Profession

Commissionnaire à Drouot

Le Journal des Arts

Le 29 avril 2005 - 736 mots

Également appelés « cols rouge » ou « Savoyards », ils sont l’âme de l’hôtel des ventes. Au nombre de 110, ils sont en charge de la présentation et du transport des objets présentés.

Bien connus de tous les visiteurs de l’hôtel des ventes, les commissionnaires sont partout à Drouot. Aisément identifiables grâce à leur uniforme constitué d’une veste noire au col liseré de rouge, ils ne sont pas employés de l’hôtel des ventes, comme on le pense parfois, mais membres associés d’une société en nom collectif, l’Union des commissionnaires de l’hôtel des ventes (UCHV). « Cela signifie que nous sommes tous commerçants, indique René Revial, gérant de la société depuis 1998. Entre autres conséquences, ce statut nous permet d’avoir des horaires libres et implique que nous ne sommes pas salariés. » Entendons par horaires libres le fait que les commissionnaires ne sont pas soumis à une durée de temps de travail fixe. La moyenne hebdomadaire oscille entre 65 et 70 heures!
La création de l’UCHV remonte à 1832, et il s’agit probablement aujourd’hui de l’une des plus vieilles corporations de France. Au milieu du XIXe siècle, le recrutement s’effectuait surtout parmi les Savoyards en quête de travail à Paris durant les rudes hivers alpins. Vers 1860, Napoléon III leur accorda le monopole de la manutention à l’hôtel des ventes. Depuis cette époque, 110 commissionnaires originaires de Savoie et de Haute-Savoie officient à Drouot. Tous sont égaux dans cette société, chaque commissionnaire ayant les mêmes droits et devoirs que ses associés.
Tandis que l’hôtel des ventes n’ouvre ses portes au public qu’à 11 heures, une journée type
des « cols rouges » commence à 7 heures. Les deux commissionnaires chargés d’affecter les équipes remettent à chacun des feuilles de routes qui déterminent les prochaines activités. Les groupes sont constitués de trois personnes. Ensemble dans un même camion, ils vont chercher dans les études de commissaires-priseurs les objets qui seront proposés à la vente. Les pièces sont stockées à Drouot avant d’être installées le soir même dans une salle et d’être agencées pour l’exposition qui précède la vacation. À midi le jour de la vente, la salle est fermée au public. Les objets sont mis de côté et les rangées de sièges qui accueilleront le public sont installées. Une fois les portes ouvertes et la vacation commencée, les rôles sont de nouveau précis. Chacun des trois « Savoyards » par vente s’attèle à une tâche : l’un transporte les lots, l’autre les montre au commissaire-priseur et au public, tandis que le troisième reste au magasin, où il a la charge des objets tant que ceux-ci ne sont pas retirés par leurs nouveaux propriétaires.

Emploi éprouvant
La plupart du temps, la vie professionnelle d’un commissionnaire obéit à des cycles de cinq ans, qui se renouvellent successivement : durant quatre années il est affecté au transport et au suivi des objets, avant d’avoir pour un an la responsabilité de l’un des 25 camions. Par ailleurs, les bénéficiaires de postes administratifs sont réélus tous les deux ans.
« Nos clients sont pour 90 % des commissaires-priseurs de la région parisienne, précise René Revial. Nous sommes d’une grande disponibilité. En dehors de l’hôtel de la rue Drouot, nous nous occupons également des ventes de Drouot-Montaigne et de Drouot-Nord, mais aussi de celles organisées à l’extérieur, à l’espace Tajan ou à l’hôtel Dassault par exemple. Nous sommes propriétaires d’un garde-meuble de 4 500 m2 où les pièces peuvent être stockées, et nous mettons à disposition une salle où elles peuvent être photographiées pour les catalogues. » Le service est donc optimum et l’UCHV semble ne jamais faillir à ses fonctions. Principale difficulté : le recrutement de nouveaux commissionnaires. L’emploi est fatigant et éprouvant. La moyenne d’âge est aujourd’hui d’environ 35 ans et rares sont les commissionnaires qui officient désormais plus d’une douzaine d’années. « Hormis le fait d’être originaire de Savoie, il faut pour pouvoir nous rejoindre témoigner d’un casier judiciaire vierge, être titulaire d’un permis poids lourds, avoir de préférence moins de 30 ans et être parrainé par l’un des associés, détaille René Revial. À l’issue d’un CDD de trois mois, le nouvel arrivant peut alors être agréé par les autres associés et nous rejoindre définitivement. » Jeunes et valeureux Savoyards, il ne vous reste plus qu’à vous adresser à l’UCHV !

- Union des commissionnaires de l’hôtel des ventes, 9, rue Drouot, 75009 Paris, tél. 01 47 70 88 44

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°214 du 29 avril 2005, avec le titre suivant : Commissionnaire à Drouot

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