Profession

Décorateur, l’art de marier les contraires

Le Journal des Arts

Le 7 mars 2003 - 790 mots

Dans le cadre de notre rubrique consacrée à un métier de la culture, nous vous invitons aujourd’hui à découvrir celui de décorateur.

Qu’est-ce qu’un décorateur ? “Un serviteur d’âme capable de débusquer les rêves secrets de ses clients, mais surtout un ami et un confident qui leur apporte le bien-être et un confort élégant”, répond le célèbre décorateur belge Christophe Decarpentrie. Pour Jacques Garcia, son non moins célèbre homologue français, “avant de s’atteler à la décoration proprement dite, l’objectif est de retrouver l’âme des volumes et la spiritualité des surfaces, car il ne peut y avoir de beau décor sans belle architecture”. Bien loin de l’image de l’“accrocheur de rideaux”, le décorateur peut ainsi être amené à travailler tant sur l’enveloppe d’une pièce – en jouant sur les étoffes et les revêtements ou en combinant meubles et objets d’art – que sur ses volumes. C’est ainsi que Jacques Garcia mais aussi Christophe Decarpentrie, François-Joseph Graff ou Jacques Grange conçoivent leur métier, conjugant les talents d’architecte d’intérieur et de décorateur. La différenciation effectuée entre ces deux professions est d’ailleurs loin d’être évidente, comme le rappelle la Société d’encouragement aux métiers d’art (SEMA) : “Un décorateur ne se contente bien souvent pas de choisir les meubles ou de conseiller un client. Et il est également fréquent qu’un architecte se spécialise dans l’aménagement intérieur.”
Pouvant intervenir sur des lieux très variés – maisons individuelles, commerces, bureaux, théâtres, musées... –, ce professionnel de l’aménagement doit faire preuve de qualités d’écoute et de psychologie, comprendre ce que désire son client même si celui-ci n’est pas capable de l’exprimer. “En début de carrière, on a tendance à projeter ses propres goûts sur ceux des autres. Puis on se rend compte qu’il faut arriver à guider ses clients en fonction de leurs propres aspirations”, souligne Jacques Garcia. Et d’ajouter : “C’est un métier difficile dans la mesure où il suppose à la fois une hypersensibilité et des aptitudes à la gestion et à la négociation financière, deux qualités en apparence incompatibles.” À la tête d’une entreprise composée aujourd’hui de cinquante personnes, le décorateur parle en connaissance de cause.
Même analyse du côté de Christophe Decarpentrie, pour qui un bon décorateur doit être en mesure d’allier les contraires : la pugnacité et l’affabilité, le désintéressement et le sens des affaires, la vision d’ensemble et le goût du détail. Autres ingrédients de réussite : un carnet d’adresses bien fourni, surtout lorsque l’on exerce en indépendant, et une solide formation dans les métiers d’art, de préférence dans l’une des dix écoles dont le diplôme est actuellement reconnu par le Conseil français des architectes d’intérieur (lire l’encadré). D’autres voies sont néanmoins possibles, comme en témoigne le parcours d’Hubert Le Gall. Diplômé en gestion, cet ensemblier créant des meubles à l’échelle d’une pièce ou d’une demeure est arrivé à la décoration par goût de la sculpture et du mobilier. Autodidacte, il dessine pour des particuliers des objets mariant fonctionnalité et créativité : parterre de fleurs en bronze faisant office de table et de rangement pour les livres, série de miroirs pouvant s’assembler indéfiniment, fauteuils, pots de fleurs, etc.
Enfin, la culture générale est un atout essentiel. “Il faut pouvoir passer d’une époque à une autre et jouer sur tous les styles”, estime Hubert Le Gall, et être à même de repérer une œuvre intéressante chez un antiquaire. Une éducation du regard qui passe par les études mais surtout, comme le souligne Christophe Decarpentrie, par “les voyages, les visites de musées et de châteaux, les amitiés et les rencontres...”

Les écoles préparant au métier de décorateur/architecte d’intérieur

Voici les dix écoles dont le diplôme est actuellement reconnu par le Conseil français des architectes d’intérieur (CFAI) : - L’École nationale supérieure des arts décoratifs (Énsad), 31, rue d’Ulm, 75005 Paris, tél. 01 42 34 97 00. - L’École Boulle, 9, rue Pierre-Bourdan, 75012 Paris, tél. 01 43 46 67 34. - L’École nationale supérieure des arts appliqués et des métiers d’art(Ensaama), 63/65, rue Olivier-de-Serres, 75015 Paris, tél. 01 53 68 16 90. - L’École Camondo, 266, bd Raspail, 75014 Paris, tél. 01 43 35 44 28. - L’École supérieure d’arts graphiques et d’architecture intérieure (Ésag-Penninghen), 29/33, rue du Dragon, 75006 Paris, tél. 01 42 22 55 07/08. - L’Académie Charpentier, 2, rue Jules-Chaplain, 75006 Paris, tél. 01 43 54 31 12. - L’École supérieure des beaux-arts de Toulouse, 5 quai de la Daurade, 31 000 Toulouse, tél. 05 61 22 29 89. - L’École régionale des beaux-arts d’Angers, Hôtel d’Ollone, 72, rue Bressigny, 49 100 Angers, tél. 02 41 24 13 50. - Lycée La Martinière-Terreau, 18, place Rambaud, 69 283 Lyon cedex 01, tél. 04 78 28 06 81. - L’École Jean-Cottin, 14, rue Gorge-de-Loup, 69 009 Lyon, tél. 04 72 53 72 34.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°166 du 7 mars 2003, avec le titre suivant : Décorateur, l’art de marier les contraires

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