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Un plan design

Le ministre Éric besson lance un plan d’action en faveur du design

Par Christian Simenc · Le Journal des Arts

Le 17 janvier 2012 - 756 mots

Une fois n’est pas coutume, le design est à l’honneur dès le début de l’an neuf. Période de vœux – ou période électorale ? – oblige, Éric Besson a lui-même tenu à jouer les Rois mages.

Lundi 9 janvier, en clôture de la 9e Conférence européenne sur les enjeux du design, qui a eu lieu à la Cité des sciences et de l’industrie, à Paris, le ministre chargé de l’Industrie est donc venu en personne annoncer un « Plan d’action en faveur du design », dont les « trois axes essentiels » sont : l’intégration du design dans l’écosystème des pôles de compétitivité ; l’élaboration d’un référentiel des métiers du design, et enfin, cerise sur la galette, une somme d’un million d’euros pour la création d’un « Centre national du design » (CND). Objectif : « Renforcer l’utilisation du design dans les entreprises et améliorer sa visibilité dans l’économie comme facteur d’innovation et de compétitivité. »

« Nos entreprises ont tout à gagner à intégrer le design dans leurs stratégies, estime Éric Besson. L’enjeu, c’est de la croissance, des exportations et des marges supplémentaires pour nos marques, notamment pour la première d’entre elles, le «fabriqué en France». Le design n’est pas seulement un acte de création, c’est aussi un facteur puissant d’innovation, et à partir de là, un facteur de compétitivité. » L’annonce de la création d’un « Centre national du design » a fait l’effet d’une petite bombe, ce type de structure existant déjà depuis plusieurs décennies dans nombre de pays, sauf en France. Ce CND, à ne pas confondre avec le Centre national de la danse, sera créé à partir de l’Agence pour la promotion de la création industrielle (APCI) – laquelle n’est pas placée sous la tutelle du ministère de l’Industrie – et devrait être piloté par Anne-Marie Boutin, sa présidente depuis sa création, en 1983.

Exemples anglais, danois ou coréeen
La mise en œuvre de ces trois mesures ministérielles pose diverses questions. D’abord, on sait les designers plutôt rétifs à la « normalisation », tant il existe de profils différents. Souhaité pour « la fin de l’année 2012 », la réalisation d’un « Référentiel des métiers du design » risque donc d’être bien plus complexe que prévue. Ensuite, l’« Intégration du design dans l’écosystème des pôles de compétitivité » n’est pas une notion foncièrement nouvelle. Certains pôles de compétitivité l’ont, en effet, déjà incorporé ; en revanche, toute « intégration » ne pourra se faire que si les Régions sont demandeuses. Quant au CND, troisième « axe essentiel » du plan, on ne sait encore quelle forme il prendra : physique ou virtuelle ? Le ministère de l’Industrie indique s’être appuyé sur les « exemples anglais, danois ou coréen ». L’APCI dispose aujourd’hui d’un bureau d’une centaine de mètres carrés. En comparaison, le Dansk Design Center (DDC), à Copenhague, est installé depuis une décennie dans un immeuble de quatre étages. Mieux : le Korea Institute of Design Promotion (KIDP), à Séoul, arbore, lui, la bagatelle de… 47 000 mètres carrés de bureaux. Il y a donc effectivement de la marge. « L’idée n’est pas de rechercher des milliers de mètres carrés dans Paris, cela n’aurait aucun sens, explique Anne-Marie Boutin, présidente de l’APCI. Nous avons certes besoin d’un espace physique de visibilité, afin d’accueillir les organisations professionnelles et de montrer ce qui existe déjà, mais il y aura également un espace non physique [un site Web, NDLR], qui permettra notamment d’harmoniser ce qui existe et de le mettre à disposition. »

Appel du pied
Reste le nerf de la guerre : l’argent. « L’APCI fonctionne aujourd’hui avec un budget qui tourne autour d’un million d’euros dont, cette année, une subvention de 200 000 euros venant du ministère de l’Industrie, précise Anne-Marie Boutin. Notre budget actuel va donc doubler et passer à 2 millions d’euros. » Ceci si l’apport du ministère de l’Industrie se perpétue dans le temps, car ce premier million d’euros avancé par Éric Besson n’est, en réalité, mis sur la table que pour cette année 2012 et, en particulier, pour financer le lancement du CND. D’ailleurs, pour l’heure, seul le ministère de l’Industrie est en piste. « En France, il est comme une tradition de se désolidariser : lorsqu’un ministère lance un projet, les autres ministères renâclent à y participer. C’est dommage », déplore Anne-Marie Boutin. Un appel du pied à peine voilé au ministère de la Recherche, voire, évidemment, à celui de la Culture qui, non seulement, a aujourd’hui un œil sur les écoles de design, mais a jadis financé… l’APCI.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°361 du 20 janvier 2012, avec le titre suivant : Un plan design

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