Rétrospective

Ernest Pignon-Ernest, retour aux sources

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 30 août 2016 - 410 mots

Cinquante ans après la première intervention de l’artiste en extérieur, le Musée d’art moderne et d’art contemporain de Nice revisite l’œuvre de l’enfant du pays.

NICE -  Conçue par l’artiste, la rétrospective du Musée d’art moderne et d’art contemporain (Mamac) s’ouvre sur un dessin au brou de noix, une tête de taureau griffonnée en 1962 sur une feuille de journal par Ernest Pignon-Ernest, pendant son service militaire en Algérie. Un hommage au Guernica de Picasso qui a été le déclic, le point de départ de sa vie d’artiste. Nice est la ville natale de l’artiste, là « où s’est formé mon regard, mon rapport aux lieux, aux autres, à la nature, à la mer ». L’exposition se tient cinquante ans après sa première intervention au pochoir en extérieur. Sur les routes, les rochers, les murs qui mènent au plateau d’Albion, où venait de s’installer la force de frappe atomique, Ernest Pignon-Ernest avait apposé, en 1966, l’image de l’empreinte d’un corps calciné, pyrogravée sur un mur, après qu’une bombe nucléaire eut été larguée, le 6 août 1945, au-dessus de Hiroshima.

Au Mamac se découvre la démarche de l’artiste (« faire œuvre de la situation et non pas des œuvres en situation »), les étapes de son processus de création, ses dessins préparatoires et les photographies des images en situation. Le parcours chronologique débute avec ses travaux au caractère social et historico-politique des années 1970. Puis une salle est consacrée à trois univers qui symbolisent son art : Naples et les grands mythes qui ont nourri sa culture méditerranéenne ; Lyon et Paris où il a placardé des images de cabines téléphoniques – « emblèmes de notre modernité froide » – ; et ses dessins et photos faits en Afrique du Sud dans le contexte de la pandémie du sida.

Galerie de portraits
La salle suivante, peut-être la plus forte et la plus émouvante, dévoile une galerie de portraits, la famille de cœur de l’artiste, les poètes qui ont nourri et jalonné l’ensemble de son œuvre : Maïakovski (1972), Rimbaud (1978), Pasolini (1980, 2015), Pablo Neruda (1980), Artaud (1997), Desnos et Nerval (2001-2013), Jean Genet (2006) et Mahmoud Darwich. Tous ces hommes qui, « sans se payer de mots, ont voulu, coûte que coûte, à la suite d’Hölderlin, habiter poétiquement le monde », pour dire « le réel en le révélant plus vaste », témoigne l’artiste. Un regret toutefois : les murs uniformément blancs du Mamac et l’éclairage de piètre qualité empêchent de jouir pleinement de ces œuvres et de ce parcours qui exalte la liberté et la vie.

ERNEST PIGNON-ERNEST

jusqu’au 8 janvier 2017, Mamac, place Yves-Klein, 06000 Nice, tél. 04 97 13 42 01, tlj sauf lundi, 10h-18h, www.mamac-nice.org, entrée 10 € (accès à l’ensemble des musées de Nice). Voir aussi « Extases », intervention in situ à l’église abbatiale de Saint-Pons, jusqu’au 2 octobre, montée de l’abbaye de Saint-Pons, Nice, du mercredi au dimanche 15h-18h, entrée libre.

Légende Photo :
Ernest Pignon-Ernest, Extases, vue de l'installation au MAMAC, Nice. © Photo : Julien Véran.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°462 du 2 septembre 2016, avec le titre suivant : Ernest Pignon-Ernest, retour aux sources

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