Musée - Restauration

La Victoire de Samothrace « nettoyée » de retour sur l’escalier Daru

Par Chiara Longo · lejournaldesarts.fr

Le 10 juillet 2014 - 725 mots

PARIS [10.07.14] - Le public du musée du Louvre retrouvera la Victoire de Samothrace au sommet de l’escalier Daru le 12 juillet 2014, après neuf mois de restauration. L’escalier Daru, le plus fréquenté du musée, est en cours de nettoyage jusqu’en mars 2015.

La Victoire de Samothrace (c. -190 av. J.-C.), Musée du Louvre © photo Musée du Louvre / Antoine Mongodin 2014
La Victoire de Samothrace (c. -190 av. J.-C.), Musée du Louvre.
© Musée du Louvre / Antoine Mongodin 2014

La Victoire de Samothrace a été replacée le 8 juillet 2014 au sommet de l’escalier Daru « décrassée et nettoyée » après neuf mois de travaux. Elle avait été déplacée en septembre 2013 dans la salle des Sept Cheminées, le lieu le plus proche suffisamment grand pour l’abriter le temps de la restauration.

Au cours de la restauration le monument a été nettoyé, les badigeons et les bouchages des anciennes restaurations retirés ainsi que le bloc de ciment entre la statue et le navire qui date de 1933. Ludovic Laugier, co-commissaire de la restauration, a affirmé que « l’œuvre n’a jamais été ni en péril ni en danger ». Il s’agissait donc, pour 4 millions d’euros, d’une restauration visant à améliorer la lecture de l’œuvre.

Ludovic Laugier explique que l’équipe à qui a été confiée La Victoire de Samothrace, composée de huit restaurateurs indépendants, coordonnés par Anne Liégey et Daniel Ibled, a été choisie en raison de sa polyvalence car la difficulté de cette restauration résidait dans la complexité du monument, une statue et un navire, du matériau, le marbre et le plâtre (pour les parties ajoutées telles le sein gauche et l’aile droite de la Niké).

La Victoire, haute 2,75 mètres, est réalisée dans une technique typique de la Grèce orientale, sculptée en plusieurs parties de marbre, jointes par des goujons : le corps, le buste et la tête, les ailes, les pieds, les draperies. La base, en forme de navire, composée de 23 blocs (17 pour la base et 6 pour le socle), a été démontée et puis remontée pour en améliorer la cohésion. Sur l’avant la base présentait une partie lacunaire qui a été comblée par une pierre taillée au laser. De ce fait la stabilité du monument a été augmentée.

La restauratrice Anne Liégey explique que, après de longues auscultations, le nettoyage a été réalisé par des compresses à l’eau, au carbonate d’ammonium très dilué et au bicarbonate d’ammonium. Le nettoyage a permis de rendre au monument sa polychromie naturelle, composée du marbre blanc de Paros, pour La Victoire, et du marbre gris de Lartos (Rhodes), pour le navire. Grâce aux conseils de Giovanni Verri, restaurateur au British Museum spécialisé dans les analyses scientifiques aux infrarouges pour la recherche des pigments, les analyses ont révélé la présence de bleu sur le bas du manteau de la Victoire et de couleurs à base de bleu (mais pas du bleu) sur les ailes.

Les bouchages en plâtre et les badigeons des anciennes restaurations ont été retirés. La restauratrice Anne Liégey explique que les lacunes ont été comblées avec une poudre de marbre d’une granulométrie proche de l’original et d’une tonalité légèrement plus claire que le reste du monument. S’agissant d’une œuvre de grandes dimensions, cette tonalité ne se marie pas de façon uniforme dans toutes les parties du monument. « Au XIX siècle on faisait le bouchage et la retouche. Aujourd’hui on ne fait que le bouchage », explique-t-elle.

Le bloc de ciment, rajouté en 1933 pour surélever le monument et le rendre visible des pieds de l’escalier, a été supprimé car il gênait la lecture de l’œuvre. Dorénavant la Victoire repose directement sur la proue du navire.

Le monument, d’une hauteur totale de 5,7 mètres, est doté d’un nouveau socle pour en valoriser la mise en scène au sommet de l’escalier Daru.

Le coût de la restauration s’est élevé à 4 millions d’euros, financés en grande partie par 3 mécènes fidèles au Louvre. La restauration a aussi bénéficié de la somme de 1 million d’euros réunie par les 6 700 particuliers qui ont participé à la campagne « Tous mécènes ! » sur Internet.

Cette restauration de La Victoire de Samothrace et de l’escalier Daru s’insère dans un vaste programme de réagencement du département des Antiquités grecques étrusques et romaines.
En mars 2015, à la fin de cette restauration, avec l’achèvement du nettoyage de l’escalier Daru, emprunté tous les ans par 7 millions de visiteurs, une journée d’étude et une exposition dossier rendront compte du résultat de cette campagne, sur laquelle un livre et un documentaire seront également édités.

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