Design

Festival

La Design Parade se dédouble

Par Christian Simenc · Le Journal des Arts

Le 30 août 2016 - 689 mots

Le festival Design Parade s’ouvre cette année à la décoration et investit la ville de Toulon, tandis que Hyères propose une belle monographie sur Mallet-Stevens, au côté de jeunes designers prometteurs.

HYÈRES, TOULON - Cette année, pour la première fois de son existence, le Festival Design Parade se fait bicéphale. D’un côté, la « Design Parade Hyères », 11e du nom, consacrée au design et abritée, depuis l’origine, par la célèbre Villa Noailles, à Hyères. De l’autre, une nouvelle manifestation, intitulée « Design Parade Toulon », est dévolue à l’« architecture d’intérieur » ; au menu, sept expositions déployées dans plusieurs sites du chef-lieu du département du Var.

À Hyères, la Villa Noailles accueille une dizaine d’expositions. Dans le Salon rose notamment, une fois n’est pas coutume et contrairement à la précédente édition, l’habituel volet « historique » reprend du poil de la bête avec une large et passionnante présentation de l’architecte Robert Mallet-Stevens, auteur de la Villa Noailles, comprenant quelque 200 pièces : dessins, maquettes, photographies, mobilier… dont moult originaux.

À l’étage, dans la piscine et dans la salle de squash, l’Anglais Max Lamb, président du jury 2016, expose son projet, chaque année augmenté depuis dix ans, « Exercises in Seating », collection de sièges qu’il conçoit en divers matériaux : métal, bois, marbre, zinc, polystyrène… Au total, une trentaine d’assises hétéroclites, disposées sur un gigantesque tapis multicolore au tissage aléatoire, un déploiement qui vire toutefois à l’exercice de style. Dans une salle adjacente, les bonnes impressions laissées l’an passé par le Français Samy Rio, Grand Prix du jury 2015 (lire le JdA no 440, 4 septembre 2015), se confirment à travers cette monographie intitulée « Mécanique d’assemblages », soit une série d’objets – miroir, porte-savon, vase, boîte… – qui associent des éléments en verre, en céramique ou en bois, parfois ligaturés par une cordelette de nylon. Les « assemblages » sont à la fois primitifs et élégants. Toujours à l’étage, le Suisse Dimitri Bähler, sous le titre « Volumes, motifs, textures et couleurs », montre un travail virtuose sur la céramique : « Modeler en un même geste le motif en relief et la forme de l’objet. » Le résultat est époustouflant.

Un réfrigérateur mou
Au sous-sol sont exposés les projets des dix jeunes designers en compétition. Il faut ici opérer un tri entre certaines propositions ésotériques ou loufoques, et d’autres, plus enthousiasmantes. Dans la première catégorie, l’Anglais Santini Basra propose aux villes en mal de touristes de les attirer en créant de toutes pièces un mythe et conçoit d’insolites « sandales » dont les semelles permettent d’imprimer sur le sol de monstrueuses empreintes. Dans la seconde, le Français Guillaume Jandin, diplômé de l’Ensci (École nationale supérieure de création industrielle), à Paris, invente trois dispositifs alternatifs pour espace réduit, dont un étonnant réfrigérateur mou baptisé Air frigide. Issue de la même école, Pernelle Poyet, 26 ans, décroche le Grand Prix du jury 2016, avec une « bibliothèque de formes, matériaux, connexions et finitions » ; cet Alphabet, sorte de jeu de construction constitué de 92 modules en hêtre pouvant s’assembler à l’envi, est censé permettre à son utilisateur de « confectionner des petits objets ou des meubles à l’infini ». Enfin, non loin de la Villa, dans le château Saint-Pierre, le duo germano-helvète Max Frommeld & Arno Mathies – mention spéciale 2015 – use d’un seul et même matériau, des panneaux de fibres de bois Valchromat, pour réaliser une série de bancs bariolés.

À l’hôtel Micholet à Toulon
À Toulon, dans le cadre de la nouvelle « Design Parade Toulon », les dix salles d’un hôtel particulier du XVIIe siècle (13, rue Micholet) ont été transformées par dix jeunes architectes ou groupes en un appartement de standing, sur une thématique facile : « Créer une pièce à vivre en Méditerranée ». Le visiteur découvrira par ailleurs, au Musée d’art (113, bd du Général-Leclerc), une exposition de la décoratrice India Mahdavi mettant en scène des œuvres du fonds (en sculpture, peinture, dessin ou photographie), autour d’un thème lui aussi rebattu, la couleur bleue : « Le bleu est à mes yeux bien plus qu’une couleur. C’est un univers qui évoque le Sud, tous les Sud, explique-t-elle. Il me touche particulièrement, car il exprime l’infini, le rêve, la douceur. » Sur les grilles du Musée d’art et sur celles de l’église Saint-Louis (3, rue Louis-Jourdan), le photographe Olivier Amsellem, lui, distille une Toulon minérale et radicale.

Les 2 Design Parades

Design Parade Hyères, jusqu’au 25 septembre, Villa Noailles, parc Saint-Bernard, 83400 Hyères, tél. 04 98 08 01 98 tlj sauf mardi 14h-19h, le vendredi 16h-22h.

Design Parade Toulon, jusqu’au 11 septembre ; divers lieux, tlj sauf lundi 12h-18h ; entrée libre à Hyères et Toulon, programme complet sur www.villanoailles-hyeres.com

Légende Photo :
Dimitri Bähler, Volumes, Patterns, Textures and colors, 2016, présenté à la Villa Noailles à Hyères. © Raphaëlle Mueller.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°462 du 2 septembre 2016, avec le titre suivant : La Design Parade se dédouble

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