Galerie - Palmarès

France Le top 40 des galeries d’art contemporain

Le palmarès des galeries d’art contemporain en France

Si la liste des 40 plus importantes galeries installées en France, ne surprendra pas les professionnels, leur rang de classement réserve quelques surprises

Par Alain Quemin · Le Journal des Arts

Le 12 octobre 2016 - 1564 mots

Le Journal des Arts publie en exclusivité le premier classement des galeries d’art contemporain installées en France, réalisé par le sociologue Alain Quemin. Ce palmarès s’appuie sur la notoriété des artistes et la présence commerciale des galeries. S’il confirme globalement l’opinion courante sur la liste des enseignes les plus importantes, il réserve des surprises quant à leur hiérarchie. Larry Gagosian occupe naturellement la première place.

Dans le premier classement des galeries d’art contemporain en France, se trouvent, parmi les galeries les mieux classées… souvent celles que l’on pouvait escompter ! En tout cas pour les professionnels du marché. La principale surprise étant sans doute la présence en 14e position de la très discrète galerie d’origine japonaise Taka Ishii. Plus intéressants sont, d’une part, le rang final de chaque galerie et, d’autre part, les décalages de rangs à l’intérieur de chacun des deux sous-classements qui ont été utilisés pour parvenir au palmarès final (lire l’encadré).

Dans leurs grandes lignes, les deux classements ayant permis d’aboutir au palmarès final sont congruents, on retrouve souvent les mêmes galeries situées à des rangs comparables. Tel est le cas notamment de « l’empereur » Gagosian, qui rayonne dans le monde entier depuis New York et qui est présent désormais dans huit métropoles et sept pays, dont Paris depuis 2010. Qu’il s’agisse de la reconnaissance – et de l’accès au marché – ou de la qualité de sa liste des artistes représentés (le « roster ») , Gagosian caracole en tête, indétrônable. Les rangs sont également identiques ou très proches selon les deux types de critères pour les galeries Thaddaeus Ropac (2e), Marian Goodman (3e), Lelong (4e), Almine Rech (6e), Daniel Templon (8e), Air de Paris (18e) ou Michel Rein et gb agency (19es ex æquo).

Dissonances entre les deux sous-classements
Toutefois, il existe un nombre non négligeable de cas dans lesquels les classements atteints par une même galerie en fonction des deux ensembles de critères se révèlent fort différents et font apparaître tout l’intérêt de combiner les deux approches.

Parmi les galeries dont la liste d’artistes signale une nette faiblesse par rapport à leur reconnaissance – absolument remarquable pour les deux premières d’entre elles –, signalons les galeries Emmanuel Perrotin (6e seulement à cause de cette faiblesse), Nathalie Obadia (11e), Jocelyn Wolff (15e), Art : Concept (18e) ou Lahumière (34e). En fait, cette dernière capitalise surtout sur sa participation à Art Basel.

À l’inverse, d’autres galeries n’ont pas les signes de reconnaissance – en France – ni l’instrument de travail combiné à l’accès au marché que devrait leur assurer la qualité de leur liste d’artistes. Tel est le cas, en particulier, des galeries Continua (10e), Karsten Greve (13e), Max Hetzler (15e), Xippas (21e), mor charpentier (24e), In Situ (26e) ou Balice Hertling (29e). Soit beaucoup de galeries d’origine étrangère, dont l’implantation en France ne saurait rivaliser avec celle, tout à fait exceptionnelle, de la galerie Thaddaeus Ropac ou avec l’effet « rouleau compresseur » du titan Gagosian.
Notons que les galeries présentes dans le classement des 40 plus importantes de Paris sont toutes des galeries déjà anciennes ; nulle place n’est faite aux « jeunes galeries » : pour les galeries (comme pour les artistes), il existe aujourd’hui une très nette prime à l’ancienneté. Ainsi la jeune galerie VNH aux moyens considérables (elle a repris l’espace d’Yvon Lambert rue Vieille du Temple dès sa création) ne figure pas dans le palmarès, n’ayant notamment pas encore accès aux grandes foires.

Une concentration parisienne et masculine
Autre signe de fermeture traduit par le classement, si celui-ci entendait concerner les galeries installées sur l’ensemble du territoire français, notons qu’à l’exception notable de la galerie Continua (d’origine italienne) qui a élu domicile à Boissy-le-Châtel, en plein cœur de la Seine-et-Marne, toutes les autres galeries du top 40 sont parisiennes !

La part des femmes reste nettement minoritaire parmi les galeristes les plus importants révélés par le palmarès. Sur les dix premiers figurent trois femmes – Marian Goodman (3e), Chantal Crousel (5e), Almine Rech (6e) – et deux seulement parmi les dix suivants – Nathalie Obadia (11e), gb agency (19e).
Le palmarès des galeries n’a été ici commenté que dans ses grandes lignes. Il sera étudié plus en détail lors des deux prochains numéros du Journal des Arts, en analysant la reconnaissance et l’accès au marché d’environ 200 galeries, puis la composition de leur liste d’artistes pour les principales d’entre elles.

