Palais ducal : acte I

Le Journal des Arts

Le 3 mars 2000 - 350 mots

La dernière restauration de la façade du Palais des Doges, ce monument emblématique de l’ancienne République vénitienne, datait de 1875. Une nouvelle campagne a donc été entreprise ; sa première partie, qui vient de se terminer, a révélé des traces de décor d’une richesse insoupçonnée.

VENISE (de notre correspondante) - La restauration de la façade ouest du Palais des Doges, donnant sur la Piazzetta, vient de s’achever, moins d’un an et demi après l’inauguration de la première tranche. L’opération, d’un coût total de 1,8 milliard de lires (plus de 6 millions de francs), a révélé un état de détérioration plus préoccupant que prévu, touchant tant le revêtement en pierre que les parties sculptées, comme les chapiteaux, les colonnes et les arcades. Mais la dernière restauration systématique du palais remontait à 1875.

Une fois enlevée la patine noire, les parties menaçant de s’effondrer ont été consolidées, les pierres débarrassées des herbes et autres micro-organismes, les inesthétiques rebouchages en ciment remplacés par de nouveaux enduits en harmonie avec les différents coloris et, pour finir, une couche de protection a été appliquée. Ces travaux ont en outre permis de mener une enquête approfondie sur la composition des pierres qui confèrent sa polychromie magique à l’ensemble. Sur cette façade du XIVe siècle, ont été retrouvées des traces de rouge ancien, d’une pierre provenant de la presqu’île de Mani dans le Péloponnèse, de rouge “Occhio di Pavone” venant de Bithynie, en Turquie, et également de vert “Cipillino” de l’Eubée. La découverte de traces de décoration sur les corniches en pierre d’Istrie des deux dernières grandes fenêtres à droite est encore plus surprenante. Ces ornements sont composés de motifs géométriques et floraux aux couleurs très vives (lapis-lazuli, cinabre, ocre jaune et rouge), enrichis d’or pur à 98 %. En raison du mauvais état de conservation, l’ensemble a dû être recouvert d’une couche d’enduit à une certaine époque, sans doute ancienne. Depuis, débarrassés des échafaudages, tous les ornements des chapiteaux et des grandes arcades ont réapparu. Les restaurateurs vont maintenant travailler sur la façade faisant face à la lagune, dont l’exposition laisse supposer une plus grande détérioration.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°100 du 3 mars 2000, avec le titre suivant : Palais ducal : acte I

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