Musée

XXE SIÈCLE

Landowski en ses nouveaux murs

Par Margot Boutges · Le Journal des Arts

Le 20 septembre 2017 - 782 mots

Le Musée Paul-Landowski, dont les normes de l’ancien bâtiment n’étaient plus adaptées, a emménagé au quatrième étage du Musée des années 30, offrant une visibilité inédite à l’auteur du Christ du Corcovado.

Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine). Plus de cinquante ans après son ouverture, le Musée-jardin Paul-Landowski a déménagé. En 1963, les héritiers de Paul Landowski (1875-1961) fondaient un musée consacré à la mémoire de leur aïeul, sculpteur, entre autres, du célébrissime Christ rédempteur du Corcovado qui surplombe Rio de Janeiro. Un musée situé aux abords de l’ex-maison-atelier de l’artiste à Boulogne-Billancourt, rasée et remplacée par un immeuble sans charme dans les années 1960. En 1982, l’association familiale cédait le musée et ses collections à la Ville de Boulogne, qui n’a eu de cesse depuis le début des années 2000 de vouloir relocaliser l’institution (lire le JdA no 328, 25 juin 2010.) Il faut dire que le musée cumulait les défauts : rue excentrée, construction souterraine, plafond très bas, inaccessibilité aux personnes à mobilité réduite, absence de toilettes, surface d’exposition extrêmement limitée (70 m2)… Étant de surcroît ouvert seulement quelques jours par semaine, il n’attirait qu’un nombre restreint de visiteurs.

Un bel écrin

Le déménagement a été acté en 2015 et le Musée Paul-Landowski a été inauguré le 14 septembre au quatrième étage du Musée des années 30, situé au cœur du vaste pôle culturel de la Ville de Boulogne qui accueille aussi une médiathèque et un cinéma d’art et d’essai. Si le Musée Landowski, eu égard à son histoire, reste une entité indépendante du Musée des années 30, les deux institutions sont bel et bien situées au sein d’un même parcours et gérées par les mêmes équipes. Une situation qui devrait avantager l’une et l’autre. Le Musée des années 30, qui reçoit 20 000 à 25 000 visiteurs annuels, ne manquera pas de donner aux œuvres de Landoswki – le plus vaste ensemble réuni de pièces de l’artiste – une visibilité qui leur faisait jusqu’ici défaut. Il bénéficiera lui-même d’un regain d’attractivité avec l’ouverture d’un nouveau musée.

Mais que vaut ce nouvel espace permanent qui vient se substituer à la présentation de deux dépôts, consacrés au design industriel et à la joaillerie ? Sa surface n’est pas très grande (130 mètres carrés) et on peut le déplorer. S’il ne présente que 75 œuvres (le musée conserve au total 303 sculptures et 665 dessins), le nouveau Musée Landowski offre néanmoins un bel écrin aux œuvres.

Le parcours – aux murs rouge vif pour contrebalancer les tonalités froides des statues en bronze ou en plâtre – ordonne les œuvres par type de production, séparant les pièces monumentales de la petite statuaire (souvent orientaliste) ou des portraits (majoritairement familiaux). « Un parcours chronologique ne nous semblait pas pertinent, l’art de Landowski étant marqué par une exceptionnelle fidélité stylistique dans le temps », explique Gabrielle de Roincé, directrice du Musée Landowski et du Musée des années 30. Inlassablement figuratives, les œuvres de l’artiste ne dévieront en effet jamais du classicisme. De Landowski, qui a été lauréat du prix de Rome en 1900, on retient surtout ses grandes commandes publiques. Ici la maquette originale du Christ du Corcovado fait face à celle du portrait assis du premier président de la République populaire de Chine, Sun-Yat-Sen, dont la réalisation en marbre orne depuis 1930 le mausolée à Nankin. Plus confidentielle car restée inaboutie, mais demeurant pour le sculpteur la grande œuvre de sa vie, son projet de décoration murale pour un temple dédié à la grandeur de l’effort humain (Le Temple de l’Homme) fait ici l’objet d’une évocation architecturale au travers de la présentation de ses plâtres de fonderie.

Groupes sculptés à déménager

Si le musée offre incontestablement une meilleure présentation que l’ex-Musée Landowski, quelques œuvres se font désirer. Dans le jardin de l’ancien musée, annoncé comme clos depuis la fermeture du site au public mais auquel on peut accéder en passant par le portail de l’immeuble voisin, quelques groupes sculptés (en résine, en pierre ou en bronze) défient encore les intempéries. Réalisés pour Le Temple de l’Homme, la plupart sont monumentaux, en particulier ce mur de plus de 6 mètres de haut précédé d’un homme en marche (« Le mur du héros »). Le déplacement de ces œuvres, nécessaire pour assurer leur conservation, doit constituer une des prochaines tranches du déménagement du Musée Landowski. Où iront ces pièces ? Gabrielle de Roincé attend les préconisations du Centre de recherche et de restauration des musées de France, mais elles ne seront certainement pas installées dans les salles d’exposition du nouveau musée, déjà bien remplies. Peut-être dans le hall d’entrée du pôle culturel qui accueille depuis quelques années la gigantesque porte de la faculté de médecine de Paris, laquelle ornait autrefois le jardin ?

 

 

Musée des années 30, espace Paul-landowski,
28, av. André-Morizet, 92100 Boulogne-Billancourt

 

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°485 du 22 septembre 2017, avec le titre suivant : Landowski en ses nouveaux murs

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