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Projet

La Fondation Barnes crée la polémique

Les travaux du nouveau musée de la Fondation Barnes, au centre de la ville de Philadelphie (Pennsylvanie), ont démarré

Par Kate Taylor · Le Journal des Arts

Le 19 janvier 2010 - 664 mots

Après des années de conflits juridiques, le chantier de la nouvelle Fondation Barnes a débuté au cœur de la ville de Philadelphie. Selon ses détracteurs, ce projet trahit les dernières volontés du Dr Barnes. Partisans et opposants au déménagement s’expriment dans ce numéro.

PHILADELPHIE - La Fondation Barnes a posé, en novembre dernier, la première pierre de son nouveau musée, situé sur la Benjamin Franklin Parkway à Philadelphie. Conçu par les architectes Tod Williams et Billie Tsien, l’édifice doit ouvrir ses portes en 2012. Derek Gillman, président de la fondation, a confié que l’institution avait avancé ses délais de conception et de réalisation pour profiter des devis de construction à la baisse. « C’est vraiment le moment idéal pour se lancer dans des travaux », a-t-il déclaré. En 2004, un juge d’un comté de Pennsylvanie avait donné la permission à la Fondation Barnes d’aller à l’encontre de la volonté de son fondateur, Albert C. Barnes, en quittant la banlieue de Merion pour s’installer au cœur de la ville. L’ensemble du projet a été estimé à 200 millions de dollars (140 millions d’euros). Derek Gillman précise que la fondation a déjà levé 150 millions de dollars. Les architectes ont été sommés de reproduire au détail près les espaces de la résidence Barnes construite en 1925 par Paul Philippe Cret, et d’y ajouter un bâtiment accessible par une cour et comportant divers équipements : un espace pour les expositions temporaires, un auditorium, une librairie et un café.

L’installation originale de Barnes (une série de salles plus ou moins symétriques et dotées d’un ensemble de toiles impressionnistes et postimpressionnistes, d’art non-occidental, de mobilier de Pennsylvanie hollandaise et de ferronnerie américaine et européenne) sera redistribuée à l’identique dans les nouveaux espaces. « C’est un pari un peu fou, aussi bien en terme d’échéance que sur un plan intellectuel, constate Billie Tsien. Il s’agit d’une sorte de puzzle : comment répliquer quelque chose sans perdre en qualité ? » La grande différence apportée par le nouvel édifice sera la lumière naturelle dirigée dans toutes les galeries – à Merion, les rideaux étaient toujours tirés. Les galeries du premier étage seront éclairées grâce à des claires-voies et le rez-de-chaussée sera doté de fenêtres. « L’intention de Barnes, telle qu’elle a été réalisée à Merion par Cret, était de construire le nec plus ultra des musées, avance Derek Gillman. C’est dans cet esprit que nous construisons ce musée du XXIe siècle. »

Archives consultables
Du côté des œuvres, le seul changement concernera le grand tableau de Matisse, La Joie de vivre (1905-1906), qui sera enlevé de l’escalier où les visiteurs peinaient à l’admirer correctement selon Gillman. Le musée de Merion vient de fermer la moitié de ses galeries à l’étage pour entamer la procédure de conservation des tableaux avant le déménagement. Ses portes seront définitivement closes le 1er juillet 2011. Derek Gillman annonce cependant que le bâtiment et ses terrains resteront occupés. Les programmes de l’école d’horticulture seront développés et l’arboretum, auquel n’ont accès que les visiteurs munis de billets, sera plus facilement accessible au public. Les archives de la fondation, qui incluent toute la correspondance du docteur Barnes, seront transférées dans le bâtiment principal et disponibles à la consultation par les chercheurs. « Nous discutons de l’idée d’ouvrir un petit centre de recherches lié aux principaux domaines des collections, l’art et l’horticulture », livre Gillman.

Le musée original sera utilisé pour la conservation des objets – un atelier de conservation sera également intégré au nouveau complexe à Philadelphie. Et le directeur espère que la maison de Merion accueillera au moins quelques expositions. La fondation a également à sa charge Ker-Feal, une ferme du XVIIIe siècle dans le comté de Chester acquise par Barnes en 1940 et intégralement décorée de pièces de mobilier de Pennsylvanie hollandaise et de céramiques rouges américaines. Si l’un des objectifs de la fondation est de lever des fonds pour ouvrir cette maison au public, Gillman précise qu’il ne s’agit pas d’une priorité. Lire également p. 32.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°317 du 22 janvier 2010, avec le titre suivant : La Fondation Barnes crée la polémique

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