XXe siècle

Monumental Foujita

Le Journal des Arts

Le 27 avril 2010 - 489 mots

Le Musée des beaux-arts de Reims revient sur l’œuvre du plus français des artistes japonais.

REIMS - En posant ses valises à Paris, en automne 1913, Tsuguharu Foujita (1887-1968) donne un sens décisif à son destin. Le peintre arrive dans la Ville Lumière, capitale des arts et des lettres, où se côtoient Modigliani, Soutine, Van Dongen ou Gertrude Stein. Très vite proche des milieux littéraires, il illustre dans les années 1930 les pages des livres de Claudel, Loti ou Cocteau. Il développe un art hybride, fondé sur un mélange qu’il décrit lui-même comme associant : « la rigueur du trait japonais à la liberté de Matisse ». Cette singularité est à l’honneur au Musée des beaux-arts de Reims.

Le parcours s’ouvre sur les premières œuvres de l’artiste : des paysages (Paysages de Cagnes-sur-Mer, 1918) et des portraits (Autoportrait, 1917) entre impressionnisme et fauvisme, qui n’ont de cesse de retranscrire son héritage culturel. C’est à cette époque qu’apparaissent aussi les figures féminines et longilignes, à la manière de Botticelli ou Modigliani, tandis que l’aspect velouté des carnations témoigne d’un intérêt pour Ingres. Selon certains critiques d’art de l’époque, Foujita étudiait la peinture des grands maîtres au Louvre sans jamais perdre de vue les formes et les couleurs de son pays natal.

Une section est spécialement consacrée aux grandes toiles sur fond blanc où s’entremêlent animaux sauvages et corps humains dont la musculature massive n’est pas sans rappeler celle des figures de Michel-Ange. À la massivité des corps s’oppose le trait fin et délicat des visages, lequel fait référence aux estampes japonaises (Ukiyo-e). C’est précisément dans ce mélange de techniques, entre Orient et Occident, que réside l’origine du succès de Foujita.

Une chapelle testament
En 1950, après un voyage en Amérique latine et au Japon, il se réinstalle en France où il se fait baptiser (et renommer « Léonard Foujita ») puis naturaliser en 1959. Dès lors, il se consacrera à l’art religieux jusqu’à sa mort. Au cours de cette ultime étape évoquée dans la dernière partie de l’exposition, Foujita peint de grandes toiles de Crucifixion, Descente de croix, Vierge à l’Enfant, dont la composition s’apparente au muralisme des tableaux de Diego Rivera. Dans L’Apocalypse, diptyque de 1960, la profusion de personnages étranges et la composition rappellent le tableau de Jérôme Bosch, Le Jardin des délices (1504-1505).

Pour Foujita, l’importance de l’art religieux est telle qu’il fera construire en 1959 à Reims la chapelle Notre-Dame-de-la-Paix. Des vitraux aux fresques murales, il sera l’unique décorateur de ce lieu. Fruit d’un travail titanesque, cette chapelle que l’artiste lègue à la communauté rémoise en 1966 est aussi la dernière demeure de l’artiste, inhumé en 1968 et rejoint par sa femme Kimiyo en 2009.

Foujita Monumental ! Enfer et Paradis, jusqu’au 28 juin, Musée des beaux-arts, 8, rue de Chanzy, 51100 Reims, tél. 03 26 35 36 00, tlj sauf mardi, 10h-12h et 14h-18h, samedi-dimanche 11h-18h. Catalogue, éditions Hazan, 192 p., 30 euros, ISBN 978-2-7541-0477-7.

Foujita

Commissaires : Anne Le Diberder, responsable des Collections Foujita-conseil général de l’Essonne ; David Liot, conservateur en chef, directeur du Musée des beaux-arts de Reims

Nombre d’œuvres : 47 de l’artiste 13 d’autres artistes

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°324 du 30 avril 2010, avec le titre suivant : Monumental Foujita

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