Fondation

Un condottiere au Palazzo Grassi ?

Le Journal des Arts

Le 1 avril 2005 - 583 mots

Quelques jours après avoir avoir acheté le Palais à Fiat, le casino de Venise l’a revendu à un homme d’affaires.

VENISE - L’homme d’affaires italien Guido Angelo Terruzzi est, par l’intermédiaire de la Fondation qui porte son nom, le nouveau propriétaire du Palazzo Grassi. Il vient en effet d’acquérir 95 % des parts de l’institution pour un total de 28 millions d’euros. En l’espace de vingt jours, ce haut lieu d’expositions en Italie est passé des mains de Fiat à celles du casino municipal de Venise, puis à celles de Terruzzi. La commune de Venise devrait détenir les 5 % de parts restants.
L’accord, qui a été conclu  le 18 février après de longues et difficiles négociations sur la répartition des espaces du palais, attribue à Terruzzi le dernier étage et l’étage noble [premier étage], où l’homme d’affaires a l’intention d’exposer sa collection d’art. Un autre étage et la mezzanine seront réservés aux expositions temporaires. Terruzzi a également l’intention de faire rénover l’annexe du théâtre par un architecte réputé (les noms de Renzo Piano et de Mario Botta circulent). La gestion sera confiée à deux sociétés différentes : la Fondation Terruzzi, qui succède à la Fondation Palazzo Grassi – elle sera majoritaire et chargée de la collection du nouveau propriétaire –, et une société à capitaux majoritairement publics pour la programmation culturelle, que pourront venir renforcer des associés privés. Le palais restera donc entre des mains privées, comme l’avait souhaité le ministre italien de la Culture Giuliano Urbani au moment où il avait fait part au maire de Venise de son intention de ne pas faire valoir son droit de préemption. Interrompue, la programmation des expositions va donc pouvoir reprendre, mais la réduction des espaces disponibles obligera à faire des sacrifices. Comme nous l’avions déjà évoqué, l’ancien ministre français de la Culture Jean-Jacques Aillagon a été approché pour en devenir le directeur artistique.

Riche et célèbre
Terruzzi n’a pas de problème de liquidités : en plus de l’acquisition du Palazzo et de la rénovation du théâtre, il s’est déclaré prêt à verser 10 millions d’euros par an pour enrichir les collections et financer la gestion du lieu. L’objectif est d’offrir une vitrine sur le Grand Canal à ses collections de peintures anciennes – surtout des paysagistes  du XVIIIe siècle, mais aussi des tableaux d’Alessandro Magnasco – et contemporaine – Sironi et Fontana, entre autres – et de meubles d’époque.

Élections municipales
Originaire de Gênes, et âgé de quatre-vingt-deux ans, Guido Angelo Terruzzi est surnommé le « roi du nickel » : il a d’abord fait fortune, à partir des années 1950, dans le négoce de minerais, avant de travailler dans la finance dans les années 1970-1980. Ce self-made-man a des origines modestes, un faible niveau d’études (brevet des collèges) et a exercé différents petits métiers avant de devenir fortuné. Il flambe au casino mais sait aussi aider les associations caritatives. Il est propriétaire de plusieurs demeures luxueuses, de Davos à Acapulco. Depuis ces dernières années, il vit retiré avec sa femme dans leur villa de Bordighera (sur la Riviera italienne), qui abrite la plus importante partie de sa collection. Dans un premier temps, le casino de Venise avait été défavorable à l’installation de la collection de Terruzzi au Palazzo Grassi. Il lui avait proposé, en échange, l’annexe du théâtre. Les négociations s’étaient enlisées sur ce point. Soucieuse de faire taire les critiques à l’égard de son projet, l’administration s’est toutefois pressée de conclure : le 3 avril auront lieu à Venise les élections municipales...

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°212 du 1 avril 2005, avec le titre suivant : Un condottiere au Palazzo Grassi ?

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