Le MoMA vend ses Atget

Le musée de New York pratique un turn-over de ses fonds

Le Journal des Arts

Le 3 mai 2002 - 552 mots

Le dernier chapitre de la nouvelle politique de vente des musées vient d’être écrit par le Museum of Modern Art (MoMA) de New York, qui va se défaire de son trésor de 5 000 photographies d’Eugène Atget et vendre quelque mille duplicatas ou triplicatas.

NEW YORK (de notre correspondante) - L’ensemble des œuvres que le MoMA s’apprête à vendre est estimé à 19 millions de dollars (21,32 millions d’euros). “C’est la troisième plus grande collection d’Atget dans le monde après la France”, nous a déclaré Peter Galessi, conservateur en chef du département de photographie au MoMA. C’est aussi la plus grande vente de ce genre depuis plus de trente ans. En 1968, le MoMA a acheté 5 000 images de la photographe américaine Berenice Abbott qui provenaient de la succession de l’artiste, grâce au marchand parisien Julien Lévy. “Il est d’usage pour nous de nous séparer de pièces, même lorsqu’elles sont de grande qualité, afin d’acheter des photographies chères et plus anciennes”, explique Peter Galessi. En avril, le MoMA a vendu 255 lots, comprenant des œuvres de Man Ray et de Walker Evans, chez Sotheby’s, pour 4 millions de dollars (4,49 millions d’euros), établissant ainsi un record mondial pour un propriétaire de collection de photographies. Pour Peter Galessi, il n’est pourtant pas le moment de parler de futures acquisitions. David Tunick, marchand d’œuvres anciennes sur papier, est en charge de la vente. Il dit n’avoir vendu que trois des photographies de son stock, dont l’une est une œuvre majeure de Man Ray, acquise par le Boston Museum of Fine Arts il y a plus de dix ans. Peter Galessi affirme que le marchand new-yorkais a été choisi pour sa solide réputation. “Un de ses atouts est de ne pas être perçu comme faisant montre de favoritisme ou d’animosité dans le monde de la photographie”, estime-t-il, avant d’ajouter qu’un grand nombre de marchands et de collectionneurs ont approuvé ce choix. De plus, David Tunick a déjà fait ses preuves après avoir vendu des pièces à plus de cent musées aux États-Unis et dans le monde. Le spécialiste du MoMA espère vendre à vingt musées ou davantage. Ces derniers pouvaient soumettre une liste des photographies qu’ils souhaitaient acquérir avant le 29 avril. Les prix s’échelonnent de 3 000 à 150 000 dollars, mais selon David Tunick, près de 80 % des images sont évaluées à plus de 25 000 dollars. Il estime qu’un pourcentage non négligeable, proche de 80 % de la valeur totale, sera acquis par de grandes institutions, des musées régionaux ou d’université. “Nombreux sont les départements de photographie qui se sont ouverts ces cinq dernières années, et il y a donc un haut niveau d’intérêt pour Atget”, a affirmé David Tunick à Maastricht, où il participait à Tefaf. La collection compte 25 tirages d’une valeur de 100 000 dollars et plus, 60 tirages allant de 50 000 à 95 000 dollars. L’image la plus chère s’intitule Boulevard de la Chapelle, de 1921, de la série “Paris pittoresque”. Selon David  Tunick, les scènes de parc seront très demandées. Le marchand pourrait réaliser un solide bénéfice, soit environ un million de dollars car les acheteurs doivent lui verser une commission de 5 %. “Il faudrait des journées de plus de 24 heures pour répondre aux appels téléphoniques demandant les images d’Atget”, a-t-il ajouté.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°148 du 3 mai 2002, avec le titre suivant : Le MoMA vend ses Atget

Tous les articles dans Marché

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque