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Salon

Laura Mitterrand, directrice exécutive de la foire Independent

«Â C’est une foire pour les galeries faite par des galeristes »

Par Frédéric Bonnet · Le Journal des Arts

Le 1 mars 2016 - 754 mots

BRUXELLES / BELGIQUE

Laura Mitterrand présente la foire new-yorkaise Independant, qui ouvre en avril une version bruxelloise.

Fondée en 2010 à New York par les galeristes Elizabeth Dee et Darren Flook, la foire Independent a dû quitter l’immeuble de Chelsea qu’elle occupait depuis et s’installe cette année dans le quartier de Tribeca. Elle créera en outre un second rendez-vous à Bruxelles au mois d’avril, pendant Art Brussels.

Pourquoi lancer une édition d’Independent à Bruxelles ?
Depuis quelques années déjà nous discutions avec Elizabeth Dee et Matthew Higgs [conseiller curatorial de la foire] de possibilités de la faire ailleurs. Nous avons évidemment pensé à Paris et Londres, mais rien n’avait vraiment de sens et Bruxelles est arrivée un peu par opportunité. Elizabeth a rencontré quelqu’un de la municipalité qui lui a proposé de louer un immeuble magnifique dans le centre-ville, puis nous nous sommes lancés. Entre-temps nous avons ouvert en septembre dernier un espace permanent rue de la Régence, dans un immeuble où sont regroupées beaucoup de galeries, dans lequel nous invitons des galeries à venir organiser des expositions.

Pourquoi le marché européen vous intéresse-t-il et pensez-vous qu’il y ait à Bruxelles plus de potentiel que dans une autre ville ?
Matthew Higgs et moi-même sommes européens et il y a déjà à Bruxelles une base de collectionneurs importante. De plus, nous avons vu l’opportunité pour les galeries américaines de faire une foire en Europe en dehors de Frieze et de la Fiac. Nous nous sommes dit également que pour les collectionneurs américains qui sont allés de nombreuses fois à Londres et Paris, Bruxelles était un lieu moins commun qui pourrait générer un certain intérêt. Et puis, il y a beaucoup d’activités à Gand ou Anvers. En plus de la foire, l’idée est aussi de créer tout un programme d’événements et de visites à Bruxelles et dans d’autres villes.

Vous pensez que des Américains, avec Independent, vont avoir envie d’aller à Bruxelles ?
Il y a déjà un grand intérêt et une sorte de frénésie médiatique autour de Bruxelles depuis quelques années, donc les Américains oui, mais aussi les Français, même si déjà beaucoup y vont, et les Anglais. Notre but est vraiment d’amener des collectionneurs internationaux sur place, car sinon nous ne ferons qu’une ou deux éditions et il ne sera pas possible de créer une foire qui dure sur la longueur en comptant juste sur la base de collectionneurs déjà présents sur place, qui sont très importants et voyagent beaucoup. Les collectionneurs belges nous ont beaucoup soutenus et ont été très enthousiasmés.

Depuis son lancement à New York en 2010, avez-vous voulu créer une foire avec une certaine identité ? Et souhaitez-vous retranscrire cela à Bruxelles ou bien faire quelque chose de différent ?
Nous aimerions en effet répliquer la formule new-yorkaise, qui est une foire pour les galeries faite par des galeristes, et qui est beaucoup plus adaptée aux besoins des galeries actuelles. Nous souhaitons aussi que ce soit un environnement qui fasse que les artistes aient envie de travailler et de faire des œuvres sur place ou pour la foire, comme cela a déjà été le cas à New York. Cette foire est plus une collaboration avec les galeries, il n’y a pas de processus de candidature : nous lançons des invitations nous-mêmes et les galeries ayant déjà participé aussi. C’est donc une espèce de système organique où l’on se parle et l’on décide ensemble. Et puis nous faisons des stands qui ne sont pas des cubes. Lorsque vous entrez dans l’espace, vous n’avez pas l’impression d’être dans une foire, bien que cela en soit une, mais plutôt dans une grande exposition avec une certaine énergie et un plan cohérent qui diffère chaque année.

Même si la scène bruxelloise et les collectionneurs belges sont actifs, croyez-vous que la place de Bruxelles puisse absorber deux foires ?
Nous allons voir, mais je pense que oui. De toute façon, je vois ça plutôt comme plus d’opportunités pour la ville de Bruxelles à ce moment-là. Cela va créer plus d’énergie, plus de visites, plus de présence internationale, que ce soient les visiteurs ou les galeries elles-mêmes, qui ne seraient pas venues et n’ont jamais fait Art Brussels auparavant, comme David Zwirner ou Gavin Brown par exemple. Art Brussels va changer de lieu et donc offrir un nouveau visage. C’est l’une des foires les plus anciennes, avec certes des galeries internationales, mais jusqu’à présent elle n’est pas parvenue à attirer de grosses pointures comme celles que je viens de nommer, qui sont pourtant des galeries que les Belges aiment, suivent et vont voir dans les autres foires.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°452 du 4 mars 2016, avec le titre suivant : Laura Mitterrand, directrice exécutive de la foire Independent

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