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Le Lieu Unique à Nantes licencie 4 personnes

Par Séverine Petit · lejournaldesarts.fr

Le 3 avril 2015 - 639 mots

NANTES

NANTES (PAYS DE LA LOIRE) [03.04.15] - Une diminution du budget du Lieu Unique, espace emblématique de la scène culturelle nantaise, contraint la direction à supprimer des postes et revoir la programmation.

Des difficultés budgétaires contraignent le Lieu Unique à amorcer un plan de restructuration, validé par le conseil d’administration, qui devrait conduire au licenciement de quatre personnes ainsi qu’à une redéfinition de la programmation de l’espace, labellisé scène nationale.

Financé à 80% par des subventions publiques, ce sont les aides exceptionnelles et les ressources propres, dont le niveau reste limité, qui grèvent le budget 2015 de l’institution. « Alors que tous les leviers ont été utilisés, la situation délicate actuelle se présente parce que les aides complémentaires pour des projets spécifiques ont été interrompues » explique Patrick Gyger, directeur artistique et directeur de l’établissement. Il rappelle également que « les subventions publiques n’ont certes pas baissé mais elles n’ont pas non plus été revues à la hausse depuis 15 ans », depuis l’ouverture du lieu. La ville de Nantes est ainsi le premier contributeur budgétaire du Lieu Unique, avec 3,2 millions d’euros de financement pour l’année 2013, dont 190.000 euros pour l’évènement littéraire l’Atlantide, dont le succès a été mitigé, voire qualifié de « contre-performance » par le quotidien Ouest France.

Ce financement public lie le Lieu Unique à l’Etat et la ville de Nantes par un contrat d’objectifs et de moyens pour la période 2013-2016. Couplé au label Scène nationale, ce contrat impose un niveau de fréquentation minimal duquel découle logiquement les choix de programmation. La polyvalence du lieu, où se côtoient le théâtre, la danse, le cirque mais également les arts plastiques, la musique, la littérature, l’architecture ou encore les sciences humaines, a été saluée par la Chambre régionale des comptes, dans un rapport publié en 2011 sur la période 2005-2009, mais n’exerce aucune influence sur l’attribution du label Scène nationale. Elle est par contre actée dans le contrat d’objectifs et de moyens.

Patrick Gyger envisage, pour préserver le cœur du métier du Lieu Unique, de couper dans les « éléments périphériques de la programmation » c'est-à-dire « rien qui ne concerne les activités artistiques ». La redéfinition de la programmation se concentre donc sur « les activités qui ne touchent pas le domaine de compétence du lieu ni sa vivacité. » Exemple concret, l’annulation d’un festival de court métrage, La longue nuit du court, qui avait été créé en 2011. De même, quatre postes seront supprimés. Des licenciements économiques qui impliquent des « activités parallèles », celles relatives « à la gestion et au fonctionnement du lieu mais rien sur le cœur de cible, sur la programmation et la production » assure Patrick Gyger.

Ces mesures sont justifiées par l’arrêt de certains financements mais également par la volonté de ne pas toucher à la politique tarifaire de l’établissement qui sous-tend l’objectif principal du Lieu Unique, « rendre accessible des cultures contemporaines […] au plus grand nombre ». En effet, la fréquentation gratuite dépasse les 80% (seulement 32.000 entrées payantes sur 234 000 entrées en 2014). Le taux de remplissage des salles à 90% pour les spectacles et l’accès libre aux autres manifestations du lieu (débats, expositions, conférences…) rend ainsi difficile une augmentation des ressources propres par le biais de la billetterie.

Le plan de restructuration du fonctionnement du Lieu Unique, élaboré par son directeur, a d’ores et déjà reçu l’aval de l’Etat et de la ville, via leurs représentants au sein du conseil d’administration. La redéfinition progressive de l’activité est en cours puisqu’une exposition a déjà été reportée alors que les collaborateurs du Lieu unique sur le festival de courts métrages ont été prévenus de son interruption. « Nous cherchons vraiment à ce que ces changements n’aient d’impact ni sur le public, ni sur les artistes, qui sont les deux piliers de notre travail. »

Légende photo

La tour du Lieu Unique à Nantes © Photo Velvet - 2010 - Licence CC BY-SA 3.0

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