Check-up

Armory Show : encore des efforts !

Décidément, malgré les efforts, la foire new-yorkaise peine à s’imposer

Par Frédéric Bonnet · Le Journal des Arts

Le 28 mars 2012 - 598 mots

NEW YORK - Certes les espaces ont été quelque peu repensés par le cabinet new-yorkais Bade Stageberg Cox ; si le plan général est resté le même, les circulations apparaissaient un peu plus fluides grâce à un parcours en boucle, et les stands « cagibis » ont disparu.

Le public était là nombreux, et tous les grands collectionneurs américains sont passés sur le salon, ce qui ne fut pas le cas des Européens, notablement absents, qui sans doute ont gardé leurs cartouches pour Frieze New York début mai. Quelques belles enseignes ont effectué leur retour, mais de la 14e édition de l’Armory Show, à New York, se dégageait néanmoins un parfum à la saveur très mitigée : celui d’une foire d’un niveau très moyen, ni brillante ni honteuse mais manquant singulièrement de relief.

Manifestement beaucoup d’enseignes n’ont pas sorti leurs meilleures pièces, les grands rendez-vous étant à venir. Cela confirme la sensation que l’Armory Show n’a jamais été une priorité… et ne le sera probablement jamais ! Spüth Magers (Berlin), par exemple, faisait assez pâle figure, avec de bonnes œuvres certes, mais rien d’ébouriffant, hormis peut-être un rare Condo au pastel sur papier. Chez Lisson (Londres), le profil bas était de mise également, avec un stand où rien ne dépassait. Et du point de vue du commerce, si les marchands étaient loin de la sinistrose, une grande majorité d’entre eux rapportaient un intérêt soutenu… mais des ventes à concrétiser !

Section moderne décevante
Le gros point noir du salon tenait dans une section moderne sidérante d’indigence. Depuis son introduction en 2009, elle n’est jamais parvenue à convaincre – constituant même une hérésie pour une foire qui lors de sa création se présentait comme dédiée à la création vivante – mais permettait tout de même d’y dénicher de bons tableaux d’artistes américains d’après-guerre. Le cru 2012 a viré au grand déballage avec des stands mêlant tout et n’importe quoi, moderne et contemporain, dans des accrochages souvent ineptes et indigestes.

Les enseignes ayant joué la cohérence sont celles qui ont tiré leur épingle du jeu, à l’instar de Whitestone (Tokyo) avec un stand dédié à Gutaï, Sicardi (Houston) qui a joué la carte du cinétisme et de ses suites, avec Cruz-Diez, Luis Tomasello, ou Antonio Asis, ou la Galleria d’Arte Maggiore (Bologne) avec un accrochage centré autour de Morandi et De Chirico. Du côté contemporain, quelques stands bien pensés émergeaient notablement, comme celui consacré à Bjarne Melgaard par Guido W. Baudach (Berlin), Greene Naftali (New York) et Krinzinger (Vienne), les solo show de Fabrice Hyber chez Jérôme de Noirmont (Paris) et Michael Riedel chez David Zwirner (New York), la réunion de Theaster Gates et Curtis Mann chez Kavi Gupta (Chicago, Berlin), ou le stand de Monique Meloche (New York) conçu par Robert Davis et Michael Langlois qui y ont incorporé d’autres artistes.

La prudence générale aurait été moins problématique si la manifestation s’était tenue dans une ville moyenne, mais à New York tout cela manquait clairement de souffle. D’autant plus que Independent avait assez belle allure et que le modeste – par la taille – The Art Show, organisée par la Art Dealers Association of America, offrait cette année encore une très bonne qualité avec de beaux accrochages et des enseignes prestigieuses, parmi lesquelles les new-yorkaises Marian Goodman, L & M Arts, Washburn, Friedrich Petzel ou Cheim & Read. S’il veut conserver un attrait et ne pas risquer de se retrouver nettement marginalisé, l’Armory Show ne doit pas se contenter d’ajustements, mais devrait sérieusement songer à entreprendre une mue radicale, quitte à repenser complètement sa formule, chose malaisée il est vrai.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°366 du 30 mars 2012, avec le titre suivant : Armory Show : encore des efforts !

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