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Le Musée Nicéphore-Niépce dans le flou

Par Christine Coste · Le Journal des Arts

Le 3 janvier 2017 - 769 mots

L’avenir du musée chalonnais, sans équipe dirigeante et sans budget, est suspendu à la décision du maire.

CHALON-SUR-SAÔNE - Quel sera le futur du Musée Nicéphore Niépce à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire) ? Le départ à la retraite, à la fin décembre 2016, de François Cheval, son directeur depuis 1996, et de Sylvain Charles, responsable du laboratoire du musée, autre figure du lieu, marque la fin d’une époque pour cette institution municipale réputée pour ses collections, son dynamisme en matière de programmation, d’acquisition et de soutien à la création contemporaine. Le musée est aussi reconnu pour son laboratoire photographique et son service spécialisé dans la constitution de banques de données numériques. Si la Mairie a finalement lancé un appel à candidature pour le remplacement de Sylvain Charles, elle n’a encore rien décidé pour le poste de directeur du musée, non plus que pour celui de l’adjointe à la conservation après le départ de Christelle Rochette en octobre dernier, pour le Musée Paul-Dini de Villefranche-sur-Saône (Rhône). C’est que Gilles Platret, maire (LR) de Chalon-sur Saône, n’a pas tranché sur la suite à donner à l’audit réalisé par la société de conseil Clinamen, associée ici à Philippe Hardy, ancien directeur général de l’École européenne supérieure d’art de Bretagne. La déclaration d’intention du maire concernant un grand musée généraliste consacré à la photographie, et plus généralement à l’image, se concrétisera-t-elle un jour ?

Un projet similaire avait été engagé en 2003 par le maire de l’époque, Michel Allex. Celui-ci souhaitait alors créer un lieu de rencontre entre la recherche, l’art et les affaires dans une ancienne sucrerie dont une première réhabilitation avait coûté 7 millions d’euros. Placé au cœur du développement territorial économique fondé sur les nouvelles technologies appliquées à l’image, ce pôle devait réunir le Musée Nicéphore-Niépce, un ensemble de start-up liées au secteur de l’image et du son, et des sociétés innovantes. Diverses études de faisabilité avaient été réalisées pour un coût total de 4 millions d’euros environ. Dans la perspective de ce redéploiement, l’équipe du musée avait été renforcée.

Mais en 2006, le projet en est au niveau du concours de la maîtrise d’ouvrage lorsqu’il est abandonné. Succédant à Michel Allex (décédé en 2008), le socialiste Christophe Sirugues estime en effet que la Ville n’a pas les moyens de financer le coût total du futur musée de la photographie, estimé à 33 millions d’euros, ni d’assurer son fonctionnement malgré l’engagement de l’État, de la Région et du Département. Face au retrait de la Ville, ces derniers se désengagent. Seule « Nicéphore Cité », née du projet de laboratoire de start-up, a depuis vu le jour.

Un déménagement dispendieux non viable
La question du déménagement du Musée Nicéphore-Niépce se pose à nouveau en 2011, lors du rachat du site de l’ancien hôpital de l’île Saint-Laurent, pour un montant de 12 millions d’euros apportés par la Région, l’État, le Grand Chalon et la Ville – à hauteur de 2 millions d’euros. Gilles Platret, chef de file de l’opposition municipale à ce moment-là, s’inquiète de cette dépense. Le projet de transférer le musée sur le site avait été jugé non viable par François Cheval, compte tenu du coût de l’aménagement, ce que confirma une étude réalisée par la municipalité.

Les coupes drastiques effectuées dans le budget de fonctionnement et d’acquisition du musée, qui est passé de 43 000 euros en 2015 à 14 000 euros en 2016, et les remises en cause régulières par Gilles Platret du projet scientifique de sa direction, n’ont guère donné de signaux positifs aux partenaires publics et privés appelés à financer ce futur grand musée.

Situé à la 7e place du classement 2016 du Journal des Arts des musées de France, dans la catégorie « Communautés urbaines et agglomérations » parmi 116 participants, le Musée Nicéphore-Niépce ne connaît pas son avenir. Son équipe composée de 50 salariés est dans l’incertitude la plus totale. Au 9 décembre 2016, son budget 2017 n’était toujours pas validé. La perspective pour ses employés d’assurer sans directeur ni conservateur adjoint la programmation de 2017, mais aussi de 2018, apparaît comme la volonté de faire des économies sur le dos de l’institution. Mais cette absence de décision interroge aussi sur le visage que Gilles Platret (qui n’a pas donné suite à notre demande d’entretien) entend donner au Musée Nicéphore-Niépce après en avoir tant fait les louanges au début de son mandat et signé même un accord de jumelage fin 2014 avec le maire de Lianzhou en Chine dans la perspective de l’ouverture dans cette ville au nord-est de Canton d’un musée national de la photographie (lire le Journal des Arts n° 425, 12 déc. 2014).

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Le musée Nicéphore-Niepce, à Chalon-sur-Saône. Photo D.R.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°470 du 6 janvier 2017, avec le titre suivant : Le Musée Nicéphore-Niépce dans le flou

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