Luxembourg à l’heure de Manifesta

La Biennale européenne occupe la ville

Par Philippe Régnier · Le Journal des Arts

Le 8 juillet 1998 - 566 mots

L’art contemporain prend cette année ses quartiers d’été à Luxembourg. Après Rotterdam en 1996, la seconde édition de Manifesta, la nouvelle Biennale européenne d’art contemporain, se déploie dans différents lieux de la ville, siège de la Cour de justice des Communautés européennes. Quarante-sept jeunes artistes, pour la plupart européens, y présentent leurs axes de recherches.

Alors que certaines grands-messes de l’art contemporain sont remises en cause, notamment au niveau de leur structure, une nouvelle Biennale est apparue sur la scène internationale en 1996. Manifesta développe un concept original d’exposition itinérante, organisée tous les deux ans dans une ville européenne différente par plusieurs jeunes commissaires d’exposition, cette année Barbara Vanderlinden (Bruxelles), Maria Lind (Stockholm) et Robert Fleck (Vienne). La manifestation entend ainsi prendre à son compte l’évolution du paysage contemporain de l’art, la disparition de la notion de “capitale artistique”, à l’heure où la multiplication des réseaux a supprimé le concept de centre au profit de multiples points nodaux. De ce point de vue, la ville de Luxembourg a été bien choisie puisqu’elle n’a pas de tradition artistique internationale, même si, comme le souligne Barbara Vanderlinden, “chaque nouvelle édition se doit de prendre en compte le contexte et de la particularité de la ville qui l’accueille”.

Les trois commissaires ont prospecté pendant dix mois pour finalement inviter quarante-sept artistes, originaires de quarante et un pays d’Europe. Tout comme l’exposition “Cities on the move 2” à Bordeaux (lire page 24), Manifesta 2 est le fruit de visites d’ateliers et d’expositions dans différents centres urbains européens, et revendique même le caractère subjectif du regard de ses commissaires. Outre les Français Dominique Gonzalez-Foerster et Pierre Huyghe, l’exposition réunit des artistes tels que Eija-Liisa Ahtila, Christine Borland, Maurizio Cattelan, Carsten Höller, Elke Krystufek, Peter Land, Michel Majerus, Honoré d’O, Tobias Rehberger, Bojan Sarcevic, Eran Schaerf, Andreas Slominski, ou le régional de l’étape Bert Theis. “Nous avons voulu aborder différentes problématiques, notamment le rôle et la fonction de la peinture aujourd’hui, déclare Barbara Vanderlinden. Pour nous, il était important de chercher à comprendre l’influence de la peinture et de son histoire sur l’art contemporain, en prenant aussi en compte les autres moyens d’expression. Dans la production actuelle, je pense qu’il n’a pas de grandes inventions au niveau esthétique, stylistique ou théorique, mais on peut observer l’influence de l’évocation de l’histoire des arts plastiques et la recherche du rôle de l’œuvre dans la pratique artistique. Dans ce sens, la peinture n’est pas totalement morte.” Réparties dans plusieurs lieux – le Casino Luxembourg/Forum d’art contemporain, le CPCA, le Musée d’histoire de la Ville de Luxembourg, le Musée national d’histoire et d’art, et la Villa Vauban/ Galerie d’art de la Ville de Luxembourg –, la plupart des œuvres ont été réalisées spécialement pour la manifestation. Un hommage est également rendu au travail de Felix Gonzalez-Torres, décédé en 1996 à Miami, dont la démarche a une influence non négligeable sur l’œuvre de quelques jeunes artistes.

A voir

MANIFESTA 2, jusqu’au 11 octobre, tél. 352 22 50 45, tlj sauf lundi 10h-18h, jeudi 10h-20h, sauf Musée national d’histoire et d’art, entrée 53 F : Casino Luxembourg-Forum d’art contemporain, 41 rue Notre-Dame ; CPCA, 12 rue du Puits, Luxembourg-Bonnevoie ; Musée d’histoire de la Ville de Luxembourg, 14 rue St-Esprit ; Musée national d’histoire et d’art, Marché-aux-Poissons ; Villa Vauban-Galerie d’art de la Ville de Luxembourg, 18 rue Emile-Reuter ; et différents lieux publics dans la ville de Luxembourg.

A lire

Manifesta 2, catalogue, 288 p., 100 ill. en couleurs, 164 F.
Internet : www.men.lu/manifesta2/manifesta2.html

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°64 du 8 juillet 1998, avec le titre suivant : Luxembourg à l’heure de Manifesta

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