Katharina Fritsch déchiffrée

Non sans aplomb, l’artiste fait le point à \"mi-carrière\"

Par Philippe Régnier · Le Journal des Arts

Le 2 mai 1997 - 343 mots

Conçue en collaboration avec le Museum of Modern Art de San Francisco (SFMoMA), la première rétrospective consacrée à l’artiste allemande Katharina Fritsch que présente le Musée d’art contemporain de Bâle permet de prendre la mesure d’une œuvre singulière.

BÂLE. Âgée d’un peu plus de quarante ans, Katharina Fritsch a déjà derrière elle une belle carrière internationale, ponctuée par sa participation à la Biennale de Venise en 1995, au sein du pavillon allemand. L’exposition de celle qui vit et travaille à Düsseldorf se présente pourtant sous un jour particulier, surtout pour une artiste aussi jeune. Elle est en effet accompagnée d’une publication regroupant l’ensemble des cent douze œuvres qu’elle a réalisées entre 1979 et 1996 et présentée comme un "catalogue raisonné à mi-carrière" ! Cependant, la manifestation bâloise, à la fois différente et complémentaire de celle de San Francisco, ne propose qu’un ensem­ble représentatif de son travail depuis 1979.

Culture et mass-média
Sa première exposition fut organisée en 1981 à la Kunst­akademie de Düsseldorf, où elle avait été l’élève de Fritz Schwegler. Son œuvre, toujours marquée par une simplicité des formes et la multiplication à l’identique de ses modèles, se situe dans la même veine que le travail d’un certain nombre d’artistes de sa génération, abordant implicitement les rapports entre la culture, la société de consommation et les mass-média, tout en présentant une filiation évidente avec les artistes du Pop Art ou de l’Art minimal. Sans auto-mystification, elle expose par exemple une série de ses Madonnen, des statues de la Vierge représentée traditionnellement, mais peinte en jaune vif. Katharina Fritsch joue également sur la taille des différents éléments, comme dans Man und Maus (1991/92), où une souris démesurée écrase un homme allongé sur son lit. Dans une esthétique proche de la bande dessinée, cette œuvre en trois dimensions, qui aborde de façon très particulière le combat de l’homme contre la nature, offre une image personnelle du cauchemar.

KATHARINA FRITSCH, jusqu’au 31 août, Museum für Gegenwartskunst, St. Alban-Reinweg 60, 4052 Basel, tél. 41 61 272 81 83, tlj sauf lundi 11h-17h. Catalogue, 142 p., 180 F.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°37 du 2 mai 1997, avec le titre suivant : Katharina Fritsch déchiffrée

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