Polémique

Galerie Vivienne, une verrière trop claire

Par Margot Boutges · Le Journal des Arts

Le 30 août 2016 - 507 mots

Des correctifs pourraient être apportés à la restauration contestée de la galerie Vivienne à Paris.

PARIS - La restauration en cours de la galerie Vivienne a rencontré cet été une forte contestation. Des travaux, commandités par le gestionnaire de la galerie (Fodegi) pour le compte de son propriétaire, l’Institut de France, ont été menés sous la houlette de l’architecte en chef des Monuments historiques François Jeanneau. Il s’agit de redonner du lustre à ce passage couvert situé dans le 2e arrondissement de Paris, édifié en 1823. Les interventions effectuées sur le lieu n’ont concerné jusqu’à présent que le plus petit tronçon de la galerie à l’angle de la rue Vivienne. Elles ont pourtant été critiquées par le militant du patrimoine Didier Rykner, et ont fait l’objet d’une pétition qui a rassemblé plus de 7 000 signatures. Par ailleurs, l’ex-ministre de la Culture Jack Lang a adressé un courrier à la ministre actuelle, Audrey Azoulay, pour lui demander l’arrêt de travaux qui « transfigurent totalement et dénaturent profondément » ce lieu inscrit au titre des monuments historiques en 1974.

Ce sont surtout les travaux effectués sur la verrière qui sont décriés. La précédente n’était pas d’origine, la galerie ayant fait l’objet de nombreux remaniement au cours de son histoire, et la verrière qui est venue la remplacer est jugée trop transparente. En cet été particulièrement ensoleillé, la lumière inonde le passage. Selon l’architecte et historien de l’architecture Bertrand Lemoine (1), interrogé par Le Journal des Arts, les passages couverts du XIXe siècle sont en général dotés de verrières translucides plutôt que transparentes. D’après Didier Rykner, l’architecte lui-même aurait reconnu que le verre utilisé était « trop transparent », un constat dressé en cours de chantier seulement.

Le coloris des murs a également fait l’objet d’âpres critiques. Le panneau de présentation des travaux annonce l’usage de tons pierre et la restitution de faux marbres, or une partie des murs est aujourd’hui recouverte d’un coloris vert d’eau, qui déplaît fortement à certains. « Cette teinte n’est pas une invention, elle est un des choix qui pouvaient être faits parmi un éventail de possibilités se basant sur des relevés effectués pendant le chantier », a indiqué la direction régionale des Affaires culturelles (Drac) Île-de-France. L’endroit a en effet connu de nombreux repeints et le vert d’eau est un des coloris que des sondages stratigraphiques (toujours visibles sur les murs de la galerie) ont mis au jour. Pour autant, la Drac ne compte pas laisser lettre morte le plaidoyer de Jack Lang. Une réunion devrait avoir lieu début septembre. Réunissant à la fois le maître d’ouvrage, le maître d’œuvre du chantier et la Conservation régionale des monuments historiques, cette réunion devrait donner la direction à venir de ces travaux qui s’étendent à la partie la plus vaste – et la plus belle – de la galerie qui fait l’angle avec la rue des Petits-Champs. Des correctifs pourront être appliqués sur les travaux effectués dans une volonté de « faire mieux accepter la restauration », explique la Drac.

Notes

(1) Auteur de l’ouvrage Les Passages couverts en France, 1989, Délégation à l’action artistique de la Ville de Paris.

Légende photo

Etat des travaux de la galerie Vivienne au 23 août. © Photo : M. Boutges.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°462 du 2 septembre 2016, avec le titre suivant : Galerie Vivienne, une verrière trop claire

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