Vietnam Gallery à Hanoï au New York Times.

Le problème remonterait à la guerre du Viêt Nam (1955-1975) où il fallait protéger les œuvres d'art, la capitale du Nord risquant d'être bombardée par les États-Unis. Des copies ont été placées sur les cimaises et depuis la confusion règne. Nombre d'artistes notables ont ensuite authentifié des copies de leurs œuvres afin de les vendre à un prix aussi avantageux que celui d'un original.

Les œuvres datant d'avant la guerre sont très prisées, en particulier celles des élèves issus de l'École des beaux-arts d'Indochine. Les prix dépassent désormais facilement le million de dollars et même s'il reste une niche, le marché de l'art vietnamien a gagné en notoriété à l'international. Mais le problème des faux plombe l'embellie de ces dernières années. Sa résolution semble difficile car il y a trop peu de documentation conservée et aucun laboratoire n'existe au Vietnam qui serait en mesure de pouvoir, par exemple, identifier les pigments utilisés.

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Le musée des Beaux-Arts situé à Ho Chi Minh City (Vietnam) Henk- 1 juin 2008 - Licence CC BY 2.0

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