Foire

Les VIP sur Internet

Pour son lancement, la foire virtuelle VIP Art Fair rassemble les poids lourds du marché de l’art.

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 5 janvier 2011 - 719 mots

INTERNET - Imaginez une foire qu’aucune grève de transport ou perturbation climatique ne viendraient perturber.

Un événement qu’on arpenterait assis dans son fauteuil, sans subir la foule ni les ampoules aux pieds… Une foire réduite à son strict minimum : une reproduction en haute résolution des œuvres et une communication par e-mail. C’est l’expérience futuriste et désincarnée que propose VIP Art Fair, une foire virtuelle lancée du 22 au 30 janvier sur Internet. Enfin, seul le procédé est proprement virtuel car les œuvres existent réellement. La sectorisation de VIP Art Fair reprend celle des autres foires, avec ses enseignes établies (VIP Premier), ses galeries émergentes (VIP Emerging), et ses expositions personnelles. « Nous ne faisons que transposer les fondamentaux de notre métier sur une plateforme technologique. En aucune façon nous ne sommes Second Life et ce n’est pas non plus de l’e-commerce. Il s’agit d’une plateforme pour encourager la communication, explique le marchand new-yorkais James Cohan, à l’initiative de l’opération. Je crois au modèle des foires, et VIP Art Fair est complémentaire des autres manifestations. Mais je pense qu’il faut essayer d’atteindre les gens de différentes façons. Nous rendons accessibles les plus grandes galeries internationales d’art contemporain aux gens qui ne voyagent pas. » L’idée s’inspire de Christie’s Live, logiciel lancé en 2006 et permettant d’enchérir en direct sur Internet. En 2009, le pourcentage d’achats via ce système représentait 14 % du chiffre d’affaires de la maison de ventes. VIP Art Fair a d’emblée séduit les plus gros marchands de la planète, des New-Yorkais Larry Gagosian, Marian Goodman, Barbara Gladstone ou Pace Gallery, à Hauser & Wirth (Londres, Zurich, New York), Max Hetzler (Berlin), Yvon Lambert (Paris, New York), Daniel Templon (Paris) ou Thaddaeus Ropac (Paris, Salzbourg). Il faut dire que les tarifs de participation sont bien moindres que les frais générés par une foire réelle. « Notre industrie est la seule à ne pas avoir pleinement profité d’Internet, c’est bon de tenter le coup, estime le galeriste new-yorkais David Zwirner. Je ne sais pas ce que je dois en attendre, sans doute d’être surpris. » « Les artistes sollicités ont répondu très positivement, ils y croient aussi et ils m’ont donné chacun une œuvre à mettre en ligne. Ils ont joué le jeu comme pour une foire importante, ajoute Nathalie Obadia (Paris, Bruxelles). L’événement suscite une grande curiosité, les collectionneurs attendent avec impatience son ouverture. » 

Attirer de nouveaux acheteurs
L’accès à VIP Art Fair est gratuit pour toute personne se connectant au site vipartfair.com. Mais, pour avoir accès aux prix des œuvres et pouvoir chatter avec le galeriste, il faut un billet VIP au tarif de 100 dollars les deux premiers jours, puis de 20 dollars à partir du 24 janvier. Le tout est de voir si la foire réussira vraiment à attirer de nouveaux acheteurs, ou si elle ne ralliera finalement que les vétérans de la collectionnite. Les collectionneurs seront-ils vraiment prêts à acheter des œuvres à distance sans les voir, même s’il y a une possibilité de les visualiser sous différents angles ? Certains, comme Charles Saatchi, sont coutumiers des achats sur dossiers ou images numériques. Mais l’art exige une expérience directe. Le contact humain avec le marchand compte tout autant. Pour James Cohan, le chat sur Internet devrait rapidement déboucher sur un appel téléphonique. « Le monde appartient aux jeunes. Et mes enfants achètent presque tout sur Internet, observe pour sa part Rachel Lehmann, de la galerie Lehmann Maupin (New York). Nous sommes tous en connexion permanente et il est clair que de plus en plus de choses vont se produire dans le monde numérique. Même si VIP Art Fair ne remporte pas de succès, quelqu’un d’autre réussira à l’avenir. C’est une expérience qui nous permettra de voir jusqu’à quel point le futur est déjà proche de nous. » L’expérience permettra aussi de tester la mobilisation réelle des exposants, car, pour coïncider avec les différents fuseaux horaires, ceux-ci doivent être opérationnels entre douze et dix-huit heures. Il sera sans doute difficile de tirer un vrai bilan au terme de l’opération. Mais James Cohan réfléchit déjà à de plus petites foires virtuelles, spécialisées dans la photo et l’art primitif.

VIP ART FAIR

22 au 30 janvier sur Internet, vipartfair.com

Responsable : James Cohan
Nombre d’exposants : 139
Tarif des stands : 5 000 à 20 000 dollars

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°338 du 7 janvier 2011, avec le titre suivant : Les VIP sur Internet

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