Radio & télévision

Les nouvelles animatrices des émissions culturelles

Par Sarah Belmont · Le Journal des Arts

Le 4 janvier 2017 - 944 mots

Léa Salamé, Claire Chazal et Audrey Pulvar sont passées aux commandes de nouvelles émissions de télévision et se font les porte-parole de la culture. Revue de détails.

Toutes trois ont été sacrées reines de l’information à un moment de leur carrière. Aujourd’hui, chacune tient les rênes d’une émission culturelle. Après son éviction de TF1, Claire Chazal s’est vu confier la place de Laurent Goumarre, dans « Entrée libre », le magazine quotidien de France 5, le 18 janvier dernier. Après avoir décollé sur France 24 et iTélé (2006-2014), Léa Salamé a atterri dans « Stupéfiant ! », trois mercredis par mois en seconde partie de soirée, sur la même chaîne. L’émission de Laurent Ruquier a également servi de tremplin à Audrey Pulvar, qui officiait initialement sur LCI et sur France 3. Depuis le 15 octobre, elle anime « Pop Up » tous les samedis sur C8. Ces trois parcours parallèles invitent à la comparaison.

D’après les sondages, le retour de Claire Chazal, depuis son départ de TF1, a attiré près de 382 000 fidèles devant France 5. L’animatrice doit à Karine Viard son premier record (421 000 téléspectateurs). Forte de 195 000 téléspectateurs pour son lancement, Audrey Pulvar peut se vanter d’un succès immédiat, autour des 5 % de part d’audience. Malgré un déclin inquiétant (1,9 % de part d’audience) dès sa deuxième diffusion, l’émission vient d’être reconduite. Léa Salamé a connu des débuts plus difficiles, sur France 2. « Stupéfiant ! » n’a rassemblé que 644 000 téléspectateurs, un résultat d’autant plus décevant qu’il n’a fait que baisser, atteignant les 221 000 spectateurs, soit 4,3 % de part d’audience, le 30 novembre. Pourraient être en cause la durée du magazine (1h20) et un sommaire qui privilégie l’art plutôt que la culture au sens large : Léa Salamé place la barre un peu plus haut que ses consœurs.

Des sommaires qui cherchent leurs marques
Les programmes se ressemblent à certains égards. Ainsi aucun n’échappe aux interviews, un exercice que maîtrisent les trois journalistes. Chaque lundi, Claire Chazal reçoit un artiste, tandis qu’Audrey Pulvar et Léa Salamé vont à la rencontre de leurs invités dans un lieu particulier (Pierre Bergé à Marrakech, Claudia Tagbo dans une librairie). « Stupéfiant ! » est composé d’enquêtes d’une quinzaine de minutes. Du Marfa « post-westernien » aux 65 dessins attribués à Van Gogh, les sujets s’avèrent ambitieux. Le point faible de l’émission réside dans « La Brigade du Stup » de Loïc Prigent, une série de portraits rythmés par l’apparition intempestive de mots et de signes à l’écran, un habillage superflu. La quotidienne de Claire Chazal sur France 5 se divise, elle, en quatre reportages de deux à cinq minutes, lesquels succèdent à la une de Stéphanie Cabre. Sans doute un moyen pour la journaliste de renouer avec l’info. Quant à l’émission « Pop Up », diffusée tous les samedis à 11h, elle dure 45 minutes et se distingue par deux rubriques originales. « La fiche du stagiaire » met en scène un dénommé Louis, qui a un recours ponctuel mais regrettable – car il a d’autres qualités – à un langage « de jeunes », comme si son âge imposait l’emploi d’expressions telles que « le Charleston, c’est une danse grave branchée des années 1920 ». S’ensuit « L’hebdo mytho », qui souffle les remarques à faire ou éviter sur tel ou tel événement en société. Un concept qui permet à C8 de se singulariser.

L’identité donne le ton
Le ton adopté par chaque présentatrice participe des objectifs qu’elles se sont fixés. Pour Claire Chazal, il s’agissait de faire aussi bien, voire mieux que son prédécesseur. Pari tenu, puisque le 24 octobre, « Entrée libre » réalisait sa meilleure performance depuis le 6 mars 2013. À l’inverse, « Pop Up » et « Stupéfiant ! » ont été créés ex nihilo. Le défi de Léa Salamé ? « Offrir un regard, acéré, mordant, et détonnant sur l’actualité culturelle… faire quelque chose d’insolent, de différent » (…) « De l’image, de l’image » : il y en a ; en revanche, l’émission révèle une écriture moins électrique et des sujets moins populaires que prévus. Revendiquant une émission expérimentale « qui ne se prend pas trop au sérieux », Audrey Pulvar va plus loin. Ses formules décalées n’excluent pas les anglicismes. Passées ces petites différences, les trois animatrices poursuivent le même but avec le même succès, rendre la culture accessible.

Ce qui les départage réellement, c’est leur attitude, leur style. L’intemporelle et élégante Claire Chazal fait face aux deux brunes qui semblent encore se chercher. En tailleur ou veste en cuir, Léa Salamé tend aussi vers la simplicité, alors qu’Audrey Pulvar emprunte à Hepburn son chignon. Son allure très apprêtée contraste avec son naturel lors de ses entretiens « hors plateau ». Bien que rarement, il lui arrive encore d’hésiter, mais à sa décharge elle est en poste depuis moins longtemps que ses consœurs. Sans compter que « l’émission qui shebam-pow-pop up-wizz la culture » n’est pas une accroche facile à prononcer. Pas de slogan pour Claire Chazal qui, assise, montre une aisance exemplaire sur un plateau lumineux donnant sur les toits de Paris. Léa Salamé, elle, oscille à présent entre les postures assise ou debout et gagne en assurance. Avec ses enquêtes relativement poussées, l’ancienne polémiste d’ONPC apparaît comme le meilleur espoir féminin de l’art, qui tarde à percer à la télévision. Le prix du meilleur scénario revient à « Pop Up » et Audrey Pulvar, qui propose des angles nouveaux. Enfin, Claire Chazal mériterait une palme d’honneur pour le calme, la retenue, et la confiance, qu’elle dégage, du haut de ses trente ans de carrière à l’écran.

Légende photo

Claire Chazal. © France 5.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°470 du 6 janvier 2017, avec le titre suivant : Les nouvelles animatrices des émissions culturelles

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