Art contemporain

La tour conçue par Nicolas Schöffer, père de l’art cybernétique, va être entièrement rénovée à Liège

Par Amélie Du Fretay · lejournaldesarts.fr

Le 16 octobre 2013 - 563 mots

LIEGE (BELGIQUE) [16.10.13] – Le premier échevin de la ville de Liège en charge de l’Art urbain a annoncé, lundi 14 octobre 2013, la prochaine rénovation de la tour Schöffer. Les travaux devraient démarrer au printemps 2014, le budget étant estimé à 2 millions d’euros environ.

La tour cybernétique due à l’artiste français d’origine hongroise Nicolas Schöffer va faire l’objet d’un vaste plan de rénovation. Comme le précise La Libre, le premier échevin de la ville de Liège en charge de l’Art urbain, Michel Firket, a confirmé lundi 14 octobre 2013 l’intention de la mairie de soutenir le projet. Un permis d’urbanisme a été délivré le 30 septembre 2013 sur la base d’un certificat de patrimoine. Selon lui, les travaux devraient commencer au printemps 2014.

La rénovation est évaluée à plus de 2 millions d’euros. Pour Michel Firket, la dépense semble parfaitement légitime car « un art urbain fort est un signe de la capacité métropolitaine de la ville ». En outre, pour la ville de Liège, la tour Schöffer fut « une opération de prestige destinée à lui donner une image de marque très caractéristique », selon les termes de l’époque. Elle est classée en 1997 par la Wallonie, qui l’inscrit également dans la liste de son patrimoine exceptionnel en 2009.

Située aux abords du palais des Congrès de Liège, la tour Schöffer ne fonctionnait plus depuis une vingtaine d’années, son dispositif électronique étant devenu obsolète. Elle était tombée dans l’oubli depuis. Inaugurée en 1961, haute de 52 mètres, c’est une des œuvres les plus monumentales de l’artiste. Sculpture abstraite, elle se compose d’une ossature aérée en tubes d’aciers carrés. Munie de plaques, miroirs et pales, de formes et de dimensions variées, celle-ci pouvait bouger grâce à des moteurs actionnés par un cerveau électronique. Un système d’éclairage, de sonorisation, et le cerveau, déclenchaient trois types d’actions : mouvement, musique, et éclairage de la tour.

Les travaux de restauration ont fait l’objet d’une étude préalable réalisée par le bureau d’architecture liégeois Greisch, chargé notamment d’analyser la faisabilité du projet, d’assurer le suivi de la procédure de certificat du patrimoine et de procéder au contrôle d’exécution. Il est prévu de démonter complètement la tour et de la remonter à l’identique, d’assurer sa stabilité et de la remettre aux normes, en remplaçant les pales, les luminaires, les moteurs, et en réalisant des travaux d’électricité. Les paramètres déclencheurs seront issus de l’environnement urbain : soleil, pluie, vent, bruit, humidité… La veuve de Nicolas Schöffer a été également associée au projet. Elle pourrait apporter son expertise sur l’esprit de la rénovation. Un site web doit être créé pour permettre aux visiteurs d’interagir avec la tour.

Nicolas Schöffer (1912-1992) est un sculpteur plasticien français d’origine hongroise. Il est le principal initiateur de l’art cybernétique, appelé aujourd’hui art interactif, en réalisant les premières œuvres « temps réel » de l’histoire de l’art. En 1948, il invente le spatiodynamisme, c'est-à-dire « l’intégration dynamique et constructive de l’espace dans l’œuvre plastique ». En 1955, il réalise à Paris la première sculpture interactive multimédia au monde, dotée d’un système d’interaction « temps réel » avec capteur. Cette sculpture de 50 mètres de haut est sonorisée par des bandes magnétiques de Pierre Henry. En 1963, c’est l’aboutissement de ses recherches avec la Tour Lumière Cybernétique, prévue pour le quartier de La Défense, projet qui fut abandonné après la mort du président Georges Pompidou.

Légende photo

La tour cybernétique de Nicolas Schöffer à droite du Palais des Congrès à Liège - © Photo CrucialFriend - 2012 - Licence CC BY-SA 3.0

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