Profession

Conseiller pour les arts plastiques en DRAC

Par Sophie Flouquet · Le Journal des Arts

Le 29 octobre 2008 - 686 mots

Représentants de l’État en région, ces experts de la création contemporaine doivent conjuguer ancrage territorial et dimension nationale.

« Nous ne sommes ni critiques d’art ni commissaires d’exposition, rappelle Michel Griscelli, conseiller pour les arts plastiques en Rhône-Alpes, mais plutôt des catalyseurs ou des passeurs ». Relais de l’État en région, les conseillers pour les arts plastiques arborent, comme leurs homologues des musées (lire le JdA n°157, 25 octobre 2002) ou du livre également présents dans les directions régionales des affaires culturelles (DRAC), de multiples casquettes.

Provenant d’horizons culturels très divers, ils appartiennent aujourd’hui, pour la plupart d’entre eux, à un corps de la fonction publique qui entretient des liens de consanguinité avec celui des inspecteurs de la Délégation aux arts plastiques (DAP) (lire le JdA n°278, 28 mars 2008). Ces derniers sont leurs interlocuteurs directs au sein de l’administration centrale. Quelques conseillers demeurent toutefois des agents contractuels. Ils ont, en général, été recrutés avant la création du concours.

Placés sous l’autorité du directeur régional des affaires culturelles, les conseillers sont chargés de mettre en œuvre la politique de l’État en faveur des arts plastiques et de la création visuelle au niveau régional. Vaste sujet à en croire la liste de leurs missions : lancement des programmes de commande publique et du 1 % artistique, soutien direct aux artistes (subventions, aides à l’installation et à l’insertion professionnelle), mais aussi aux réseaux de diffusion et aux écoles d’art, conseil aux collectivités, sans oublier les missions transversales. « C’est un métier passionnant et éprouvant », confirme Anne Dallant, conseillère pour les arts plastiques en Bourgogne. Car le préalable est de connaître très finement la réalité artistique du territoire, tout en restant connecté à l’actualité nationale et internationale. « Il nous faut avoir la tête hors de l’eau pour avoir une vision globale et garder en mémoire les préconisations nationales, poursuit Anne Dallant, mais aussi jouer un rôle de sismographe du terrain pour connaître tout ce qui se passe dans la région ». Ce qui consiste à naviguer entre les grands événements, de la biennale de Venise à la FIAC, mais aussi entre les réseaux de diffusions régionaux, centres d’art, écoles et galeries et Fonds régionaux d’art contemporain, sans oublier les ateliers d’artistes.

Les déplacements pour connaître la réalité du terrain sont donc fréquents, surtout lors d’une prise de poste. « On change presque de métier en fonction des régions, note Michel Griscelli, qui a été conseiller en Corse et en Alsace avant d’arriver en Rhône-Alpes, car la mise en œuvre des priorités diffère en fonction des régions et des interlocuteurs. La connaissance du terrain est un travail de départ passionnant. Cela nous permet ensuite de proposer des dépenses en connaissance de cause ».

Seuls par région, à l’exception des régions Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d’Azur, les conseillers travaillent donc en permanence contre la montre. « On nous recrute sur notre enthousiasme », précise Michel Griscelli. La nouvelle donne administrative ne leur facilite pourtant guère la tâche. Mise en place de la LOLF (Loi organique relative à la loi de finances) et de ses indicateurs de performance, réorganisation administrative du ministère de la Culture et des DRAC dans le cadre de la révision générale des politiques publiques (RGPP)… Autant de nouveautés qui alourdissent les tâches administratives, financières et juridiques des conseillers, auxquels ces derniers ne sont pas toujours formés. « Notre temps est de plus en plus morcelé », regrette Michel Griscelli. Pourtant, une autre menace pèse aujourd’hui sur cette exception française et jacobine, créée pour assurer un accès égal à la création contemporaine sur l’intégralité du territoire. Un rapport récent préconise, en effet, de privilégier la polyvalence des conseillers au sein des DRAC. En d’autres termes, les conseillers sectoriels pourraient devenir des hommes-orchestres, chargés de la politique des arts plastiques, mais aussi de celle des musées et du livre. Pour avoir cumulé ces trois rôles en même temps en Corse, Michel Griscelli met en garde contre cette perspective. « À trop vouloir multiplier les approches diverses sous un même métier, on perd la capacité d’analyse et d’expertise, déplore-t-il. Cela revient à nier l’idée d’une fonction publique de métier. »  

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°290 du 31 octobre 2008, avec le titre suivant : Conseiller pour les arts plastiques en DRAC

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