Restauration

Marie-Antoinette

Le Petit Trianon de fond en comble

Par Daphné Bétard · Le Journal des Arts

Le 1 octobre 2008 - 681 mots

Au terme d’une année de travaux de restauration, entièrement fnancés par une opération de mécénat, le Petit Trianon de Versailles a rouvert ses portes au public. Outre les appartements royaux remeublés avec des pièces originelles ou de la même époque, le visiteur peut y découvrir des espaces jusque-là interdits d’accès.

VERSAILLES - Construit par Louis XV au cœur du Domaine de Versailles pour la marquise de Pompadour – qui ne le verra jamais achevé –, puis offert par Louis XVI à Marie-Antoinette, le Petit Trianon a rouvert ses portes au public après un an de restauration. Les travaux, d’un coût total de 5 millions d’euros, ont été financés par le mécénat de l’entreprise Montres Bréguet – pour la petite histoire, le groupe était déjà horloger de la cour et Marie-Antoinette lui commanda une montre des plus luxueuses en 1783. L’édifice néoclassique français, élaboré entre 1762 et 1768 par Ange-Jacques Gabriel, premier architecte du Roi, composé de trois niveaux principaux et d’un entresol, est à présent entièrement offert à la visite. Les décors ont été restaurés ou restitués afin de redonner au lieu son aspect à la veille de la Révolution française. C’est-à-dire, en prenant en compte les interventions opérées par Richard Mique, nouvel architecte du Roi, à la demande de Marie-Antoinette, notamment le cabinet des « glaces mouvantes ». Créé en 1776, ce système ingénieux permettait à la Reine de s’isoler dans son boudoir, par un mécanisme de poulies, aujourd’hui révélé aux visiteurs dans la pièce située juste en dessous. Au Petit Trianon, la reine fit travailler de prestigieux créateurs comme le menuisier Jacob, le sculpteur Rousseau, le bronzier Thomire, les ébénistes Riesener et Schwerdfeger. Les appartements ont été remeublés avec des mobiliers d’époque, mais aussi avec certains éléments d’origine retrouvés aux termes de longues recherches. L’idée première était d’évoquer les fonctions initiales de chacune des nombreuses pièces, à l’instar de la salle de l’argenterie où sont exposées l’argenterie de la chapelle et des collections de porcelaines.

Une série de jardins
Au niveau de l’entresol, inédit du public, la bibliothèque aménagée par Richard Mique, les logements de la Dame d’honneur et de la première femme de chambre se visitent par petits groupes avec des conférenciers. Au dernier niveau du bâtiment, les trois pièces principales de l’appartement du Roi et les cinq autres appartements « de seigneurs » sont eux aussi ouverts pour la première fois. Aux étages nobles, l’antichambre expose le portrait de Marie-Antoinette à la rose d’Élisabeth Vigée-Lebrun, tandis que dans la grande salle à manger sont accrochés les tableaux commandés à Doyen par Louis XV en 1764 sur les thèmes de la chasse ou de la moisson. Dans la chambre de la Reine, dont les plafonds ont été abaissés pour créer l’entresol, le mobilier Jacob « aux épis » a été en partie restitué. Certaines pièces ont été remeublées comme au XIXe siècle, afin d’évoquer les nouveaux aménagements que connut le pavillon après la Révolution. D’abord destiné à loger la sœur de Napoléon 1er, il fut offert par Louis-Philippe à son fils, le duc d’Orléans, avant que l’impératrice Eugénie, épouse de Napoléon III, ne réhabilite l’édifice avec une vaste exposition sur Marie-Antoinette en 1867.
Conçu d’abord comme un lieu de repos et d’expérimentations botaniques, le Petit Trianon n’était, au commencement, qu’une série de jardins jusqu’à ce que Gabriel ne construise le Pavillon français en 1750 consacré aux jeux et collations. Celui-ci aussi a pu être restauré dans son ensemble, des sols en marbre au plafond, sans oublier ses délicats lambris, décors sculptés et miroirs. Le Jardin français et son pavillon, le Jardin anglais et ses fabriques, le Théâtre de la Reine et le Hameau de la Reine, et, bien sûr, le Petit Trianon forment le domaine de Marie-Antoinette, jadis libre d’accès, aujourd’hui accessible au prix de 9 euros en haute saison et 5 euros l’hiver.

Château de Versailles, Domaine de Marie-Antoinette, tél. 01 30 83 78 00, tlj 12h-19h30 et 17h30 en basse saison. À lire : Christian Duvernois et François Halard (photographies), Trianon : le domaine privé de Marie-Antoinette, éditions Actes Sud, Arles, 2008, 224 p., 49 euros.

Le Petit Trianon

- Maîtrise d’œuvre : Pierre-André Lablaude, architecte en chef des Monuments historiques
- Conservateur en chef : Pierre Arizzoli-Clémentel
- Budget : 5 millions d’euros

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°288 du 3 octobre 2008, avec le titre suivant : Le Petit Trianon de fond en comble

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