Emprunts russes

L’Ermitage doit réviser ses ambitions

Par Martin Bailey · Le Journal des Arts

Le 11 janvier 2002 - 458 mots

Malgré sa politique active, le Musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg se heurte au manque d’aide de l’État russe. Programmée pour les années à venir, l’ouverture de ses deux extensions semble bloquée, faute de financement suffisamment.

SAINT-PÉTERSBOURG - Situé dans les faubourgs, au nord de Saint-Pétersbourg, à Staraya Derevnya, l’immense annexe de l’Ermitage attend toujours les fonds du gouvernement russe pour être aménagée. Une fois terminé, ce bâtiment de six étages devrait abriter le mobilier ancien, les peintures provenant des réserves du musée, des fresques et des calèches, mais aussi des ateliers de restauration. “Pendant plusieurs années, on nous a promis des fonds alloués sur le budget d’État et de ce fait, nous avons ordonné la poursuite des travaux. Mais l’argent n’est jamais arrivé et nous nous sommes endettés”, explique le directeur de l’Ermitage, Mikhaïl Piotrovski dont l’établissement a déjà contracté une dette de 7 millions d’euros. L’argent destiné à couvrir ces créances a été promis cette année, la question est actuellement débattue au Parlement. Si le financement est approuvé, le nouveau bâtiment pourrait ouvrir ses portes aux visiteurs en 2003. Cependant, le conflit en Afghanistan fait craindre que l’excédent monétaire n’aille directement dans le budget de l’armée.

L’échec ne serait malheureusement pas une première pour l’Ermitage, dont l’autre grand projet – qui vise à l’extension de ses locaux par l’intégration du bâtiment de l’état-major, séparé du musée par un square – semble lui aussi menacé. Au départ, Mikhaïl Piotrovski espérait trouver un partenaire financier qui aurait pris en charge la construction d’un hôtel haut de gamme prévu dans le projet, afin de financer en partie les salles du musée. Cette solution semble aujourd’hui de plus en plus menacée du fait de restrictions émanant des autorités en charge de la protection des monuments historiques. Les travaux du bâtiment de l’état-major sont actuellement financés par le Guggenheim, et on espère que le nouveau Musée Guggenheim de Las Vegas parviendra à réunir les 1 à 2 millions de dollars nécessaires chaque année. Mais là aussi, la conjoncture laisse peu d’espoir à Mikhaïl Piotrovski. Toutefois, le projet devrait également recevoir le soutien de la Banque mondiale qui participe à la réhabilitation de Saint-Pétersbourg.

Le musée paraît condamné à pallier la justesse de l’État par des appuis extérieurs, importants, mais souvent insuffisants. Le dernier bilan financier de l’Ermitage, qui vient tout juste d’être publié, indique que l’année dernière, l’État a assuré 45 % de ses revenus, soit 14 millions d’euros. Quelque 17 millions supplémentaires provenaient de plusieurs autres sources parmi lesquelles les expositions itinérantes à l’étranger, qui ont rapporté 3 millions. Mais bien que la main-d’œuvre soit relativement peu chère en Russie, cette somme reste modeste pour ce musée qui est l’un des plus grands du monde, avec près de 3 millions d’objets.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°140 du 11 janvier 2002, avec le titre suivant : Emprunts russes

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