Mobilier ancien

Un miracle à l’hôtel Drouot

Une commode Louis XV en laque, estampillée Joseph, a été adjugée 1,6 million d’euros début octobre

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 14 octobre 2009 - 631 mots

PARIS - Le 2 octobre à Drouot, une exceptionnelle commode en laque du Japon d’époque Louis XV (vers 1755), estampillée Joseph, provenant d’une collection particulière française et estimée un million d’euros, était le joyau de la vente de mobilier ancien de la SVV Giafferi.

Cinq enchérisseurs se sont battus pour acquérir cette pièce qui a été adjugée par la jeune commissaire-priseur Nathalie Vermot à un amateur suisse pour 1,6 million d’euros. Selon Camille Bürgi, un des experts de la vente, « c’est la plus haute enchère réalisée à Drouot pour un meuble ancien depuis neuf ans ». Si en mobilier ancien, il est peu courant de voir de si belles enchères, il est encore plus rare qu’elles soient enregistrées hors du réseau de vente de Sotheby’s et de Christie’s.
Un petit incident a cependant émaillé la vente du meuble. Assis dans la salle au premier rang, un des enchérisseurs de la commode a créé un esclandre, la maison de ventes ayant volontairement ignoré sa dernière enchère de 1,7 million d’euros pour la commode qu’il convoitait. Ne comprenant pas ce qui se passait, plusieurs personnes du public se sont indignées de ce manque de considération à l’égard d’un potentiel acheteur.

Un enchérisseur pas commode
Quelques autres témoins ont reconnu l’homme d’affaires iranien Djahanguir Riahi, installé à Paris. Bien qu’il soit l’un des plus grands collectionneurs au monde de mobilier français XVIIIe, ce nonagénaire n’est pas forcément très commode. Si son goût est sûr, ses délais de règlement le sont beaucoup moins. Il y a plusieurs années, l’homme avait acheté une série d’objets en vente publique chez Christie’s. Ses achats impayés l’avaient conduit à revendre une partie de sa collection chez Christie’s, à New York en 2000, pour régler sa dette à la maison de ventes (lire le JDA n° 115, 17 novembre 2000). Plus récemment, il s’était porté acquéreur d’une rare commode en console Louis XV-Louis XVI, estampillée Riesener, le 16 octobre 2007 à Paris chez Sotheby’s, pour la coquette somme de 3,9 millions d’euros, avant d’y renoncer au profit du sous-enchérisseur. Connaissant la réputation du collectionneur, la modeste SVV Giafferi n’a pas voulu prendre un risque qui lui soit hautement préjudiciable, compte tenu de la valeur du meuble. « Ce monsieur n’a pas souscrit à la demande de nous fournir les documents nécessaires pour s’inscrire à la vente de la commode, principalement les deux pièces d’identité, afin que nous soyons couverts par notre assurance en cas de non-paiement, explique Dominique Giafferi, dirigeant de la SVV Giafferi. D’autre part, il a acheté quelques lots pendant cette même vente, mais il ne nous a fourni aucun chèque de garantie. »
Le reste de la vente de prestige, qui comportait beaucoup trop de lots (près de 450) non homogènes en qualité, a été sans éclat. La deuxième meilleure enchère est revenue à un bureau plat d’époque Louis XV, estampillé Criaerd, adjugé 89 200 euros, dans son estimation. Une console palatiale d’époque Empire, estampillée Jacob, en acajou et placage d’acajou et bronze doré, estimée 100 000 à 150 000 euros, ainsi qu’une console d’époque Louis XIV avec son plateau en jaspe de Sicile, attendue pour 80 000 euros minimum, n’ont pas trouvé preneur. Au total, seulement 37 % des lots se sont vendus. « Le marché reste difficile pour les pièces de qualité moyenne, mais on constate néanmoins un regain d’intérêt des amateurs et collectionneurs pour les petits meubles XVIIIe estampillés, montrant une originalité et de belles proportions, comme l’illustrent une petite commode estampillée Boudin vendue au-dessus de son estimation pour 13 600 euros et une charmante table chiffonnière de Pierre Migeon cédée à 7 700 euros », constate Camille Bürgi.

MOBILIER ET OBJETS D’ART
Estimation : 3,5 millions d’euros
Résultats : 2,6 millions d’euros
Nombre de lots vendus/invendus : 163/281
Lots vendus : 37 %

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°311 du 16 octobre 2009, avec le titre suivant : Un miracle à l’hôtel Drouot

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