UBS : « un stimulant culturel »

Le Journal des Arts

Le 25 août 2000 - 798 mots

La Suisse offre un bel exemple d’engagement en faveur de l’art avec la collection de l’UBS. Riche de quelque 35 000 œuvres (gravures et autres multiples inclus), celle-ci résulte de la réunion, ou fusion, des collections respectives de l’Union de Banque Suisse et de la Société de Banque Suisse. Les deux grandes banques, qui aujourd’hui n’en forment qu’une, avaient chacune entamé une collection d’art contemporain voici une vingtaine d’années. Résultat, un ensemble d’art suisse et international de qualité, que ses responsables envisagent d’épurer en procédant, pour la première fois, à la vente d’un certain nombre de pièces de moindre importance ou qui ne correspondent plus à l’orientation de la collection.

Président de la commission d’art de l’UBS et directeur de Wolfsberg, centre culturel et de rencontres que l’UBS a aménagé dans une ancienne maison de maître à Ermatingen, au bord du lac de Constance, Toni Schönenberger explique que la banque exerce une politique de mécénat depuis 1972. Constituée de responsables de la banque, ponctuellement associés à des spécialistes des milieux de l’art (par exemple le directeur du Fotomuseum de Winterthur pour un projet concernant la photographie), la commission a pour seul critère la qualité pressentie ou reconnue du travail du plasticien auquel il est commandé une ou plusieurs œuvres, souvent monumentales. Des collaborations sur des projets architecturaux ont ainsi été menées avec Pipilotti Rist, Hamish Fulton, John M Armleder, Sol LeWitt ou Jenny Holzer. Aucun concours n’est organisé.

Quelle est donc la ligne de la collection, quelle est la philosophie qui la sous-tend ? “Nous croyons qu’une entreprise globale telle qu’une banque a une responsabilité vis-à-vis des jeunes artistes ; c’est pourquoi nous concentrons notre effort sur les plasticiens âgés en gros de trente à cinquante ans. De plus, nous tenons à investir pour la décoration de nos agences, en Suisse et à l’étranger. L’environnement artistique crée un climat d’innovation, un stimulant culturel qui agit sur les discussions entre nos collaborateurs et la clientèle, surtout dans le secteur du ‘private banking’. Notre intention est de présenter un art de haute qualité dans tous les endroits publics de notre banque. Chaque succursale de l’UBS possède des œuvres contemporaines, chaque employé pouvant choisir des estampes originales pour son poste de travail. L’ensemble des tableaux, sculptures, installations et estampes de toutes les succursales forment la collection. Aucune œuvre n’est conservée dans des réserves.”

Si la collection de l’UBS n’a jamais fait l’objet d’une exposition, sélective mais représentative de son ensemble, des présentations monographiques ont été organisées dans diverses succursales, ainsi qu’à Ermatingen. Il est actuellement question de monter une grande exposition de la collection, si possible dans un musée public. La banque prête d’ailleurs régulièrement des œuvres à des musées, dans le cadre d’expositions temporaires, cinq à dix fois par an en moyenne, en Suisse comme à l’étranger.

Certains plasticiens bénéficient d’un suivi de la banque – ou est-ce la banque qui bénéficie de leur confiance ? Mais alors que par le passé on confiait à tel ou tel artiste le soin de concevoir une œuvre pour un lieu donné, notamment pour des bâtiments en cours de construction, aujourd’hui, au moment où la banque se défait de succursales contenant des œuvres d’art difficiles à transférer, la visite des ateliers et des galeries, avec un achat à la clé, est plus fréquente. Et les pièces acquises sont d’un format moindre qu’il y a dix ans. Reste la question de savoir jusqu’à quel point cette collection, que l’UBS se refuse à estimer, constitue pour l’établissement bancaire suisse un investissement. “Pourquoi pas ? Mais cet aspect n’est pas prioritaire”, répond Toni Schönenberger, qui résume à nouveau les motivations de la commission : la promotion de l’art contemporain, au moment où les instances publiques déficitaires réduisent leurs subventions, la décoration des bâtiments, comprise comme un instrument de marketing, enfin l’enrichissement culturel du monde où l’on vit.

Les banques cantonales ou régionales
De leurs côtés, les banques cantonales ou régionales s’efforcent, à leur échelle, de développer des collections. Leurs achats impliquent prioritairement des artistes travaillant dans le canton ou sur l’ensemble du territoire suisse. Certains de leurs dirigeants comptent des passionnés de l’art contemporain, tel Carlo von Castelberg, cofondateur de la Banque du Gothard qui a aussi présidé la Société des beaux-arts zurichoise, organe directeur du Kunsthaus de cette ville. Elles veulent elles aussi soutenir les artistes, offrir un “motif de réflexion” au personnel et aux visiteurs de la banque en les invitant à dialoguer avec des œuvres parfois difficiles. Les dessins et les aquarelles se voyant écartés à cause de leur sensibilité à la lumière, la politique d’achat est déterminée par la nécessité d’accrocher les œuvres dans des bureaux. Aux côtés d’artistes d’audience régionale se retrouvent les noms de Mario Merz, de Jean Tinguely, de Franz Eggenschwiler, de Peter Stämpfli, d’Olivier Mosset ou de Miriam Cahn.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°109 du 25 août 2000, avec le titre suivant : UBS : « un stimulant culturel »

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