Le maire de Cuers n’aime pas les arts de rue

Par LeJournaldesArts.fr · lejournaldesarts.fr

Le 23 avril 2008 - 445 mots

CUERS (VAR) [23.04.08] – Gilbert Pérugini, le nouveau maire de Cuers, dans le Var, est en conflit avec la Fédération des arts de rue. Celle-ci l’accuse d’avoir censuré un spectacle, et a fait circuler une pétition, signée par plus de 1700 personnes.

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Gilbert Pérugini, maire UMP de la commune de Cuers, a fait recouvrir de goudron des inscriptions, écrites au sol lors d’un spectacle d’art de rue par Caroline Amoros, performeuse de la compagnie Princesses-Peluches. Il a porté plainte contre l’intéressée pour « dégradation de l’espace public. » Il semble pourtant que les inscriptions peintes au sol s’effacent à l’eau. Ayant remarqué que dans le spectacle, Caroline Amoros marche sur un drapeau français, il a également porté plainte pour « outrage au drapeau » contre la compagnie conventionnée Orphéon Théâtre Intérieur, qui a programmé Princesses-Peluches. Le spectacle de Mme Amoros, Kristin, est une pièce de théâtre sans paroles, une déambulation qui raconte la vie d’une femme sans emploi. La précarité et de l’appartenance nationale en sont les grands thèmes, et lorsque le spectacle se déroule normalement, on peut lire au sol : Kristin, 52 ans, cherche travail ; je me révolte, donc nous sommes ( une citation d’Albert Camus) ; je suis une Peau-rouge qui jamais ne marchera en file indienne ; pour vivre sans se soucier de sa propre origine, il faudrait peut être ne pas cesser de danser ; être précaire, c’est subir la loi qu’un autre édicte mais ne subit pas. Voyant ses phrases recouvertes de goudron, Mme Amoros les a retranscrites à la peinture sur sa camionnette et a finalement joué sa pièce de théâtre. Cette actrice est lauréate du « Prix arts de la rue » 2008 de la Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques (SACD) et a joué sa pièce Kristin dans toute la France ainsi qu’à Londres.

M. Pérugini a également suspendu la programmation de l’Orphéon, et a revendiqué « un droit de regard préalable » sur les spectacles. Quelques jours plus tard, il a tenté de changer les serrures de la bibliothèque Armand Gatti (qui contient plus de 8500 ouvrages sur le théâtre), mais a rencontré une vive protestation de la part de plusieurs compagnies de théâtre locales, qui occupent aujourd’hui les locaux. Le maire espère grâce à ses actions successives remettre en cause la convention signée entre l’association Orphéon et la mairie, reconduite depuis 1983. L’association est soutenue entre autres par la Fédération des arts de rue, la SACD, l’Observatoire de la liberté de création de la ligue des droits de l’homme, la Fédération des Réseaux Associatifs d’Artistes Plasticiens (FRAAP) et la Société des Gens de Lettres (SGDL), tous signataires de la pétition contre M. Pérugini.

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