Palmares des galeries parisiennes 2017

Méthodologie

Le palmarès général des 40 galeries les plus importantes installées en France combine deux classements préalables. Les galeries ont d’abord été identifiées à partir de 19 critères de reconnaissance par les pairs du monde de l’art et d’étendue du marché (association professionnelle et liste recensant des galeries, obtention du prix Marcel Duchamp, achats par les pouvoirs publics, ainsi que participation aux foires, nombre d’espaces en France et à l’étranger), en attribuant des points à chacun de ces critères et en les additionnant. Puis ont été considérés les « rosters » (le terme désigne la liste des artistes représentés, on parle parfois également « d’écurie ») des 40 galeries apparaissant dans le haut du palmarès précédent en calculant la moyenne des rangs des dix artistes de chaque galerie les mieux classés par Artfacts.net. Le palmarès présenté dans le tableau ci-dessus a été produit à partir du rang moyen des galeries selon les deux critères précédents. Le marché de l’art est, en dehors des ventes aux enchères, un marché discret, si ce n’est secret. Les transactions déclarées, qui, d’expérience, ne semblent refléter aucune réalité objective, n’ont donc pas été prises en compte.
Le classement a été établi en recensant les informations accessibles pendant le printemps et l’été 2016. Ainsi, l’installation prochaine de la galerie Thaddaeus Ropac à Londres était-elle déjà annoncée, mais pas encore celle de Kamel Mennour, qui devrait donc progresser dans une prochaine édition du palmarès. Nous avons considéré comme étant installée en France, la galerie Peter Freeman dont les locaux à Paris sont fermés « temporairement » depuis bientôt trois ans (suite à un incendie) et dont le moins que l’on puisse dire est qu’elle ne se hâte pas pour y ouvrir un nouvel espace…

Portraits

2e / Thaddaeus Ropac : le prince des galeristes En arrivant juste derrière l’Américain Larry Gagosian, lequel trône à la tête d’un véritable empire qui s’étend dans le monde (de l’art) entier, Thaddaeus Ropac mérite pleinement son surnom de « prince des galeristes ». Initialement installé en Autriche, à Salzbourg, il s’est internationalisé en ouvrant une deuxième galerie à Paris, dans le Marais en 1990, puis un deuxième espace salzbourgeois en 2010. En 2012, il a inauguré son « giga espace » de Pantin. Les présentations monographiques y attirent toutes plus de 10 000 visiteurs, alors que les objectifs, lors de l’ouverture, étaient dix fois moindres ! En 2017, la galerie va s’implanter à Londres, dans un magnifique bâtiment en plein Mayfair. Le « roster » de haut vol – qui comprend les stars de l’art contemporain Andy Warhol, Joseph Beuys, Lawrence Weiner, Robert Rauschenberg, Georg Baselitz, Alex Katz, Anselm Kiefer ou Gilbert & George – devrait encore s’étoffer avec l’expansion londonienne.

11e / Nathalie Obadia : l’hyper active Si la place occupée par Nathalie Obadia au palmarès général n’est pas pour surprendre, il faut convenir que l’on ne s’attendait pas à la trouver aussi haut – en 3e position ! – dans le classement rendant compte de la reconnaissance des galeries et de leur présence commerciale. À bien y réfléchir, rien d’étonnant cependant : Nathalie Obadia est une hyper active que l’on retrouve partout. Elle a considérablement développé son outil de travail depuis son installation en 1993, dans le Marais ; elle y dispose aujourd’hui de deux espaces investis en 2003 et 2013, complétés d’une galerie à Bruxelles depuis 2008. Sa faiblesse relative réside toutefois dans sa liste d’artistes certes très reconnus – Andres Serrano, Lorna Simpson, Xu Zhen, Laure Prouvost, Mickalene Thomas, Fabrice Hyber –, mais qui manque encore de stars. Le temps joue toutefois en sa faveur, car ces artistes ont des courbes ascendantes, et elle représente beaucoup de femmes. Or le monde de l’art rattrape aujourd’hui en partie l’injustice qui était faite à celles-ci.

14e / Taka Ishii : le discret Qui connaît la galerie Taka Ishii ? Nul doute que sa mention constituera, pour beaucoup de lecteurs, la principale surprise de ce classement. En partie probablement parce que son antenne parisienne est spécialisée dans la photographie, mais aussi en raison de sa discrétion. Il faut notamment sonner pour accéder à la cour arborée de la rue Veille-du-Temple, au sein du Marais, où se situe son petit local depuis 2014. Avant cela, Taka Ishii avait créé sa première galerie à Tokyo en 1994, puis un deuxième espace, Taka Ishii Photography, et avait ouvert à New York. Si la galerie utilise Paris comme base en Europe, elle a préféré en 2016 Frieze à la Fiac, sans doute déçue que celle-ci l’ait reléguée en 2015 parmi les jeunes galeries, malgré… vingt ans d’existence. Les artistes représentés ? Nobuyoshi Araki et Daido Moriyama, mais aussi Martin Kippenberger, Dan Graham, Thomas Demand, Elmgreen & Dragset, Christopher Wool, Mario Garcia Torres et Cerith Wyn Evans. Un ensemble au sein duquel dominent les artistes japonais, états-uniens, allemands et britanniques.

En savoir plus

Le sociologue (et auteur du Journal des Arts) Alain Quemin, a établi un classement des 40 premières galeries d’art contemporain installées en France, en fonction de l’importance des artistes qu’elles représentent (mesurées selon leurs points Artfacts.net) et de leur reconnaissance et présence commerciale (présence dans les foires, nombre de succursales...). Nous publions ici le premier article d’une série de trois consacrés à ce palmarès. La méthodologie du palmarès figure ci-dessus, tandis que l’auteur revient dans l'article : Pourquoi un tel Palmarès ? sur l’opportunité d’un tel classement.

J.-C. CASTELAIN

 

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°465 du 14 octobre 2016, avec le titre suivant : Le palmarès des galeries d’art contemporain en France

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