Le Louvre accusé de restauration abusive sur une œuvre de Véronèse

Par LeJournaldesArts.fr · lejournaldesarts.fr

Le 16 juin 2010 - 370 mots

PARIS [16.06.10] – Le musée du Louvre est pointé du doigt dans l’affaire d’une restauration considérée comme abusive sur un personnage d’un chef-d’œuvre de Véronèse, « Les Pèlerins d’Emmaüs ». L’Association pour le respect de l’intégrité du patrimoine artistique, l’Aripa, souhaite une réparation.

Les restaurateurs du musée du Louvre font face à une accusation de restauration abusive effectuée sur le visage du personnage féminin du chef-d’œuvre de la Renaissance italienne réalisé par Véronèse (1528-1588), « Les Pèlerins d’Emmaüs », daté vers 1559 et conservé au musée du Louvre, révèle The Guardian.

Comme de nombreux tableaux anciens, celui de Véronèse a déjà fait l’objet de nombreuses restaurations. La plus importante réalisée en 2006 était revenue sur la suppression de repeints au niveau du visage de la mère de famille et sur les plis du costume d’un des pèlerins représentés de dos sur le tableau. Déjà, les modifications apportées étaient flagrantes, le nez et la bouche avaient changé radicalement de forme.

Une seconde modification est effectuée à l’automne 2009 juste avant l’ouverture de l’exposition « Titien, Tintoret, Véronèse : Rivalités à Venise » (du 17 septembre 2009 au 4 janvier 2010) où la toile était présentée. Une deuxième retouche qualifiée de véritable « chirurgie esthétique ».

Lors d’un entretien téléphonique, Michel Favre-Félix, président de l’Aripa, nous a précisé qu’il s’agit là d’une véritable atteinte à « l’esprit » de l’œuvre et à la « personnalité qui habite » chacun des personnages et voulue par l’artiste. « Véronèse avait imaginé une mère de famille noble, comme un écho à la Vierge Marie, et elle a été transformée en une caricature d’adolescente du XXIe siècle avec des joues gonflées et une moue ridicule » a-t-il déclaré au quotidien britannique.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Il s’avère que les modifications apportées lors de la seconde restauration ne sont pas mentionnées dans le dossier de restauration de l’œuvre, contrairement à celles de 2006. Contacté par le président de l’Aripa, le département des peintures du musée du Louvre a justifié cette lacune en déclarant que la toile n’a été que « bichonnée » , une simple retouche qui ne nécessitait pas d’être mentionnée dans le dossier.

Aujourd’hui, Michel Favre-Félix souhaite que le musée « revienne » à l’état de l’œuvre avant la restauration de 2006 et que « les choses soient reprises complètement ».

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