Trésors mayas

Le Journal des Arts

Le 5 juillet 2011 - 538 mots

Au Musée du Quai Branly, les chefs-d’œuvre mayas témoignent d’une civilisation trimillénaire brillante.

Le Guatemala est à l’honneur cet été au Musée du quai Branly, à Paris. Si l’exposition « Maya, de l’aube au crépuscule » ne prétend pas à l’exhaustivité, tant les recherches archéologiques aboutissent à des découvertes toujours plus fines, l’exposition aborde une multiplicité de champs, entre religion, écriture, société et esthétique.

Les sites mayas, qui, dans leur période d’apogée, se sont étendus du Belize (au sud du Mexique) au Honduras et au Salvador, ont eu pour berceau le Guatemala, qui prête pour l’occasion quelques-uns des chefs-d’œuvre de son musée national. Pédagogique et généraliste, le parcours fait défiler les siècles qui mènent de la période dite « préclassique », vers 1700 avant notre ère, à l’arrivée des conquistadores espagnols, en 1524. La côte Pacifique, les Hautes Terres montagneuses et les Basses Terres, au nord, dont le « bassin de Mirador » voit l’émergence de l’État dans le monde maya, forment une géographie complexe que reflètent des fonctionnements culturels distincts bien qu’intimement liés. Les céramiques exposées mettent en lumière les permanences culturelles de ce monde précolombien, en particulier grâce à un répertoire iconographique multiséculaire. Entre 400 av. J.-C. et 100 ap. J.-C., dans les Hautes Terres, à La Lagunita, la céramique devient un médium de premier ordre pour des populations concentrées dans des zones urbanisées depuis peu. Urnes anthropomorphes, vases, écuelles se multiplient et offrent un langage plastique très diversifié, de l’épure la plus totale au luxe du décor peint et sculpté, tel ce plat à supports mammiformes trouvé à Tikal, dans le nord de la région. À la période classique (IIIe-XIe siècle), âge d’or des cités mayas, l’écriture se développe dans des proportions inédites, déployant ses hiéroglyphes sur les bâtiments, les céramiques et les sculptures. Deux villes rivales, Tikal et Calakmul, se livrent alors des batailles sans merci pour la suprématie dans la région. La richesse de leurs productions artistiques est manifeste au Quai Branly : céramiques extrêmement ouvragées, objets de pierre, de coquillage et d’os témoignent d’une culture maya à son apogée. Ainsi des céramiques de « style Codex », ornées d’un décor finement peint évoquant les mythes de la création maya et une cosmogonie tournée vers la description du Xibalba, l’« inframonde » (apparenté aux Enfers). Vers 900, les cités sont délaissées, pour des raisons qui font encore débat : catastrophe naturelle, famines, guerres incessantes… Les périodes postclassiques, moins flamboyantes, sont toutefois marquées par l’apparition de nouvelles techniques de métallurgie et par la construction de cités fortifiées sur fond d’activité guerrière intense, avant qu’au XVIe siècle les régions mayas passent sous le joug espagnol. Aux connaisseurs plus férus, le catalogue de l’exposition livre des analyses des dernières découvertes archéologiques et scientifiques sur cette civilisation longtemps fantasmée.

MAYA

Commissaire : Juan Carlos Meléndez Mollinedo, directeur du Musée national d’archéologie et d’ethnologie de la Ville de Guatemala

Conseiller scientifique : Richard Hansen, archéologue

Nombre d’œuvres : 162


Maya, de l’aube au crépuscule, collections nationales du Guatemala

Jusqu’au 2 octobre, Musée du quai Branly, 37, quai Branly, 75007 Paris, tél. 01 56 61 70 00, www.quaibranly.fr, tlj sauf lundi 11h-19h, jeudi, vendredi et samedi jusqu’à 21h. Catalogue, coédition Musée du quai Branly/Somogy, 200 p., 29 euros, ISBN 978-2-7572-04276.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°351 du 8 juillet 2011, avec le titre suivant : Trésors mayas

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