Festival - Photographie

Circulation(s) a besoin de solides engagements

Marion Hislen, directrice du festival de photographie Circulation(s), 7e édition

Par Christine Coste · Le Journal des Arts

Le 31 janvier 2017 - 633 mots

Le festival de photographie Circulation(s) s’installe du 21 janvier au 5 mars 2017 à l’espace Centquatre. 

Marion Hislen, fondatrice et directrice de l’association Fetart à l’origine et aux commandes de ce festival consacré à la jeune photographie européenne, annonce des nouveautés dans sa programmation. Après avoir lancé en 2015, Little Circulation(s) (un espace d’expositions pour les 5-12 ans), le festival s’associe pour la première fois à d’autres espaces programmateurs de jeunes talents à Paris ou en région parisienne. Comptent aussi parmi les initiatives de cette 7e édition, un partenariat avec les écoles européennes de photographie, la création de la galerie Circulation(s) (galerie en ligne représentant les artistes du festival) et un hors-les-murs avec l’hôtel Fontfreyde de Clermont-Ferrand.

Comment expliquez-vous le succès d’année en année de Circulation(s), tant au niveau du nombre de visiteurs que de la mobilisation des professionnels ?
Par notre positionnement sur la jeune création européenne, notre indépendance dans nos choix, notre dynamique qui n’a pas faibli et notre état d’esprit différent des autres grands festivals photo qui fonctionnent comme des institutions. Nous sommes un peu le poil à gratter du milieu. Ce qui plaît. Et puis Circulation(s) est incarné : nous sommes sur place toute la journée.

Quel est le rôle justement d’un festival photo aujourd’hui ?
Celui d’être dans la création, dans la vie, dans le questionnement à l’instant T. Il s’agit de montrer où en est la photographie en 2017 et ce qu’en font les jeunes conjointement à leurs questionnements sur la société et les problématiques de leur génération. Comment parlent-ils de l’immigration, des réfugiés, de l’emploi, de l’anorexie… ? Il s’agit aussi d’aider ces jeunes en début de carrière, plus largement ceux qui ont besoin de sortir de la distinction photographe plasticien et photojournaliste. Et ce, quel que soit l’âge. Depuis douze ans l’ambition de Fetart s’inscrit dans ce soutien qui ne concerne pas que les jeunes ou ceux qui sortent des écoles, mais aussi les photographes de presse qui n’ont jamais exposé, et plus généralement ceux qui opèrent des changements de carrière.

Pourquoi avoir décidé cette année de vous associer pour la première fois à des galeries parisiennes ou des lieux en région parisienne comme la Capsule ?
Dans un contexte de sous-représentation des jeunes photographes en général, nous voulons mettre en avant les structures qui les soutiennent, car elles sont peu nombreuses. Cette démarche de mise en réseau, nous la faisons depuis la première édition du festival en invitant les écoles européennes de photo à participer avec l’idée de travailler sur l’enseignement de la photographie et de créer un réseau européen d’enseignants de la photographie, car ce dernier n’existe pas, contrairement aux centres d’art. Aujourd’hui, cette connexion apparaît d’autant plus nécessaire que les écoles de photographie sont confrontées à une chute des inscriptions de 30 % et à la problématique de former des jeunes à un métier en constante évolution technique, de plus en plus difficile à exercer.

Du fait des maigres financements publics, vous avez dû mettre en place une entrée payante, tandis que le festival fonctionne grâce au bénévolat de votre équipe… Craignez-vous que cette 7e édition ne soit la dernière ?
Oui. Nous sommes arrivés à un tel niveau de professionnalisation et de reconnaissance que l’on ne peut plus continuer à travailler gratuitement. Il y a un moment où quémander chaque année de l’argent pour savoir que l’on va juste survivre et mener tout de front (la programmation, la production et la diffusion) est difficile à porter sans équipe stable et rémunérée, aussi réduite soit-elle. Nous avons prouvé de quoi nous étions capables aux institutions publiques, à elles de nous donner la possibilité de poursuivre. Nous avons besoin de solides engagements. Si tout le monde « s’en fout », si nous sommes vus comme un événement parisien interchangeable parmi d’autres, nous arrêtons.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°472 du 3 février 2017, avec le titre suivant : Circulation(s) a besoin de solides engagements

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