Musée

Beaux-arts

Belfort esquisse son musée

Par Louise Grislain · Le Journal des Arts

Le 13 février 2008 - 680 mots

BELFORT

La Ville vient de se doter d’un nouvel espace de présentation des collections, première étape avant un futur bâtiment prévu pour 2013.

BELFORT - Jusqu’ici conservées dans des conditions inadaptées, les collections de beaux-arts de la Ville de Belfort (Territoire de Belfort) bénéficient d’un nouvel espace de présentation. Celui-ci est situé dans la Tour 41, l’un des trois édifices conçus par Vauban et un élément essentiel de l’enceinte fortifiée de la ville. Les deux autres tours sont consacrées, pour l’une à l’accueil d’expositions temporaires, pour l’autre à un dépôt d’objets archéologiques.

Les collections se déploient sur les 350 mètres carrés de la salle annulaire du rez-de-chaussée du bâtiment. Réalisé avec un budget relativement modeste, à hauteur de 120 000 euros, l’aménagement se joue élégamment des contraintes imposées par un plan pentagonal, une voûte en plein cintre et un imposant pilier central. La muséographie reflète le parti pris de Christophe Cousin, conservateur des musées de Belfort, un cheminement articulé autour de cinq thèmes : l’allégorie, le sentiment religieux, le paysage, le portrait et l’évocation de l’œuvre du sculpteur Camille Lefèvre. Dans une scénographie recourant à la couleur et au multimédia, sont réunies cent vingt œuvres, dont près de 30 % d’entre elles n’ont jamais été révélées au public, ou seulement dans le cadre d’expositions temporaires. Outre le dévoilement des récentes acquisitions, la volonté affirmée est de proposer un regard nouveau sur des œuvres sorties des réserves et restaurées pour l’occasion.

Après les séquences consacrées à l’allégorie et au sentiment religieux, dans lesquelles figurent plusieurs toiles de François Joseph Heim, peintre belfortain contemporain de Delacroix, le visiteur accède à la section la plus importante du parcours intitulée « Nature et Société ». Le fleuron en est une belle et étonnante toile de Gustave Doré, Entre ciel et terre. Plus loin, l’espace dévolu aux portraits offre des confrontations entre des œuvres  datées du XVIe au XXe siècle, à l’instar d’un Eugène Carrière placé en vis-à-vis du Béla Bartók d’Erró. Le musée rend finalement hommage à la figure de Camille Lefèvre, sculpteur, peintre et céramiste, dont le fonds a fait l’objet d’un important don par son épouse originaire de Belfort. Ami de Dalou ou Rodin, Lefèvre a rassemblé au fil des années une collection construite au gré des rencontres, comprenant aussi bien les œuvres de ses contemporains que de l’art chinois ou encore des estampes japonaises. Cette partie est aussi l’occasion d’une démonstration pédagogique sur la pratique d’un artiste au XIXe siècle.

Belfort 2013
L’opération s’inscrit en préfiguration du grand musée voulu par l’actuelle équipe municipale, et dont le projet scientifique et culturel a été adressé à la direction des Musées de France, laquelle doit maintenant donner son feu vert. Il prévoit à l’horizon 2013 la construction d’un bâtiment de près de 4 500 mètres carrés pour un budget de 12 millions d’euros, lequel serait situé en plein cœur de Belfort, face à la porte de Brisach. Christophe Cousin, qui souhaiterait qu’un architecte de renommée internationale attache son nom à ce projet de grande envergure, cite ainsi Renzo Piano ou Herzog & de Meuron.

Le projet du futur musée reste cependant suspendu aux échéances électorales. Si son avenir semble assuré en cas de victoire de l’actuel maire, Étienne Butzbach (divers gauche), il est plus incertain dans le cas contraire, les trois autres candidats en lice ne se prononçant pas sur le sujet dans leur programme. L’opposition n’avait cependant pas élevé la voix contre le projet lors de son examen devant le conseil municipal. Il est vrai que l’entreprise, si elle était menée à son terme, créerait pour la ville un réel pôle d’attraction, l’actuelle dissémination des ressources culturelles ne jouant probablement pas en leur faveur. Ainsi de la très belle donation Maurice Jardot, située pour l’instant dans une petite maison de maître aux espaces joliment remodelés par Pernette Perriand, mais qui mériterait un environnement à la hauteur de la qualité de sa collection.

MUSÉE DES BEAUX-ARTS, rue Georges-Pompidou, 90000 Belfort, tél. 03 84 22 16 73, tlj sauf mardi, du 1er octobre au 31 mai 10h-12h, 14h-17h, du 1er juin au 30 septembre 10h-18h.

MUSÉE DE BELFORT

- Architectes : Cabinet Pronaos et Philippe Blondin
- Scénographe : Didier Blin
- Montant des travaux : 120 000 euros HT
- Nombre d’œuvres : 120

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°275 du 15 février 2008, avec le titre suivant : Belfort esquisse son musée

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