Galerie

Jean Hélion (1904-1987)

Par Fabien Simode · L'ŒIL

Le 23 février 2022 - 385 mots

« Figure majeure du XXe siècle », « artiste d’artiste » qui « ne cesse d’influencer les artistes contemporains »… Hélion possède une cote affective inversement proportionnelle à sa reconnaissance.

Abstraction

Né le 21 avril 1904 à Couterne (Orne), Jean Bichier, futur Jean Hélion, passe son adolescence à Amiens, d’où il entend « sans cesse gronder le canon ». Étudiant en pharmacie puis dessinateur en architecture, il se lance dans la peinture dans les années 1920. Rapidement, il devient l’un des champions de la peinture abstraite. Membre d’Art concret puis d’Abstraction-Création, il fréquente Mondrian, Van Doesburg, Arp, Léger… Capturé pendant la Seconde Guerre mondiale, il est emprisonné en Silésie, d’où il s’évade en 1942 avant de rejoindre les États-Unis en 1943. Lui dont la situation financière avait été précaire épouse Pegeen Vail Guggenheim, la fille de la richissime collectionneuse Peggy Guggenheim.

Figuration

Peu avant la déclaration de guerre, Hélion remet en cause l’abstraction en peignant des têtes, ce qui suscite l’incompréhension au sein des avant-gardes qui ne lui pardonneront pas sa « trahison », à l’exception de Balthus, Giacometti et Brauner, qui lui rendront toujours visite. Dès lors, Hélion poursuit une voie solitaire peignant des tableaux de plus en plus virtuoses sans être jamais réalistes. Cyclistes, passants, instruments de musique (trompette, violoncelle…) ou toits de Paris, les sujets choisis par l’artiste sont tout ce qu’il y a de plus triviaux. Pourtant, son œuvre se révèle complexe, intellectuelle et érudite, libre aussi, et ne s’apparente jamais à la peinture des « marchés aux croûtes » qui avait fait son initiation au début des années 1920.

Margaron

Installé rue du Perche, à Paris, Alain Margaron a entrepris de promouvoir l’œuvre d’Hélion, afin de lui redonner la place qui lui revient, tant sur le marché que dans l’histoire de l’art. Le galeriste de Fred Deux et de Bernard Réquichot se souvient que son premier achat, dans les années 1970, fut une aquarelle du peintre, un portrait de Pegeen de 1945. Après lui avoir consacré une exposition d’une cinquantaine de dessins et de peintures en 2018, Alain Margaron choisit de se concentrer sur les années 1955 à 1966, à travers la sélection d’une quarantaine d’œuvres méconnues d’Hélion dont la valeur se situe entre 10 000 et 200 000 euros. Parmi celles-ci, un intemporel Brabant de 1957 et un étonnant Jardin bleu de 1966, que nombre de peintres actuels pourraient s’approprier !

« Jean Hélion, Œuvres de 1955 à 1966 »,
jusqu’au 30 avril 2022. Galerie Alain Margaron, 5, rue du Perche, Paris-3e, galerieamargaron.com

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°752 du 1 mars 2022, avec le titre suivant : Jean Hélion

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