Le Louvre Abou Dhabi pourrait ouvrir fin 2017

Par Vincent Noce · lejournaldesarts.fr

Le 7 décembre 2016 - 683 mots

ABOU DHABI (EAU) [07.12.16] - Lors de sa visite dans l‘Émirat, François Hollande a fait un passage éclair sur le site construit par Jean Nouvel. Dans un an, il sera le premier musée ouvert symbolisant le projet de développement de l’île de Saadyiat.

Samedi 3 décembre. Des dizaines de cameramen, photographes et journalistes entourent François Hollande. En visite officielle de 24 heures à Abou Dhabi, à l’occasion de la conférence internationale pour la protection du patrimoine en péril, le président fait une visite éclair au bâtiment de Jean Nouvel qui accueillera le Louvre.

Les journalistes sont pressés d’obtenir la petite phrase sur Manuel Valls. Dans ce cortège furieux, ils n’ont guère le temps de prêter attention au dôme qui surplombe ce village arabe qu’a voulu l’architecte. Même François Hollande paraît avoir la tête ailleurs. Pourtant cette visite, il l’a voulue. Il est très attaché au Louvre, où il s’est rendu maintes fois, pour dénoncer les crimes commis par Daesh contre la culture ou soutenir les équipes déménageant les réserves menacées par la crue de la Seine. Et il aurait bien voulu, lors de la fête nationale, inaugurer le nouveau musée, mais les impératifs de la construction en ont décidé autrement.

« Normalement, nous devrions terminer les galeries vers le printemps », a confié Jean Nouvel au Journal des Arts, « et commencer de tester la qualité de l’air ». L’équilibrage de la climatisation, dans des espaces aussi vastes, prend forcément plusieurs semaines. « Ensuite, on pourra commencer à accrocher les oeuvres, en programmant salle par salle ; ce sera le processus normal ». L’architecte, qui a toujours souligné le besoin de finir un ouvrage sans être pressé par le temps, n’est pas maître de la date d’ouverture. Elle dépend de facteurs techniques, des températures élevées, qui empêchent d’envisager un évènement officiel l’été, d’une décision politique au plus haut niveau et d’un accord diplomatique avec le nouveau président français. Le musée pourrait donc ouvrir fin 2017.

Les Émiriens ne laisse rien percer. La succession des dates annoncées depuis la signature du contrat en 2007 les a rendus prudents. Mais il faut aussi y voir une manifestation de fierté nationale : le Louvre est leur musée, le calendrier est le leur (il faut sans doute interpréter ainsi le refus opposé aux journalistes de visiter les galeries palatiales à la suite du président). La nomination comme directeur de Manuel Rabaté, qui a un profil d’administrateur, va dans le même sens. Il est secondé par une jeune femme, Hissa al-Dhaheri, qui incarne la relève d’une génération.

Ce musée sera le premier, et pour des années encore, le seul ouvert sur l’île de Saadyiat dont le développement est en cours. Lancés en pleine euphorie de l’économie mondiale, les projets d’un Guggenheim et d’un Musée d’histoire nationale dédié au cheikh Zayed (qui a fondé l’Émirat, il y a 45 ans), avec l’assistance du British Museum, n’ont pas encore débuté leur chantier.

En ceci, le pari de Jean-Luc Martinez, quand il a remis en route une machine alors ensablée, est réussi. Avec l’équipe formée par Rabaté et Jean-François Charnier pour la partie scientifique, ils ont su donner corps à un désir du Louvre. Le site est désormais baigné d’un ballet de lumière. Le chantier n’a pas entrepris les installations techniques, notamment la climatisation, et les finitions. Mais l’eau clapote dans les bassins et les canaux, devant une piazetta dont Jean Nouvel espère qu’elle sera accueillante à la jeunesse émirienne le soir venu. Les entrelacs de la coupole grise laisse percer des rayons de lumière, dont la réverbération diffuse des tâches dansantes sur les murs blancs et qui se reflétera sur les miroirs de l’immense arbre en bronze imaginé par Giuseppe Penone.

L’artiste livrera aussi des carreaux en céramiques répétant l’empreinte du pouce du cheikh Zayed, tandis que Jenny Holzer inscrira des écrits fondateurs de l’humanité sur les murs, des mythes mésopotamiens à Montaigne en passant par Ibn Khaldun. La nuit, l’architecte aimerait diffuser une lumière lunaire. Les tests sont encore en cours. Il a réussi en tout cas son premier pari : faire vivre le lieu dans son site naturel.

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Le Président Francois Hollande aux côtés de l'architecte Jean Nouvel lors de la visite du Louvre Abou Dhabi le 3 décembre 2016 en présence de membres du gouvernement français © AFP / STEPHANE DE SAKUTIN

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