Art moderne - Collectionneurs

Paris-16e

L’autre Monet, le collectionneur

Musée Marmottan Monet - Jusqu’au 14 janvier 2018

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 26 octobre 2017 - 511 mots

On le sait passionné d’estampes japonaises, jusqu’à en avoir tapissé tous les murs de sa fameuse salle à manger jaune à Giverny.

En revanche, on ne sait pas toujours qu’il était mordu de collection et qu’il en avait constitué une tout au long de sa vie – et non des moindres ! Pourtant, Claude Monet ne l’a pas caché. À Marc Elder, venu le visiter en 1924, il a reconnu qu’il était là-dessus un peu « égoïste » : « Ma collection est pour moi seul… et pour quelques amis… » Toutefois, il l’a invité aussitôt à le suivre pour la lui montrer. Qu’a donc vu ce jour-là l’hôte du peintre des Nymphéas ? Assurément, certaines des œuvres qui figurent aujourd’hui dans les collections du Musée Marmottan Monet, puisque ce dernier a été le légataire universel du fils cadet du peintre et seul héritier de son père, à sa mort en 1966.

Mais on sait aussi qu’une collection est souvent sujette à toutes sortes de tribulations. Afin d’y voir clair justement, Marianne Mathieu et Dominique Lobstein se sont engagés dans une véritable aventure de détective pour tenter d’établir l’inventaire le plus précis de cette collection. Le fruit de leurs recherches nous vaut aujourd’hui une exposition intitulée « Monet collectionneur », l’occasion tout à la fois de voir, de revoir ou de découvrir tout un ensemble d’œuvres sur lesquelles Monet a porté son regard. Boudin, Renoir, Sisley, Degas, Caillebotte, Cézanne, Pissarro, Morisot… : tous les amis avec lesquels Monet a partagé l’aventure impressionniste sont là. En prime, il y a Delacroix, Guys, Jongkind, Manet, Rodin, Gauguin, Carolus-Duran, Chéret, Signac, Marquet et quelques autres… En bref, tout un ensemble d’œuvres, voire de chefs-d’œuvre, qui participent à faire revivre une époque mais surtout à apprécier le goût, sinon les choix d’un collectionneur passionné et averti. Une façon aussi d’entrer dans son univers et de mieux saisir ce qui pouvait le préoccuper.

Si sa fameuse collection d’estampes japonaises n’est pas là, on y trouve l’ensemble des albums japonais que collectionnait Monet, c’est-à-dire des mangas, témoignage d’une curiosité pionnière. Résolument scientifique, l’exposition du Musée Marmottan Monet s’applique à retracer aussi précisément que possible l’histoire de cette collection et ses différentes phases. C’est dire s’il y en a pour tout un chacun.

Tel visiteur ne manquera pas de se régaler en contemplant la Jeune Fille au bain de Renoir de 1892, l’étonnant Nègre Scipion de Cézanne de 1867 ; tel autre se délectera devant une aquarelle au motif des Falaises d’Étretat de Delacroix de 1838, ce Monet dans son bateau-atelier de Manet de 1874 ou ce Nu de dos de Morisot de 1895. Tel spécialiste s’intéressera à savoir comment est entré dans la collection de Monet le Portrait d’Ernest Hoschedé de Paul Baudry de 1876, ce projet d’affiche au portrait de La Parisienne (Yvette Guilbert) de Chéret de 1891 ou ce plâtre de Rodin de Bacchantes s’enlaçant d’avant 1896. Voire où est passé ce pastel de Sisley représentant Le Loing, les Oies, vers 1897. Une exposition dont le catalogue sert la connaissance d’un artiste dont on n’a pas fini de faire le tour.

« Monet collectionneur »,
Musée Marmottan Monet, 2, rue Louis-Boilly, Paris-16e, www.marmottan.fr

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°706 du 1 novembre 2017, avec le titre suivant : L’autre Monet, le collectionneur

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