La Patinoire royale de Bruxelles ouvre une nouvelle page de son histoire

Par Pauline Vidal · lejournaldesarts.fr

Le 28 avril 2015 - 772 mots

BRUXELLES (BELGIQUE) [28.04.15] - Après deux ans et demi de travaux de rénovation, l’ancienne « Skating place » de Bruxelles construite en 1877 et classée Monument historique, devient une galerie « XXL » dédiée au second marché.

Dans l’effervescence qui accompagne la foire d’Art Brussels qui a fermé ses portes le 27 avril, une nouvelle galerie vient d‘ouvrir à Bruxelles, autour de l’axe foisonnant de la fameuse avenue Louise. « Il ne s’agit ni d’une galerie, ni d’un musée, ni d’un centre d’art mais des trois à la fois » précise son directeur général, Constantin Chariot, pourvu d’une double expérience dans le marché de l’art et dans le monde des musées. « Notre ambition est d’organiser de grandes expositions qui comme dans un musée tenteront de faire le point sur des mouvements qui ont marqué les 60 dernières années. L’entrée sera gratuite et des visites guidées seront proposées. Mais en même temps, tout sera à vendre. Ce qui est une gageure car il faut trouver sur le marché des œuvres disponibles et qui en même temps servent le propos scientifique de l’exposition ».

Tout commence en 2007 lorsque le couple de collectionneurs français Valérie Bach et son compagnon Philippe Austruy se portent acquéreur de la Patinoire royale. Cet édifice de facture néo-classique a été construit sous le règne de Léopold II, en 1877, pour accueillir des patineurs à roulettes. Une première en Europe ! Puis à partir de 1900, le bâtiment connut différentes affectations (garage Bugatti, dépôt d’armes de guerre, lieu d’exposition de voitures de collection…).

Longtemps laissé à l’abandon, ce complexe de 3000 mètres carrés vit aujourd’hui une renaissance. Classé au titre des Monuments Historiques en 1995, il a bénéficié de travaux de restauration lancés en 2011, avant de laisser l’architecte d’intérieur Pierre Yovanovitch s’emparer de son espace intérieur. « Je voulais que mon intervention soit à la fois forte et minimale » souligne ce dernier. C’est ainsi que l’espace d’exposition, une immense nef inondée de lumière naturelle et surmontée d’une charpente en bois de style Eiffel, se déploie sur 1200 mètres carrés. Une cage d’escalier, en forme de « monolithe blanc », dessert un sous-sol ainsi que le premier étage où se trouve un autre espace d’exposition en complément de l’espace principal.

Pour inaugurer cet écrin, l’ancien ministre de la Culture Jean-Jacques Aillagon a imaginé une exposition dédiée à la figuration narrative. « Lorsque Valérie Bach et Philippe Austruy m’ont invité à réfléchir sur ce qu’avait été leur goût, je me suis dit que cette première exposition pourrait prendre appui sur leur passion pour la figuration narrative, avec un accrochage qui montrerait la diversité des personnages qui ont gravité autour de ce mouvement de reconquête des images dans les années 60 et 70. » Intitulée « La résistance des images », la manifestation permet de percevoir toute la puissance de la résistance esthétique et politique à l’œuvre dans ce mouvement. Ce, à un moment où l’impérialisme américain battait son plein. Au total 156 œuvres sont rassemblées suivant un accrochage thématique. L’essor de la société de consommation, la libération de la femme, la politique ou encore l’affirmation d’une volonté de peindre et de s’approprier des œuvres clés de l’histoire de l’art, se dessinent en filigrane, dans une explosion de couleurs. De nombreuses pièces proviennent directement du fonds d’atelier des artistes, certaines n’ayant jamais été montrées. Si les signatures clés tels que celles de Monory, Rancillac ou Erró sont bien présentes, un travail d’exhumation d’artistes très peu connus a été conduit. « J’ai eu à cœur de mettre un coup de projecteur sur des artistes qui ont été plongés dans l’ombre » précise le commissaire. Sont ainsi redécouverts Babou, Le Boul’ch, Gérard Schlosser et ses attachantes compositions ou encore Evelyne Axell disparue prématurément en 1972 et dont les œuvres recèlent une énergie et une vitalité folles. Les prix oscillent entre 8 000 et 400 000 euros. Ce mouvement bénéficie actuellement d’un regain d’intérêt comme l’illustrent les multiples expositions consacrées à ses instigateurs (Erró au musée d’art contemporain de Lyon ou Télémaque au Centre Pompidou) et les ventes récentes comme celle de Cornette de Saint Cyr le 30 mars dernier. Ce marché qui échappe à la spéculation.

Trois expositions par an, organisées par la Patinoire ou coproduites avec d’autres galeries comme celle qui ouvrira prochainement sur le design en collaboration avec la galerie Downtown (Paris), rythmera la vie de ce nouveau lieu.

Attenante dans une cour arrière recouverte d’une verrière, la galerie Valérie Bach ouverte depuis 2012, poursuivra quant à elle la programmation de ses artistes contemporains. Agnès Thurnauer y déploie actuellement toute la subtilité de son vocabulaire autour du thème de l’atelier.

Légende photo

La Patinoire Royale © Tanguy Aumont - AIRSTUDIO / La Patinoire royale

La Résistance des images
Exposition jusqu’au 31 juillet, La Patinoire royale, rue Veydt 15, 1060 Bruxelles, Belgique, ouvert du mardi au samedi de 11h à 13h et de 14h à 19h, et le dimanche et lundi de 9h30 à 13h et de 15h à 19h, entrée libre, www.lapatinoireroyale.com

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